L'araignée tend sa toile. Le loup flaire sa proie. Le lion rugit à l'aube. Le cygne danse et le Phénix renaît de ses cendres une nouvelle fois.
Lucia Clark, une jeune danseuse de ballet, mène une vie paisible dans la ville de Phoenix, en Arizona. S...
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La porte de la chambre 213 s'ouvrit brusquement, faisant sursauter la jeune femme dans son lit. Si celle-ci réussit à taire son cri d'angoisse, c'était uniquement parce qu'aucun son ne voulait plus sortir de sa bouche. Malgré la morphine qui engourdissait ses sens, Lucia sentait une douleur sourde marteler dans son ventre et sa main vint d'elle-même se poser sur ses pansements comme si ce geste avait le pouvoir de soulager sa souffrance.
La silhouette dessinée dans l'encadrement de la porte se décida enfin à bouger, et Lucia serra fort les draps dans sa main. La forme noire bougea tout d'un coup et s'étira vers le mur adjacent. Tout à coup la lumière s'alluma et la danseuse, tout d'abord éblouie, découvrit à l'uniforme rose du personnel soignant de l'hôpital. Une infirmière à la silhouette ronde, les cheveux gris rassemblés en un chignon partiellement défait s'avança dans la chambre d'un pas chaloupé. Sous ses grosses lunettes à la forme excentrique, un visage aimable souriait aimablement à la jeune femme. Il fallut quelques secondes à son cœur pour qu'il reprenne son rythme habituel et que les picotements sur ses avant-bras cessent.
— Ne restez donc pas dans le noir comme ça, mademoiselle Clark !
Le ton de la voix de l'infirmière était léger et familier mais devant le regard effrayé de la patiente alitée, celle-ci préféra se présenter afin de la rassurer.
— Je suis Isabelle, l'infirmière de nuit. Je vous apporte votre repas et vos comprimés.
Lucia la salua d'un vague hochement de tête, décontenancée par les événements, et l'infirmière déposa le plateau sur la petite tablette d'appoint du lit d'une main potelée et un peu ridée mais bienveillante.
Le repas était composé d'une soupe de poisson, d'un fromage blanc et d'une compote.
— Il faut ménager vos intestins après votre chirurgie. Ce soir sera liquide, et demain aussi, alors il faudra vous en contenter pour le moment.
L'intéressée baissa les yeux sur sa pitance, trempant la grosse cuillère dans la soupe presque limpide avec dégoût, remuant le fond pour faire remonter la matière à la surface.
— Je vais regarder votre pansement maintenant.
Lucia croisa les bras sur son ventre d'un geste protecteur, toujours silencieuse tandis que l'infirmière attrapa les draps pour les tirer. Alors qu'Isabelle allait remonter la chemise de Lucia, celle-ci la stoppa dans son geste.
— Où est le docteur Ardent ?
Isabelle se redressa et s'appuya sur le barreau du lit, le poing fermé sur la hanche, un air contrarié derrière ses lunettes.
— Il est occupé avec d'autres patients. Il ne peut pas être là pour tout le monde, fit l'infirmière sur le ton sec du reproche. Il fait tourner la tête à toutes les patientes celui-là !
Cette dernière phrase marmonnée n'échappa pas à Lucia et lui fit l'effet d'une douche froide. Il était évident que le docteur avait d'autres patients sur lesquels veiller. Il était encore plus évident qu'un homme aussi singulier que le docteur Ardent ne puisse passer inaperçu auprès de la gente féminine. Elle se mordit la lèvre, meurtrie dans son égo, car quelque part au fond d'elle, elle avait espéré être plus aux yeux du docteur qu'une patiente parmi tant d'autres.