Anomalies

Chapitre 14

La cellule de mon fiancé se trouvait au sixième sous-sol. J'étouffai un sanglot en constatant dans quelles conditions Octave le gardait prisonnier. Sa geôle était en tout point identique à la mienne mais il n'y avait pas de lit, Léo dormait à même le sol. Des chaînes en métal entravaient ses poignets.

Des larmes coulèrent sur mes joues sans que je puisse les retenir et je donnai des coups de poings sur la vitre comme une furie.

- Léo ! Léo !

Alex posa sa main sur mon épaule.

- Léona, calmez-vous.

Je me dégageai de lui avec brutalité. Une boule énorme m'obstruait la gorge. Alex se recula, se remémorant sans doute mon altercation avec Barbara quelques semaines plus tôt.

- Comment pouvez-vous laisser Octave traiter ainsi son propre fils ?!

Il évita mon regard.

- N'oubliez pas que je suis de votre côté, Léona. Seulement, votre... fiancé est accusé de meurtres. Il est donc nécessaire de...

- Cela justifie ces conditions de détention exécrables ? le coupai-je, cinglante.

Il ne répondit rien mais passa une carte magnétique dans la fente entre le mur et la porte qui se déverrouilla aussitôt.

- Léo !

Je me précipitai sur lui pour le réveiller et recommençai à pleurer en remarquant qu'il n'avait que la peau sur les os et qu'il était pâle comme la mort. Il ouvrit les yeux avec peine.

- Léona ? souffla-t-il d'une voix faible.

Je collai mon front contre le sien.

- Je suis là.

Il se redressa pour s'asseoir contre le mur du fond.

- Comment te sens-tu, Nava ?

- Ce serait plutôt à moi de te poser la question, souris-je à travers mes larmes.

Je plaquai mes lèvres sur les siennes.

- Je n'arrive pas à croire que je puisse enfin te tenir dans mes bras, tu m'as tellement manqué ! J'ai rêvé de toi la nuit derrière.

- Ah oui ?

- En fait, c'était plutôt un souvenir. Qu'importe, je suis venue pour te sortir de cette cage. Je vais prouver ton innocence mais il faut d'abord que tu répondes à quelques questions...

Alors, il inspira profondément en fermant les yeux.

- Je suis coupable, Léona.

Je fronçai les sourcils.

C'est impossible, Léo. Tu as dû mal comprendre, murmura une voix dans ma tête.

Je me tournai vers Alex, qui n'avait pas franchi le pas de la porte. Je vis à son expression stupéfaite qu'il avait compris exactement la même chose que moi.

Je secouai la tête vigoureusement.

- Tu es parfaitement incapable de faire du mal à qui que ce soit, Léo. Je te connais mieux que moi-même, tu... tu n'es pas un meurtrier.

Il baissa les yeux et je me relevai.

- Octave t'a fait un lavage de cerveau et il a fabriqué de fausses preuves, il n'y a pas d'autre solution !

- Arrête, Léona.

- C'est insensé !

- C'est pourtant la vérité.