JAS153 Amorina Mia

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Ingratement armé de mon esprit trop lâche,
Jamais je n'oserai, sinon par l'écriture,
Avouer le secret honteux que mon cœur cache,
La blessure où planter des traits que l'on arrache
Et qu'on replante encore au prix de l'imposture :
Cette amour différente, et d'une autre nature.

En tentant vainement d'éloigner mes transports,
De les ensevelir au plus profond de moi
Je ne faisais hélas ! qu'attiser cet émoi
Et nourrir davantage un feu qui me dévore.
Affection funeste et tendresse infinie
Dans l'œil qui le confesse et la voix qui le nie.

Pieusement fidèle, au pied du clavecin,
Je déposai pour toi et la rose et le glaive ;
A peine eus-je esquissé les contours du dessin,
Que je sentis le trait se ficher en mon sein :
L'espoir déjà flétri, fit, au sortir du rêve,
La blessure moins grave et la chute plus brève.

Les lambeaux de mon cœur, en cendre entre tes doigts.
Se consument encor au feu qui me blessait,
Esclave volontaire aux implacables lois !
Je n'ai d'autres espoirs que rester près de toi,
Sans oser prononcer ces mots que moi seul sais :
Amorina Mia, te le dire en français.

Julia Anya Strauss 

Carmen AnyaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant