J'ai passé la nuit à tenter de comprendre pourquoi je me souvenais de ma mère et de Léa, alors que Nolan les avait comme effacées de sa mémoire. Et j'ai fini par penser que je devenais folle. Peut-être que je n'avais fait qu'imaginer tout cela ?
Mon esprit m'a ramené à la réalité en une fraction de secondes, tandis que j'étais assise sur le rebord de mon lit. Il était neuf heures du matin, et contrairement à hier, le temps au dehors était ensoleillé.
Des pas pressés se faisaient entendre depuis le couloir. La porte de ma chambre s'est soudainement ouverte à la volée, et Nolan est entré précipitamment.
- Qu'est ce qu'il se passe ? , ai-je dit en me frottant les yeux.
- Habille toi et rejoins moi dans le salon dans cinq minutes, a t-il dit comme si il récitait un texte qu'il avait appris par coeur.
- Pourquoi ?, ai-je renchéri.
Il n'a pas répondu et est reparti avec la même rapidité avec laquelle il est arrivé. Je me suis alors levée de mon lit, j'ai enfilé mon sweat shirt, mon jean et mes baskets et je suis partie en direction du salon, sans même prendre le temps de me démêler les cheveux.
Nolan était assis sur le canapé, les bras croisés et l'air anxieux.
- Alors, tu comptes m'expliquer ce qu'il se passe maintenant ? , ai-je demandé.
Il s'est levé et s'est approché de moi.
- Eli, je crois savoir comment trouver l'adresse de Ted Windelberg.
J'ai ouvert les yeux en grands, pour témoigner de mon étonnement. Au moment où je m'apprêtais à parler, il a finalement dit :- Mais il faut qu'on fasse vite. Ca va bientôt fermer.
- Où est ce qu'on va aller ?, ai-je dit tandis qu'il se dirigeait vers la porte d'entrée.
- C'est trop long, je t'expliquerai sur le chemin, a t-il déclaré.
Je lui ai pris le poignet, et j'ai senti dans son regard un sentiment de terreur, le même que celui qu'il avait éprouvé hier. Il s'est tourné vers moi, et a balbutié :
- Tu fais quoi ?
- Avant, je veux juste vérifier quelque chose.
- Eli on a pas le temps !, a t-il crié. Ca ferme à midi !
- On en aura pas pour longtemps, c'est promis, ai-je répondu d'une voix calme.
Il m'a suivi en soupirant jusqu'à la chambre de ma mère.
- Qu'est ce que tu voulais vérifier ?, a t-il demandé en franchissant le seuil de la porte.
Cela faisait plusieurs semaines que je n'étais pas allée dans la chambre de ma mère. Rien n'avait changé depuis : le lit était défait, quelques vêtements étaient éparpillés par terre et son armoire était remplie entièrement. Un tube de crème hydratante traînait sur sa table de chevet et un rouge à lèvres était resté ouvert. Deux paires s'escarpins étaient posés devant son armoire. Un tableau représentant un paysage enneigé était accroché au dessus de son lit. Sur son autre table de chevet était disposé un cadre doré où mon père, ma mère et moi (bébé à ce moment là) souriions tous les trois, avec pour fond une petite fontaine. C'était probablement à un mariage.
Nolan m'a regardé en fronçant les sourcils :
- Qu'est ce qu'on fait ici ?
- C'est la chambre de ma mère, ai-je dit d'un ton sombre.
- Oh...
Après quelques secondes de silence, j'ai fini par dire :
- Je voulais savoir si tu étais capable de voir tout ce que je vois.
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ALONE
Narrativa generaleIl y a maintenant six ans, Eli habitait 6 Baden-Powell Street dans un petit quartier de Londres, avec sa mère et son père qui s'aimaient plus que tout au monde. Mais, comme la vie ne fait souvent pas de cadeaux, ce dernier est décédé, alors qu'elle...