JAS182 Lux Matatina

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Lorsque deux effrontées, tout doucement, s'invitent,
La course du Soleil, bien après le zénith,
Venant, de ses rayons, troubler l'obscurité,
Instiller du présent dans notre éternité,
Veille sur un réveil dans les bras l'un de l'autre.
Puis on vient se lover, ou plutôt on se vautre,
Élégante splendeur dont nous sommes drapés !
Plateau sur les genoux au fond du canapé.
Quel bonheur de nous voir, et fût-ce une seconde,
De le sentir vibrer selon ta longueur d'onde,
Aux rythmes envoûtants des battements de pieds.
Alors d'un pas léger, je te vois t'éloigner,
Bravant chaque matin les eaux de la cascade.
Et lorsque tu reviens, opaline Naïade,
A l'ode composée tu viens donner le « la ».
Je peux, les yeux fermés, savoir que tu es là :
Tu sèmes au salon, laissant dans ton sillage,
Tempêtes de parfums, olfactives orages
Qui, tornades de fleurs, effluves embaumés,
Ravivent ma tendresse et mon désir d'aimer.
Je sens naître en mon sein, divine, enchanteresse,
L'éphémère vision d'une douce Princesse.
Alors, à pas de loups, je m'approche de toi
Et viens subtiliser ta pince entre mes doigts :
Tes protestations et ton rire angélique
Accompagnent l'instant d'une douce musique,
Violons esquissant les notes du rondeau
De tes cheveux d'airain cascadant dans ton dos,
Un Soleil que jamais je ne veux voir s'éteindre.
Je viens ceindre ton corps de mes bras, pour t'étreindre,
Te sentir plus présente et plus proche de moi,
Esclave volontaire aux implacables lois.
Même en si peu de temps, à tes côtés, j'appris,
A voir différemment les escalatori
Dont les trop hauts degrés provoquent tes transports,
L'angoisse de la chute et de l'âme et du corps.
Alors, pour t'amuser, je me suis fait taquin :
J'endossai, devant toi, un masque d'Arlequin,
Couvrant tes joues de mousse et troublant ta coiffure,
Canettes dans le dos et eau dans la figure.
Ton verbe, ton accent, ton chant, tes mots, ta voix,
Résonnent en mon sein comme un éclat de joie.
Qui l'eût cru ? Nous aussi, secret que l'on arrache,
Ainsi qu'un Cyrano, jurons par le panach(e) !
Survolant les concours, confiants en demain,
Nous nous sommes promis d'écrire à quatre mains,
D'explorer les secrets de nos plumes fécondes,
Et d'aller, pourquoi pas ? jusques au bout du monde.
J'ai confiance en toi, en moi, je crois en nous,
La force du serment qui, lentement, se noue.
Voilà que nous devons chasser à bout de souffle,
Des moustiques cruels à grands coups de pantoufles !
Lorsque, le soir venu, nous allons nous coucher,
Goûtant à ces instants au destin arrachés,
Je chante à ton balcon, Ô noble poétesse,
Comme si chaque note était une promesse :
Unir, en un toujours, Septentrion, Midi,
Au gré des va-et-vient de cette mélodie.
Et je lis : Wonderful.Today.The silent night
O Princess of my heart, please, let me be thy knight.
Une main sur ton ventre, et un bras sous ton cou :
Rien ne peut nous atteindre. Ainsi, ni mot, ni coup,
Jamais ô grand jamais, ne trouveront leur cible,
Tant que nous dormirons de ce sommeil paisible.
Toi, seule, as su dompter le Cœur et la Raison,
M'inviter à marcher vers d'autres horizons,
T'aimer comme jamais je n'ai aimé quiconque,
Ô suave Vénus qui, debout dans sa conque,
Illumine les cieux de ses rayons dorés.
Puissé-je défaillir sous tes regards ambrés !
En signes ou en sons, Delombre à la Lumière,
Je t'aime toi, toi seule, et toi toute entière.

Julia Anya Strauss

Carmen AnyaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant