Une semaine est passée et une nouvelle recommence, spirale infernale d'une routine ennuyante.Aujourd'hui je me suis réveillée en retard... les mauvaises habitudes reprennent ! Mais c'était la première fois depuis tant d'années que je me réveillait aussi tard. Habituellement,maman venait me réveiller en criant (ce que je détestais) et en me secouant pour que je me lève. Elle détestait que j'arrive en retard, et voulait toujours arriver en avance partout où elle allait. Moi, personnellement, ça ne me dérangeais pas plus que ça,malgré le fait qu'il fallait que je rattrape les cours par la suite.
Je me suis donc réveillée à 9 heures, alors que je devais commencer les cours à 8 heures... D'abord la première chose qui m'a beaucoup étonné était le fait que je me sois réveillée totalement effrayée, puis en regardant mon réveil,j'ai réalisé que maman n'était pas venue me réveiller. Deux choses étranges, mais bon au final, peut-être qu'après avoir essayé pendant plusieurs minutes, maman a fini par lâcher l'affaire. Je me suis préparée en vitesse puis j'ai foncé dans la cuisine pour prendre 2 tranches de pain et partir en vélo. De base,maman m'aurait emmené en voiture, en prenant le risque d'arriver en retard à son propre travail. Mais aujourd'hui, elle était déjà partie.
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Alors j'ai pédalé en vitesse maximale jusqu'au lycée, mais malgré mes efforts, je suis arrivé à 10 heures devant l'entrée. Déjà deux cours étaient passés et je n'avais aucune excuse valable. Alors j'ai fini par dire à la direction que j'avais eu un problème de voiture, et ils m'ont rempli un billet de retard. C'est fou à quel point parfois, les adultes aussi peuvent être naifs. C'était la récréation donc j'ai pu reprendre la suite des cours habituels. Tant mieux, car je déteste arriver en plein milieu d'un cours. Tous les regards se posent sur toi, tandis que tu essayes de t'expliquer avec le professeur. J'avais cours de physique chimie, mais, je ne sais pas pourquoi, j'étais encore angoissée. Maman était partie au travail sans me réveiller ni laisser un mot. Elle n'avait même pas déjeuné car sa tasse habituelle, dans laquelle elle boit son café tous les matins et qu'elle pose à chaque fois dans l'évier était restée dans le meuble. Oui, c'est vrai que c'est idiot de psychoter, mais ça ne lui ressemblait pas. J'ai tenté de me calmer, mais rien ne passait. Alors, j'ai commencé à dessiner, comme je le fait quand je m'ennuie. J'ai dessiné des cercles, des ovales, des traits... Je ne savais pourquoi en particulier ces formes, mais ma main les dessinaient comme automatiquement. Soudain, il y eu un silence dans la classe, assourdissant et angoissant. Plus personne ne parlait, pas même le professeur, Monsieur Vichy. J'ai alors levé la tête avant de découvrir que celui-ci était face à moi, et me regardait droit dans les yeux. Toute la classe était en train de me fixer. J'ai senti mes mains devenir moites et mes joues écarlates. Puis, le professeur a alors brisé le silence :
- Eli, comme je vois que vous semblez prendre du plaisir à écouter le cours, pourriez-vous me citer les noms des 6 gaz nobles que nous venons d'étudier ?
J'ai regardé la page de mon cahier, comme si il y avait la réponse dedans (je n'avais pas écris dedans depuis les cinq premières minutes du cours). J'ai ensuite fixé le tableau, et comme la chance n'arrive qu'aux autres, le professeur l'avait déjà effacé. J'ai commencé à rougir encore plus et à sentir l'impatience dans les regards des autres. Je déteste la physique chimie.
Au bout de quelques secondes, j'ai fini par balbutier :- Je ne sais pas monsieur.
Monsieur Vichy a levé les yeux au ciel tout en soupirant et a fini par dire :
- Bien, la prochaine fois je vous mettrai en retenue. Quelqu'un a la réponse ?
Les regards ont naturellement disparu peu à peu face à l'annonce de cette nouvelle question et un élève a répondu. Je suis retournée dans mes pensées, en faisant semblant d'écouter le cours, car je sentais encore la pression dans l'atmosphère peser sur moi. Je savais que si je me remettais à dessiner, Mr Vichi le verrait directement.
J'ai senti pendant les minutes qui suivaient l'intervention du prof, un regard qui ne cessait pas de me fixer, tandis que tous les autres avaient déjà repris part au cours. J'ai tourné la tête en sa direction et j'ai croisé le regard d'un garçon, que je n'avais jamais vu auparavant et dont j'ignorais le prénom.
Il paraissait comme tous les autres garçons du lycée, cheveux courts et ébouriffés, sweat trop large et jean basique, bref un gars parmi tant d'autres.
En voyant que je le fixais aussi, il a tourné le regard. Il a semblé déstabilisé.Il devait probablement être nouveau car, bien que je ne parle à personne dans ma classe, je les connaissais tous, du moins je savais le nom de chacun et à quoi ils ressemblaient.
********************************************************************************J'ai quitté les cours à 18 heures, et en arrivant sur le parking, toujours aucune trace de maman. Pas sa voiture ni même elle qui m'attendait toujours au même endroit. J'ai fais le tour du parking une bonne dizaine de fois et à ma plus grande déception, elle n'était toujours pas là.
J'ai fini par attendre dans le petit parc à côté de l'entrée du lycée jusque 19 heures. J'ai envoyé le trentième message depuis ce matin. Ils étaient courts, mais nombreux, je ne faisais que lui poser la même question en boucle : t'es où ?
Plus les heures passaient,plus les messages étaient nombreux. J'avais peur, j'appréhendais le pire. Depuis ce matin je n'avais aucune nouvelle d'elle.
************************************************************************Il est maintenant 19 heures et je suis toujours assise dans le petit parc. Toutes les voitures du parking ont disparu, et on n'entend plus que le chant des oiseaux autours, et quelques cris et rires lointains des enfants jouant dans les rues de Paris. J'ai appelé un nouvelle fois maman et je suis à nouveau tombée sur sa messagerie. J'ai laissé un message sur sa boite vocale et j'ai commencé à sentir les larmes monter.
10 heures. Ca faisait déjà 10 heures que je n'avais plus de nouvelles d'elle. Malheureusement,je ne pouvais pas appeler le reste de ma famille, car on n'avait plus de contacts avec eux depuis déjà plusieurs années. Disputes familiales... J'étais seule. En temps normal, j'aime être seule,j'aurai même envie de dire que c'est une routine pour moi. Et ça ne me dérange pas. Mais désormais j'étais dans une solitude que je n'avais jamais connu auparavant, seule comme je ne l'ai jamais été. Avant, j'étais seule au lycée. Maintenant je craignais d'être seule aussi chez moi.
Un million de questions tournaient dans ma tête, et j'ai fini par prendre mon vélo et repartir à la maison. Sur le chemin du retour, j'ai croisé devant l'épicerie du coin, le même garçon que tout à l'heure. Il m'a à nouveau fixé. Il fronçait les sourcils, et je ne sais pas si il faisait cela parce qu'il voulait me dévisager ou juste parce que c'était les rayons du soleil qui l'aveuglaient . J'ai continué mon chemin, et cette fois-ci, il n'a pas baissé les yeux, il a simplement continué de me fixer jusqu'à ce que je tourne à l'intersection.Il était étrange, mais bon, j'ai fini par me dire qu'il serait probablement comme beaucoup de personnes que j'ai rencontré, il me remarquera pendant plusieurs jours, puis il se fera des nouveaux amis, et il finira comme tous les autres, par oublier ma présence.
Bref,j'ai continué mon chemin, intriguée et perturbée par les milliers de questions qui me traversaient l'esprit. J'avais peur, terriblement peur. J'imaginais le pire.En rentrant à la maison, je me suis allongée dans le canapé, et j'ai pleuré. Elle n'était toujours pas rentrée. C'était l'une des journées les plus étranges et les plus tristes de ma vie. J'ai fixé le plafond, vide de pensées, comme si les larmes qui avaient coulées avaient chassé les mauvaises ondes, et je me suis endormie.
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ALONE
General FictionIl y a maintenant six ans, Eli habitait 6 Baden-Powell Street dans un petit quartier de Londres, avec sa mère et son père qui s'aimaient plus que tout au monde. Mais, comme la vie ne fait souvent pas de cadeaux, ce dernier est décédé, alors qu'elle...