Embrase-moi - Tome 1

Chapitre 28 - Elle

Je sors du restaurant en compagnie d'Henry. Mon client a tenu à ce que je l'accompagne pour un rendez-vous d'affaire. Un dîner particulièrement ennuyeux. Mais il a signé son contrat alors je suis contente pour lui. Il n'a réservé que pour le repas, ce qui ajoute à ma bonne humeur. Pas de culpabilité ce soir vis à vis de Maximus. Enfin si une petite, de lui avoir menti évidemment, mais je n'avais pas le choix.

Le bras d'Henry sous le mien, il me guide jusqu'à une petite ruelle près du restaurant. A l'abri des regards, il s'arrête et se met face à moi.

— Merci pour ce dîner Scarlett, tu as été parfaite.

Tu parles, aussi utile qu'une plante verte. Evidemment, je ne dis rien, je me contente de sourire. Les mains de mon client se posent sur mes hanches alors que je noue mes bras sur sa nuque.

— Qu'est-ce que je suis bête de ne pas avoir réservé pour la nuit. C'est une vraie torture de t'avoir près de moi sans rien pouvoir faire.

Je souris avant de rigoler doucement. Le visage de mon client s'approche du mien et ses lèvres épousent les miennes. Je l'embrasse doucement quand il est brusquement tiré en arrière.

— Ne la touche pas !

Je cligne plusieurs fois des yeux, incapable de réaliser que Maximus se tient devant moi. Non, il ne devrait pas être là. Il ne devait jamais découvrir la vérité sur Scarlett.

— Maximus, qu'est ce tu fais là ?

A l'entente de ma voix tremblante, il se tourne vers moi. Ses traits sont tirés par la rage. Ses yeux noircis par la violence. Je déglutis difficilement. Une boule douloureuse s'est logée dans me gorge. Doucement, je m'approche de lui. Les mains en l'air pour l'apaiser, je me place entre lui et Henry, qui toujours au sol semble ne pas comprendre la situation. Quand je suis assez proche, je vois son torse se soulever à un rythme irrégulier. Sous ses côtes, son cœur doit émettre des battements erratiques.

— C'est plutôt à moi de te poser cette question. Je peux savoir pourquoi tu embrassé un autre homme ?

Sa voix claque sèchement, empreinte d'une colère sourde. Je laisse mes mains retomber en serrant mes poings. Par réflexe, je passe ma langue sur mes lèvres. Je cherche un moyen d'esquiver, de mentir. Des dizaines d'excuses me viennent en tête, mais ma voix est incapable de les formuler. Alors je reste immobile, muette face à lui.

— Il ne faut jamais tomber amoureux d'une fille qui vend son corps, mon garçon.

Les mots d'Henry me cloue sur place. Mon cœur cesse de battre dans ma poitrine. Mon ventre se serre douloureusement. Mon corps tremble, incapable d'encaisser le poids de ces quelques mots, si véridiques. Face à moi, Maximus se décompose. Il semble analyser ce qu'il vient d'entendre alors que son regard passe sur nous. Quand ses yeux se fixent aux miens, sa violence a disparu. Il ne reste que l'incompréhension.

— Tu ne dis rien ! Pourquoi tu le laisses dire de telles horreurs ?

Nouveau coup dans le cœur. Je me détourne, incapable de soutenir son regard. Que dire face à ça. Rien, la vérité fait trop mal. C'est trop dur à encaisser, à admettre.

Alors je vais appliquer les principes que j'ai appris. Ceux que j'ai tant détestés étant plus jeune. Ceux qui blessent. Qui mettent à terre.

La meilleure défense est l'attaque.

Je me redresse, plante mon regard dans le sien. Je blinde mon cœur, fais taire mon âme. Mon sang parle pour moi.

— Mais qu'est-ce que tu crois, que je le fais par plaisir ? Que c'est une vocation pour moi ? Tu sais ce que c'est de ne pas avoir le choix ?

Ce premier coup atteint sa cible. Maximus recule d'un pas. Ses yeux emplis d'incompréhension me scrutent. Je tire ma veste, dévoile mon épaule. Je prépare ma deuxième attaque.

— J'ai une dette à payer. Et ce n'est pas en jouant les saintes au grand cœur que je vais la régler.

Maximus se fige. Son regard m'envoie tant d'émotions que s'en est douloureux. Je me déteste pour ce que je suis en train de faire. Mais je n'ai pas d'autres solutions. Aucun autre moyen de réagir.

— Et nous ?

Sa question me surprend. Comment peut-il me demander ça alors qu'il vient de découvrir ce que je suis vraiment ? Envisage-t-il sincèrement de continuer notre histoire en sachant ce que je fais ? Non, je ne peux pas le permettre. S'il n'est pas assez fort pour me laisser, je le serai pour deux. Hors de question de lui imposer ça.

— Il n'y a pas de nous. Il n'y en a jamais eu et il n'y en aura jamais. Une pute, c'est tout ce que je suis !

Le coup final, celui qui détruit. Je vois dans son regard que j'ai réussi. Il tourne les talons sans un mot, sans un regard. Ce sera plus facile pour lui de m'oublier, de tourner la page. De reprendre sa vie là où j'ai commencé à l'abîmer. Faire croire que l'on n'a pas de sentiments, pas de pitié. Rien de plus simple pour quelqu'un de ma lignée.

Un bruit sourd résonne dans le silence de la rue. Il me vrille les tympans, pourtant personne n'y fait attention. Et toi Maximus, entends-tu le fracas de mon cœur qui vient de se briser ?

Fin du tome 1