Anomalies

Chapitre 15

- Léona, sors de cette chambre !

Ma mère tambourinait à la porte depuis bientôt une demi-heure mais je ne bougeais pas le petit doigt, la tête sous l'oreiller. J'ouvris tout de même un œil pour regarder mon réveil. Il n'était pas encore midi.

- Léona ! Si tu continues cette comédie, je vais appeler Octave !

J'éclatai de rire et manquai m'étouffer sous l'oreiller. Que pouvais-je craindre de plus de ce vieillard qui avait brisé ma vie ?

- Tu comptes te laisser mourir de faim encore combien de temps ?

C'était la voix de Brandon.

- Oh oh... murmurai-je, l'imaginant déjà l'arme au poing.

L'espace d'un instant, j'envisageai de me lever... avant de me raviser. Il n'avait qu'à tirer dans ma porte si cela l'amusait.

- Léona, ouvre.

- Tu devrais être content, Brandon. Tu n'as plus à supporter ma tête.

Il grogna quelque chose que je ne compris pas et avant que le silence ne retombe quelqu'un frappa à la porte d'entrée.

- J'y vais.

Ma mère s'éloigna. Le bruit de ses talons aiguilles résonnait dans toute la maison.

Brandon lâcha un rire sardonique.

- Si c'est le Patron, je ne donne pas chère de ta peau, petite sœur. Tu vas retourner en cellule.

Bien qu'il ne puisse pas me voir, je haussai les épaules. J'avais perdu tout espoir d'un avenir radieux, ce qu'Octave comptait faire de moi n'avait plus aucune importance.

- Léona ?

J'écarquillai les yeux. Mon ouïe me jouait sûrement des tours.

- Léona, c'est moi. Alex.

Inutile de le préciser, je t'ai reconnu, rétorquai-je en pensée.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

L'avais-je tutoyé la dernière fois que nous nous étions vus ? Je ne m'en rappelais pas.

- Je suis venu voir comment vous... comment tu vas.

Hum.

- Tu entends ça, Léo ? Le Saint vient prendre de tes nouvelles.

- Je vais bien, répondis-je, plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

- Pouvons-nous discuter en face-à-face ?

Avais-je une raison de refuser ? Non. Alex s'était montré attentionné avec moi dès le départ.

- Seulement si Brandon s'en va, répliquai-je.

J'attendis qu'il s'éloigne et avec un soupir à fendre l'âme, je me glissai hors du lit pour aller déverrouiller la porte.

- Bonjour, Alex.

Je tirai sur le bas de ma chemise de nuit et posai un pied dans la cuisine. Comme il n'y avait personne en vue, j'en profitai pour prendre une barquette dans le réfrigérateur. L'infirmier entra dans mon sanctuaire et je le suivis avant de refermer la porte derrière moi.

- Ta chambre est telle que je l'imaginais. Des disques du sol au plafond.

Je haussai les épaules.

- C'est le minimum pour une chanteuse. Je voulais apprendre à jouer de la guitare mais je n'ai pas les moyens et... je n'ai plus envie de toute manière.