Chapitre 17

10 3 0
                                    

Je repris doucement connaissance, désorientée et avec un mal de crâne mémorable. Je clignai plusieurs fois des paupières pour adapter mes yeux à la luminosité ambiante. J'étais dans le bureau d'Octave, assise sur une chaise inconfortable. Lui se tenait face à la baie vitrée, les mains croisées derrière le dos et comme plongé dans une intense réflexion.

- Heureuse de vous revoir, vieillard, ironisai-je.

Il se retourna vers moi, l'air grave.

- Tu sais que tu ne peux rien me cacher, Léona. Je rêve de toi depuis des années.

- Et cela vous donne le droit d'envoyer votre gorille me kidnapper chez moi ?

- Son rôle était de t'escorter jusqu'à moi. J'ignorais qu'il s'y prendrait de cette manière.

Je soupirai, n'en croyant pas un mot.

- Peu importe. Pourquoi je suis là au juste ?

Il garda le silence pendant quelques secondes comme pour ménager un peu de suspense.

- J'ai rêvé de ton fils, Léona. William.

Je haussai les sourcils, soudain intéressée.

- Ah oui ? Que faisait-il ?

- Il nous détruisait. Tous sans exception. Un vrai carnage.

Je bondis de ma chaise.

- Vous mentez !

Il ne me quitta pas des yeux tandis qu'il s'asseyait dans son fauteuil.

- Si tu laisses ton fils vivre, Léona, son côté animal finira par prendre le dessus et il nous tuera tous. Tu ne peux pas laisser faire ça.

- Vous voudriez que je tue mon enfant sous prétexte que vous avez fait un rêve ?!

J'avais envie de l'étrangler.

- Il ne s'agit pas que de cela. Will est à moitié lion, pense à son avenir. Tu ne pourras pas l'inscrire à l'école avec les autres enfants, par exemple. Il ne pourra pas sortir en plein jour ni travailler... Lorsqu'il te posera des questions sur son père que lui diras-tu ?

Je fronçai les sourcils, lèvres pincées, refusant d'admettre qu'il avait raison. Bien sûr, j'y avais déjà réfléchi mais sans parvenir à trouver aucun arrangement.

- C'est vrai que la différence n'a pas sa place dans un monde comme le nôtre, rétorquai-je finalement, acerbe.

Octave haussa les épaules.

- J'ai une alternative à te proposer...

- Je vous écoute.

Je me fis violence pour ne pas rajouter « vieillard ».

- Confie William à la clinique dès sa naissance. Je prendrai en charge tout ce dont il aura besoin. Sa vie sera aussi normale que possible.

- Après tout le mal que vous m'avez fait pourquoi devrais-je vous faire confiance ? Vous seriez bien capable de faire de mon fils un rat de laboratoire.

- Ce n'était qu'une proposition, Léona. Libre à toi de la refuser.

- Et vous laissez tuer mon fils ? Hors de question. Je suis bien obligée d'accepter. Qu'attendez-vous de moi en échange ?

Un sourire étira les lèvres du Patron et je serrai les poings, agacée.

- Vous n'êtes pas le genre d'homme à faire une bonne action simplement par bonté de cœur alors dites-moi ce que vous voulez en retour.

AnomaliesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant