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Je cours. Mon souffle est haletant. J'essaye de me frayer un passage dans ces longs couloirs blancs.

Cela fait maintenant deux semaines que je suis mon programme de rééducation et que je guéris de mes blessures. Je savais que si je voulais sortir il fallait que je sois un minimum soigné.

Pendant ce temps, j'ai réfléchi à ce que je ferai lorsque je serai sorti. D'après le médecin, je serai envoyé dans un orphelinat lors de mon rétablissement, puisque mes parents ne sont plus là. Mais c'est hors de question. Je dois donc sortir avant.

Et j'en étais là, à courir dans les couloirs de l'hôpital à échapper aux infirmiers qui sont à ma poursuite. Qui aurait cru qu'en même pas deux semaines je puisse déjà courir. Personne, enfin à part moi. Pour l'instant je cours et me déplace avec une agilité que je ne connais pas. Entre les fauteuils, des brancards et des personnes, les couloirs sont des vrais parcours du combattant.

Il faut que je trouve l'ascenseur ou les escaliers. Si je me sauve de cet étage, je suis en partie libre. Personne ne me connait, en dehors de ma zone, et je pourrai donc marcher tranquillement, toujours en vérifiant derrière moi si les infirmiers ne m'auraient pas retrouvé. Puis j'irai dans une salle de repos des médecins et je prendrai quelques vêtements et comme ça je sortirai facilement.

Mais déjà il faut que je trouve l'un des deux. Je ne savais pas que cet étage est si grand. Je sens que je commence à perdre de l'énergie, et ça se voit sur mes mouvements, je ralentis. Mais ce n'est pas le moment de flancher, il faut que je sorte d'ici. Je vois de plus en plus la distance entre le personnel et moi se rétrécir. C'est alors que j'aperçois l'ascenseur au bout du couloir dans lequel je viens de tourner. Ses portes s'ouvrent petit à petit et c'est à ce moment que je fais le sprint de ma vie pour ne pas le rater. Sinon c'est retour à la case départ.

J'y suis arrivé. Le vielle homme qui était à l'intérieur a appuyé sur le bouton pour laisser les portes ouvertes plus longtemps. Mais directement après mon entrée, j'ai appuyé sur le bouton inverse.

J'étais sorti de ma zone. J'avais réussi. Je me mis dans un fou rire et à cause de celui-ci, l'homme qui est avec moi s'éloigne et sort à l'étage du dessous. Personnellement je descends au rez-de-chaussée, c'est-à-dire trois étages plus bas.

Les portes s'ouvrent enfin sur deux infirmières. Elles me regardent surprises, sans doute à cause de ma blouse d'hôpital que je n'ai d'ailleurs pas quitter durant ces deux semaines sauf pour la rééducation. Je leurs fait un sourire qui se veut charmant mais qui est plus fou qu'autre chose, et pars en marchant tranquillement et naturellement. La salle de repos est juste au bout du couloir. Je marche sereinement en regardant fixement mon objectif. Je veux rire, mais je me retiens de toute mes forces car je sais que les personnes autour de moi vont se douter de quelque chose.

Ça y est. Après une minute vingt-sept, j'arrive à destination. Je toque puis attends, sachant pertinemment qu'il y a toujours quelqu'un dans la salle de repos. C'est une femme qui vient m'ouvrir. Elle a l'air un peu perturbé en me voyant mais aborde un grand sourire.

"C'est pour quoi ?"

J'essaye de lui rendre son sourire le plus naturellement possible et regarde sa carte. Dr Ohsumi, chirurgienne pédiatrique.

"Oh bon-bonjour docteur.... On vous appelle au bloc... C'est une urgence..."

J'essaye d'être le plus timide possible et de ne pas la regarder dans les yeux. Ma voix était assez faible mais assez audible pour parvenir à ses oreilles pointues.

"Oh je vois, merci mon petit. Tu dois être essoufflé, va te reposer dans ta chambre d'accord ?"

"D-d'accord docteur."

Elle pose une main sur mon crane, me fait un sourire et part enfin. Je rentre donc dans la salle en faisant bien attention à ce que personne ne me voit. Il y a une table centrale avec quelques ordinateurs, une petite cuisine bien équipée, un grand canapé et deux portes. L'une doit contenir les lits et l'autre une salle de bain. Mais ce que je cherche ce sont les casiers. Ils sont juste à côté de la porte d'entrée. Je regarde dans la plupart d'entre eux en cherchant des vêtements de rechange.

Enfin trouvé. Bien sûr il faillait que les seuls vêtements qu'il y avait soient dans le dernier casier. Ils ont l'air un peu grand pour ma taille mais ça devrait convenir. Un jean bleu, un haut blanc et un gilet à capuche noir, tout dans la simplicité. Après les avoir mis, je me rends contre qu'ils sont enfin de compte à ma taille. J'ai peut-être pris un petit centimètre durant ma convalescence. Je prends une blouse munit stéthoscope qui est attaché aux portes manteaux, des lunettes qui sont posées sur la table et sors de cette pièce silencieuse.

Je marche vers la sortie tout en disant bonjours aux personnes que je croise pour ne pas paraître trop suspect, enfin j'espère. Plus je me rapproche de la sortie plus je marche rapidement. A trois mètres de la porte je suis presque en train de courir. Comme si c'était une sortie de prison.

La porte automatique s'ouvre, je peux sentir l'air frais du dehors. Je suis enfin sortie de cet enfer d'hôpital. Plus jamais je n'y retournerais. Voir ces gens te sourire et te dire que tout va bien, faire comme si que le monde était rose et que tout est parfait, ça me donne envie de vomir franchement. La vie n'est pas si parfaite que ça. Quelle bande d'hypocrite avec leur sourire d'hypocrite et leur façon de penser hypocrite.

J'enlève la blouse et la met dans la poubelle la plus proche. Je casse les verres des lunettes avec mon pied et prend la monture. Peut-être qu'elle me servira.

En tout cas,

 j'étais enfin sorti.

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1017 mots

UselessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant