First, Reunion [ Tome 1 ]

Chapitre 83.

Je contemple notre photo, émerveillée. Malgré ses protestations Hero a accepté que l'on fasse cette photo ensemble et je suis très vraiment heureuse. J'espère que ce ne sera pas la dernière car j'éprouve le besoin de rattraper le temps où je nous imaginais suffisamment proche pour faire cela.

D'un autre côté, je comprends ses réticences, je n'ai jamais été une grande amatrice de photos non plus. C'était un constant rappel de ma différence avec les autres et ça me déprimait, mais aujourd'hui je n'ai plus la même perception des choses et bien que ce ne sera jamais une passion, faire une petite selfie de temps en temps ne me pose aucun problème.

Tout est possible alors je suis convaincue qu'Hero arrivera à changer les mauvais côtés de sa personnalité tout comme son aversion pour les photos.

- J'ai l'air bizarre "dit-il les yeux rivés sur le cliché"

Je roule des yeux et nous rentrons dans la maison pour finir notre repas. La tension entre nous est retombée et j'accueille cette tranquillité les bras ouverts. Une fois que nous avons fini de manger, je m'occupe de la vaisselle puis retourne m'asseoir sur le sofa. Mon téléphone en main, je souris comme une gamine en scrutant notre image dans ma galerie. Hero vient s'installer auprès de moi et ricane devant mon air énamouré.

- Tu vas regarder cette photo encore combien de temps ?

- Le temps qu'il faudra « répliquais-je avec malice »

- Qu'est-ce que vous avez tous avec vos délires de photos ? D'un autre côté, je devrais être rassuré après tout c'est toi qui es obligé de supporter ma tronche toute la journée. Pas moi.

Sans réfléchir, je grimpe sur ses genoux et passe la main dans ses cheveux.

- Hero je pourrais te regarder du matin au soir sans jamais m'arrêter.

Il a un rire triste et ironique qui me fait mal au cœur.

- Ouais, vous les filles vous aimez les beaux mecs, mais ce n'est qu'un beau visage « dit-il en détournant le regard »

- Justement non, tu es beaucoup plus que ça, tu es un homme bien et je le sais depuis que je t'ai vu te battre pour Mika sous ce pont. C'est depuis ce jour-là que je suis tombé amoureuse de toi.

Il tourne la tête vers moi, sans voix, alors je continue mon récit.

- C'était lors de notre année de cinquième, je me suis retrouvée là par hasard mais j'ai assisté à toute la scène. Tu n'as pas hésité à venir à son secours au risque de te faire tabasser. Ta loyauté envers lui m'a profondément émue, tu as laissé cette bande de voyou te cogner sans résister parce que tu es un homme bien et que tu n'hésites pas à défendre et à protéger ceux que tu aimes. C'est à ce moment-là que j'ai compris qu'Hero Fiennes Tiffin n'était pas le Bad Boy des rumeurs, mais un grand incompris. L'incompris qui avait conquis mon cœur.

Hero me fixe les yeux exorbités. Il a besoin de temps pour digérer ce que je viens de lui dire. En y repensant, je ne lui avais pas encore dit comment j'étais tombé amoureuse de lui et me souvenir de cette journée me rends toute chose. Jusqu'à maintenant, personne à part moi n'est au courant de ce qui s'est passé et j'ai toujours trouvé ça excitant, comme si nous partagions un secret rien qu'à nous. Ce jour-là a marqué le commencement. Mon commencement. Après l'incident du pont je n'arrivais pas à me le sortir de la tête, j'étais comme obsédé par Hero et je ne comprenais pas pourquoi. Pas besoin d'être un génie pour deviner la raison.

À l'époque, mon unique préoccupation était ma colère et ma tristesse pour le manque de respect et de tolérance envers la différence car j'en payais les frais. Chaque jour était une souffrance, un enfer que je m'efforçais de subir la bouche fermée. Considéré comme une marginale (j'irais même jusqu'à employer le mot "paria") par mes camarades à cause de mes rondeurs et de ma personnalité réservée, je n'avais que faire de l'amour. Alors je ne ratais jamais une occasion de me moquer intérieurement de ces filles qui gloussaient comme des oies quand de beaux garçons leurs adressaient la parole. C'était incompréhensible pour l'extraterrestre que j'étais, mais en tombant amoureuse de mon bel anglais j'ai revu ma copie et arrêté de rire.