Mensonge [Hikari]

08

Lorsque la sonnerie de fin des cours retentit le vendredi, Félix en était toujours à "techniquement prêt/boule de nerfs", et le fait que Ryan ait dit à Moustique qu'il était nerveux ne l'avait pas aidé. Il rangea ses affaires en un clin d'œil, et suivit son voisin en donnant l'impression qu'il rentrait chez lui sans le voir. Ryan l'entraîna dans un bus qui desservait le centre ville, rempli d'élèves et d'étudiants, et Félix dut lutter pour trouver un espace à peu près sûr pour ne pas se faire bousculer l'épaule droite toujours en rémission. Ryan se plaça à sa droite, fusillant du regard ceux qui s'approchaient trop près, et la technique fonctionna jusqu'à ce qu'ils descendent pour prendre un autre bus, la même ligne qui passait au skatepark, mais Félix était censé l'ignorer. Ce trajet fut plus problématique, et le garçon blond fit du mieux qu'il put pour empêcher les gens de bousculer son camarade. Finalement, tout en ayant l'air de ne clairement pas aimer ce qu'il faisait, il coinça le brun entre une paroi et son bras tendu, face à lui pour encaisser les bousculades. Un peu trop près au goût de Félix, qui vit nettement des gens chuchoter en les montrant du doigt, mais un coup de frein du conducteur lui prouva que la méthode, si désagréable soit-elle, fonctionnait. Ryan plia le coude, poussé par plusieurs personnes, se retrouvant à quelques millimètres de son camarade et banda ses muscles pour les repousser, tentant au maximum d'éviter de le toucher. Finalement, ils parvinrent à l'arrêt juste avant le skatepark, et ils descendirent, avec une fatigue psychologique monumentale.
Ryan se dirigea sans un mot vers une résidence où les bâtiments ne dépassaient pas trois étages, et sortit un badge de sa poche pour déverrouiller le portail automatique. Félix tentait de ne pas regarder autour de lui avec des yeux ronds, mais échoua lamentablement. Des fontaines glougloutaient paisiblement, un gardien dans sa loge salua Ryan en détaillant le garçon brun comme s'il pouvait vérifier à travers ses vêtements qu'il n'avait aucune arme à feu, et Félix s'empressa de suivre son voisin de classe au travers du hall décoré de murs végétaux sans qu'aucune feuille ou autre débris ne jonche le sol. Le garçon brun se demanda dans quelle mesure Ryan avait trouvé leur maison défraîchie et leur jardin complètement à l'abandon, à l'opposé de l'environnement dans lequel il vivait. Le garçon blond l'attendait patiemment devant l'un des trois ascenseurs, et glissa un autre badge contre la plaque où seuls les niveaux souterrains étaient indiqués. Les portes se refermèrent dès qu'il eût lâché le bouton, et il sembla à Félix qu'ils n'avaient passé qu'un étage avant que l'ascenseur ne s'arrête. Les portes s'ouvrirent sur un couloir quasiment à l'air libre, couvert de ce qui semblait être un plafond en verre parfaitement nettoyé.

- Y'a que nous à cet étage, expliqua Ryan, c'est pour ça qu'il faut un badge pour monter ici. Après toi.

Il avait déverrouillé la porte pendant que l'attention de son camarade était restée fixée sur le plafond, et lui fit signe d'entrer. L'appartement, en duplex, était vaste, lumineux, avec une décoration très épurée, et Félix finit par considérer qu'il était froid et vide. Une petite fontaine se déversait dans un bassin, où nageaient paisiblement des poissons multicolores, et un chat noir se leva prestement du canapé en cuir blanc impeccable pour venir se frotter sur les jambes du garçon blond. Il se baissa pour le ramasser, retira ses chaussures sans les mains et les repoussa dans une case au ras du sol à son nom avant d'enfiler des claquettes.

- Mon père ne veut pas de chaussures dans la maison, je dois avoir une autre paire si ça t'embête de marcher en chaussettes. Je trouve ça débile, vu qu'ils payent un agent de nettoyage tous les jours, mais bon... Tu peux les laisser dans l'entrée, ou les mettre avec les miennes, comme tu veux.

- Oh, d'accord. Il est beau ton chat.

- C'est celui de ma sœur, ils ont jamais voulu que j'aie un animal, mais elle s'en occupe jamais... Tu veux boire ou manger un truc ?