J'ai très peu de souvenirs, parce que j'ai une mémoire de merde 😂, mais ceux que je garde sont très souvent des moments marquants. Par ordre chronologique, le premier souvenir qui me vient en tête est donc celui où j'ai déménagé de ma ville de naissance, et de mon arrivée en Bretagne.
J'avais 6 ans. C'était en juillet 2007.
À cet âge là, j'étais aussi proche de ma mère que de mon géniteur¹.
Ma mère avait démissionné de l'entreprise où elle bossait depuis près de 15 ans. Ma grand-mère et un ami à elle avaient prévenus ma mère qu'ils allaient venir nous voir à la maison, et ma mère avait sauté sur l'occasion pour leur demander de l'aider à déménager. Bien sûr, moi, je n'en savais rien. Elle a préféré ne rien me dire, comme si c'était une bonne idée.
Le jour venu, j'étais toute contente de voir ma grand-mère, que je ne voyais qu'une fois dans l'année, pendant l'été, puisque nous habitions à plus de 800km d'écart. Son ami Georges était très gentil lui aussi, alors c'était un peu comme mon grand-père "de rechange", mais pas trop quand même (mon grand-père est décédé en 1998, je ne l'ai malheureusement jamais connu). Il était gentil et me faisait des blagues pour que je rigole, et à 6 ans, ça suffit amplement pour bien aimer une personne. Bref. Ma mère m'avait emmené chez ma meilleure amie, Marine, pour ne pas que je les déranges pendant le déménagement.
Marine, c'était une fille trop gentille. Sa maman était notre maîtresse d'école, et elle était super gentille aussi.
J'avais passé la matinée à jouer avec elle, puis le midi, j'étais rentrée à la maison. On a déjeuné, puis ma grand-mère et Georges ont continué à débarrasser des meubles. J'ai voulu aller dans ma chambre pour prendre mon doudou, mais ma mère ma dit qu'il était dans un sac, elle l'a sorti et me l'a tendu. Je l'ai pris, puis je lui ai demandé pourquoi il y avait des meubles dans le camion de ma grand-mère. Elle m'a alors simplement dit :
- On va aller en Bretagne.
Sur le coup, je n'ai pas compris. Parce qu'on n'avais jamais pris de meubles pour aller chez ma grand-mère, auparavant. Mais je n'ai pas osé lui demander pourquoi. C'est mon géniteur, qui, sans que je ne dise un mot, avait dû comprendre ce que je pensais. Il m'a pris sur ses genoux et m'a dit :
- Tu va aller habiter chez mamie, pitchoune. Tu habitera chez elle à partir de maintenant. Tu rentrera à l'école là bas, aussi.
J'étais complètement abasourdie, et perdue. Je lui ai demandé s'il venait avec nous. Il m'a répondu non. Alors j'ai eu envie de pleurer. J'ai demandé pourquoi on partait, et il ne m'a pas répondu. Il m'a dit, à la place, qu'on s'appellerait pour se donner des nouvelles tous les jours. Alors j'ai séché mes larmes. Je me suis dit qu'il viendrait peut-être me voir de temps en temps. Georges a fermé le camion. Tous les meubles de ma mère étaient à bord. Elle, avait d'ailleurs préparé la voiture pour le voyage. Mon siège bébé était installé, avec ma flopée de doudous à côté, et une petite couverture au cas où je m'endormirais pendant le trajet. Mon père m'a reposé à terre et m'a emmenée dehors, sur le pas de la porte. Là, ma grand-mère m'a souri et a ébouriffé mes cheveux en me signant² qu'on allait partir et qu'elle m'aimait. J'ai hoché la tête et ma mère m'a prise pour me poser dans la voiture. Georges et ma grand-mère sont rentrés dans le camion, et on allumé le contact. Je voyais par la fenêtre de la voiture que ma mère et mon géniteur discutaient, mais je ne voyais pas leur têtes. J'avais envie de faire un câlin à mon père. Je ne voulais pas partir, pas quitter mes amis. Marine, Valentin, Kenza... Tom... Je ne leur avais même pas dit au revoir. Ils me manquaient déjà... Je commençais à crier dans la voiture. Papa, papa. Ils m'ont entendu et se sont retournés, puis ma mère a dit quelque chose à mon père avant d'aller voir ma grand-mère. Mon géniteur est venu et a ouvert ma portière pour faire un dernier câlin. Puis ma mère est revenue, et mon père m'a fait un clin d'œil en me donnant une petite carte où était inscrit son numéro de téléphone, et a refermé ma portière. Il s'est planté devant la porte de la maison, et m'a fait un coucou alors que nous partions. J'étais triste, mais je pensais que j'allais tenir le coup. Je n'étais qu'une enfant. Je me disais que tout allait bien se passer. Que j'aurais de ses nouvelles souvent. Que je le verrais de temps en temps. Alors je n'ai même pas pensé à dire au revoir, Castres. J'étais loin de me douter que je n'allais pas revoir ma ville de sitôt.
Quand je suis arrivée en Bretagne, je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. Ma grand-mère a joué sans arrêt avec moi, jusqu'à ce que mes cousines arrivent de Paris quelques jours plus tard. Et puis ensuite, on a passé l'été ensemble.
Le moment de la rentrée était arrivé. J'avais peur, très peur. Peur parce que j'avais beau n'avoir que 6 ans, je savais déjà que j'étais très timide, trop peut être pour réussir à me faire rapidement des amis. Je savais que j'allais rentrer à l'école publique, et je n'avais pas envie, puisqu'à l'école privée juste à côté, j'avais deux autres cousines, et j'aurais préféré être avec elles plutôt que de me retrouver toute seule dans une école où je ne connaissais pas un seul enfant. Ma mère et ma grand-mère n'avaient pas cessé de me rassurer, et j'avais déjà rencontré ma maîtresse, quand ma mère m'avait inscrite à l'école. Alors, comme d'habitude, j'ai juste hoché la tête, même si je n'étais pas totalement rassurée.
Septembre 2007. La rentrée des classes. Me voilà en CP. Ma mère m'avait emmenée, pour le premier jour, jusqu'aux grandes portes de l'école, tout au bout de la cour. Les maîtresses et les aidantes se sont présentées, et ont ensuite fait l'appel des classes, dans le grand hall de l'école. Je tenais très fort la main de ma mère. J'étais complètement flippée. On devait être une petite vingtaine dans ma classe. Beaucoup de regards des autres élèves se tournaient vers moi et ça me rendait très nerveuse, d'autant plus que certains étaient plus grands que moi, ça se voyait à leur taille. Et ils me dévisageaient comme si j'étais une chose bizarre. Ma maman a passé un peu plus d'une heure avec moi, comme les autres parents des CP, pendant que les maîtresses leur expliquaient le programme de l'année et d'autres choses. Lorsqu'il a fallu qu'elle parte, j'avais encore plus peur. Ma maîtresse a tapé dans ses mains en clamant que c'était l'heure de la récré du matin. Les parents ont commencé à partir, et je suis restée à coté de ma mère jusqu'à la petite grille de l'entrée. Là, elle est partie, et je n'ai pu que la suivre du regard. Puis, tétanisée, je suis restée sur place parce que j'avais trop peur qu'on me fixe, j'étais terrorisée à l'idée de traverser la grande cour toute seule au milieu de tous ces élèves. Je me suis juste assise a coté du buisson où j'étais et j'ai retenu mes larmes, puis au bout d'une dizaine de minutes, j'ai commencé à jouer avec les brins d'herbe à mes pieds. Je les arrachais et je les entremêlais. C'était un passe-temps comme un autre, pour oublier que pleins d'enfants de mon âge me fixaient car j'étais seule. Au bout de quelques minutes encore, alors que je n'avais pas relevé la tête une seule fois, une ombre barra le soleil en face de moi. Je relevais la tête, timide. Il y avait en face de moi une fille. Elle avait des longs cheveux bouclés et des yeux marrons noisettes très jolis. Des taches de rousseurs parsemaient son petit nez rond, et elle était toute bronzée. Ses vêtements étaient trop jolis. Elle était un peu plus grande que les autres enfants de ma classe, elle était même un petit peu plus grande que moi, mais on faisait presque la même taille. Je l'ai tout de suite trouvée cool. Elle m'a regardé en grimaçant, et son nez rempli de tâches de rousseur se plissa alors qu'elle m'a dit :
- T'es toute seule ?
- Oui... Je suis nouvelle.
- Bah viens avec nous. Reste pas dans ton coin.
Le 《nous》 représentait probablement ses amis. Je jetais un coup d'oeil derrière elle. En effet. Ils étaient 7. Et ils me regardaient tous sans grande émotion, hormis peut-être l'un d'entre eux. Un garçon, qui avait les dents du bonheur et des cheveux au carrés qui ondulaient sur ses oreilles. Il me regardait à moitié méchamment. Je rougissais et la fillette me tendit sa main. Je la pris et me relevais, et elle me sourit gentiment.
- Je vais te présenter à mes amis. Tu t'appelles comment ?
- Oh, heu, Julia.
- Okay, Julia. Tu es notre amie maintenant.Moi, je m'appelle Flavie.
✦✧✧ .°•○°.• ✧✧✦
Flavie a été ma meilleure amie pendant 12 ans. C'était vraiment la plus belle rencontre que j'ai fait de toute ma vie. Elle était toute ma vie. On était tellement fusionnelles que lorsque nous étions petites, on nous confondais, et on croyais parfois même que nous étions sœurs. Je l'ai aimée comme ma sœur. On a fait les 400 coups ensemble et c'était génial. J'ai appris tant de choses grâce à elle... Je ne serais sûrement pas la même personne si je ne l'avais pas rencontrée.
Malheureusement, on a perdu contact peu après notre seconde. Petit à petit, on s'est de moins en moins parlées, puisque nous n'étions plus dans la même classe et elle s'était donc rapprochés d'amis dans sa classe. Je n'ai plus vraiment de nouvelles d'elle maintenant, mais je sais qu'elle travaille déjà. Quoi qu'elle fasse et quoi qu'elle devienne, je lui souhaite d'être heureuse dans sa vie. Peut-être qu'un jour nos chemins se recroiseront ?
Après tout, on est encore jeunes. 🤞🏼✦✧✧ .°•○°.• ✧✧✦
¹ : géniteur et père représentent la même personne dans l'histoire : l'homme qui m'a donné la vie. Mais pour être honnête avec vous, j'ai switché entre ces deux mots (comme je le fais tout le temps, en fait) parce que j'ai beau vouloir l'appeler Papa, mon père, il ne m'a pas acceptée comme sa fille à ma naissance. Donc aux yeux de la loi il est seulement mon géniteur. Voilà voilà.
² : ma grand-mère m'a signé qu'on allait partir et qu'elle m'aimait. Nan, c'est pas une erreur. Ma grand-mère est sourde, elle parle donc la langue des signes. Et par conséquent, moi aussi. 😊
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30 Days Writing Challenge ✍🏼
Aléatoire안영 ! 👋 Un certain Sushi ♥ m'a fortement incitée à faire ceci, et même si j'écris déjà beaucoup en ce moment, à continuer mes histoires quand j'ai de l'inspiration pour la suite (que je publierais bien sûr mais j'sais pas quand 🤓) pendant ce confin...