Chapitre 16

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Lucia n'osait pas bouger

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Lucia n'osait pas bouger. Sa respiration régulière connaissait quelques pics d'accélération à chaque fois que le souffle chaud d'Alec venait caresser sa nuque. Contre son dos, la tiédeur de son corps l'envahissait totalement et l'adjurait de retomber dans la torpeur indolente du rêve. Gardée contre lui, enveloppée dans ses bras comme un précieux trésor, Lucia sentait son cœur palpiter si fort dans sa poitrine qu'elle manquait d'air. Elle devait se dégager de son étreinte.

Avec délicatesse, Lucia souleva le bras qui l'emprisonnait et se glissa hors de sa portée dans un soupir de soulagement : il dormait toujours. Son regard s'attarda un moment sur l'expression sereine du visage d'Alec. Elle ne lui avait jamais vu l'air aussi détendu, presque bienheureux. Elle se surprit à sourire.

Lucia refoula au loin ses pensées, repoussa les couvertures et parcourut la pièce des yeux. Elle trouva son almanach au sol et le considéra longuement avant de le ramasser. Il ne lui avait pas laissé un bon souvenir la nuit dernière. Le cauchemar était encore trop vivace dans sa conscience pour qu'elle ne se décide à le rouvrir. Elle le posa sur la table de chevet puis, prenant son courage à deux mains, tenta de se lever. Son corps, ankylosé et engourdi, réussit tout de même à la maintenir debout le temps que les vertiges se dissipent et que sa vision se débarrasse des taches noires qui l'occultaient.

Avec précaution, Lucia sortit de la chambre. Pieds nus, elle fit le tour de l'appartement et s'assura que les portes et les fenêtres étaient bien fermées. Dans le même temps, elle vérifia si les lignes de sel étaient toujours en place. À chaque pas qu'elle faisait, elle devait remonter le pantalon pour l'empêcher de lui tomber sur les genoux. Le soleil chauffait doucement sa peau à travers la vitre et, dehors, dans la rue, la rumeur de la circulation remonta jusqu'à ses oreilles, étouffée par le double vitrage.

Lucia s'éloigna de la fenêtre et se dirigea vers la cuisine, le ventre grognant de faim. Elle ouvrit plusieurs placards et dénicha des biscuits pour son thé. Le sachet infusait lentement dans l'eau frissonnante, mais elle ne résista pas à l'envie de croquer dans son premier biscuit avant que son breuvage ne soit prêt.

De retour dans le salon, son thé dans une main, ses biscuits dans l'autre, le pantalon sur les chevilles l'empêchait d'avancer plus loin que le milieu de la pièce. Elle s'en débarrassa sans vergogne, tout en prenant garde à ne pas réveiller sa blessure qui cicatrisait lentement. Le supplice s'était mué en tiraillement qu'elle pouvait enfin mettre en sourdine, mais les points de suture tiraient sur sa peau à chacun de ses mouvements.

Lucia considéra ses jambes découvertes ; ce ne serait que temporaire, se promit-elle, et il lui restait tout de même le caleçon pour se couvrir, elle ne serait pas totalement nue non plus.

Le calme qui régnait dans la pièce tranchait terriblement avec l'horreur de son cauchemar. Elle frissonnait rien que d'y repenser, aussi, chercha-t-elle à se changer les idées. Lucia promena son regard sur les étagères garnies de la bibliothèque. Ses jambes étaient encore faibles d'avoir manqué d'exercices ces derniers jours et son dos était fourbu. Bien qu'elle rêvait de pouvoir reprendre ses étirements matinaux, elle devait prendre son mal en patience et laisser à son corps le temps de se remettre. Cependant, elle ne tiendrait pas debout éternellement. Elle posa donc son petit déjeuner sur la table basse et passa en revue les titres alignés sur la bibliothèque.

Brasier - La ProieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant