Chapitre 3

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Paniquée, je cherchai du regard un objet quelconque, quelque chose de coupant. Il était peut-être encore temps de le sauver !

J'attrapai un coupe-papier dans un pot à crayons et montai sur le tabouret.

- Allez, allez, suppliai-je en tailladant la corde.

Le corps de l'homme tomba au sol lourdement et je croisai les doigts pour qu'il ne se soit rien cassé. Il était inconscient mais son corps était encore chaud.

- Monsieur ? Monsieur, réveillez-vous, s'il vous plaît !

En prenant son visage entre mes mains, j'ai pu constater trois choses. La première, il avait une peau incroyablement douce. Ensuite, il ne semblait guère beaucoup plus âgé que moi et enfin : Il était beau comme un dieu. Troublée, je tentai de me remémorer mes heures de secourisme au lycée.

- Monsieur ? Dites, si vous m'entendez, faites-moi un signe je vous en prie !

Il resta inerte. Je vidai mon sac sur le sol pour prendre mon portable et appeler les secours, malheureusement la batterie était déchargée. Le sort s'acharnait contre moi !

- Bon. Aux grands maux les grands remèdes.

Dans les films, les claques fonctionnaient presque toujours. C'était le moment d'essayer.

Cela ne manqua pas. Le beau brun se réveilla en sursaut, révélant des yeux gris-vert... comme les miens. Je me penchai sur lui en haussant les sourcils. Il inspirait et expirait bruyamment.

- Comment vous sentez-vous ?

Un sanglot lui échappa et des larmes roulèrent sur ses joues.

- Pardonnez-moi, pardonnez-moi, pleura-t-il.

Sous le choc, je le pris dans mes bras et il se laissa aller. Qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il en vienne à vouloir mourir ?

Je lui caressai le dos avec ma paume et l'homme s'écarta lentement de moi après quelques secondes en s'essuyant les yeux. Il s'adossa contre le mur et baissa la tête. Je posai une main sur son épaule.

- Tout va s'arranger, vous verrez...

- J'en doute, me coupa-t-il en se tenant la gorge. J'ai commis un acte impardonnable.

- On fait tous des erreurs. Racontez-moi ce qui s'est passé et je pourrais peut-être vous aider à surmonter tout ça.

- C'est impossible. J'ai... j'ai pris quelque chose qui ne m'appartenait pas et je dois en payer le prix !

Il serra le poing si fort que ses jointures blanchirent.

- Je sais que pour l'instant ce n'est pas facile à entendre mais vous n'êtes pas quelqu'un de mauvais, je le sens. Quoi que vous ayez pris, votre vie n'est pas un moyen de paiement.

- Vous ne me connaissez même pas, objecta-t-il en secouant la tête.

- Croyez-moi, vous méritez une seconde chance si vous éprouvez un repentir sincère pour ce que vous avez fait. Je suis arrivée dans votre boutique par hasard et je vous ai sauvé, c'est un signe du destin, non ?

Ma réflexion le fit sourire. Je lui fis un clin d'œil.

- Je m'appelle Léo. Et vous ? demanda-t-il.

- Moi aussi.

J'éclatai de rire devant son regard surpris.

- Léona, pour être exacte, ajoutai-je.

Il posa alors sa main sur la mienne.

- Je vous remercie de tout cœur, Léona. Surgir de nulle part comme ça... Vous êtes un ange.

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