Chapitre 5 - Lui

3.3K 222 6
                                    

Debout dans le parc près de la caserne, j'observe mes coéquipiers s'exercer. Nous profitons de la température estivale de ce mois d'avril pour faire notre entraînement en extérieur. Étant donné notre métier et la difficulté de certaines de nos missions, nous nous devons d'avoir une forme physique à toutes épreuves. Au moins deux fois par semaine, nous nous entrainons tous ensemble sous l'œil des superviseurs qui s'assurent de notre capacité à exercer chez les pompiers.

— Max, c'est à toi.

Je jette un regard à Luc, qui gère la séance d'aujourd'hui, avant de m'élancer sur le parcours. Course, sauts, tractions et pompes jonchent celui-ci. Agrippé à la barre, je sens mes biceps se tendre sous l'effort. Mon cœur accélère tandis que mon souffle se fait plus court. Je vais chercher au fond de moi afin de donner mon maximum. J'adore ces moments. J'aime sentir mon corps au bord de sa limite physique. J'aime puiser dans mes dernières réserves, me dépasser. Aller toujours plus loin pour être plus fort et endurant. C'est difficile, éprouvant, parfois même douloureux, mais la satisfaction que je ressens après vaut toutes les peines du monde.

Je sens les muscles de mes jambes bander douloureusement sous mon short quand j'allonge mes foulées. Je pousse plus durement sur le sol en visualisant mon objectif. Je passe devant Luc dans un sprint. En ralentissant doucement, je vois mon supérieur jeter un coup d'œil ravi au chronomètre dans sa main. En trottinant, je m'approche de Thomas et Bastien, qui s'entraînent en duo. J'attrape une bouteille d'eau et me désaltère tout en observant le premier lancer une lourde balle au second qui travaille ses abdominaux. Le soleil tape fort, je remarque déjà la peau blanche de Bastien rougir sous les rayons.

— J'espère que tu as pensé à te mettre de la crème. Ne compte pas sur moi pour t'étaler de la Biafine.

Je le chambre, me moquant allégrement de son teint pâle, avant qu'il ne m'envoie une gourde pour me faire taire. Mon deuxième coéquipier envoie une vanne bien sentie, me faisant rire de plus bel. Je plaisante avec lui pendant que notre « victime » se lève, nous toisant d'un regard noir. Notre agitation fait tourner quelques têtes, notamment celles d'un groupe de jeunes femmes, assises un peu plus loin. Oubliant sa mauvaise humeur, Bastien vient près de nous.

— J'adore la belle saison à Paris, dit-il en adressant un signe de la main au groupe.

— C'est vrai que c'est mieux que les pulls et cols roulés que l'on peut voir en hiver, approuve Thomas en faisant un sourire charmeur.

Voyant tant d'attentions, les demoiselles pouffent, les joues rougissantes. Je hausse les épaules en portant la bouteille à mes lèvres. Mes deux amis m'observent, intrigués.

— Ça va, Max ?

— Oui, pourquoi ?

— C'est la première fois que tu ne réagis pas devant de jolies filles.

À nouveau, je hausse les épaules puis m'approche d'un banc pour quelques étirements. Je saisis ma cheville afin d'étirer mon quadriceps douloureux. Je souffle profondément en collant mon talon à ma fesse. Avec une grimace, je sens mon muscle s'étirer et se détendre. Je ne suis pas l'homme le plus souple du monde. Ces séances, obligatoires pour éviter les courbatures, s'apparentent pour moi, à de la torture. Cependant, un sourire naît sur mon visage quand je vois mes deux coéquipiers s'approcher, la mine inquiète.

— Tu sais que tu peux nous parler si quelque chose ne va pas, dit Thomas en posant sa main sur mon épaule.

J'éclate de rire en voyant leur tête de mères poules. Ils ont le même air qu'avaient nos parents quand enfants, quelque chose nous tracassait. Mes deux amis se regardent en fronçant les sourcils. Peu à peu, mon hilarité se calme tandis que je hausse de nouveau les épaules. Je change de jambe et étire mon autre côté tout en cherchant mes mots pour leur répondre.

Embrase-moi - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant