Embrase-moi - Tome 1

Chapitre 12 - Elle

Je jette un dernier regard dans le miroir de la salle de bains, avant de rejoindre le salon. Je retrouve Rose allongée sur le canapé, un roman à la main et un paquet de chocobons entamé près d'elle. Je m'assois rapidement à ses pieds pour attacher mes sandales compensées à mes chevilles. Je sens son regard m'observer quelques secondes.

— Elle est jolie cette robe.

Je jette un regard à ma tenue avant de la remercier d'un sourire. Il fait particulièrement beau aujourd'hui alors j'ai décidé de porter une robe légère blanche avec des motifs floraux. Le soleil est revenu sur la capitale depuis quelques jours, c'est particulièrement agréable. Je jette un rapide coup d'œil à ma montre et me dépêche quand je vois l'heure indiquée. J'attrape le bouquet de fleurs colorées sur la table ainsi que le petit sac.

— Tu vas à l'hôpital ?

Je regarde Rose qui me sourit doucement avant d'acquiescer.

— Oui, j'ai eu le papa au téléphone hier. Il m'a dit que je pouvais passer aujourd'hui, après m'avoir remercié une bonne centaine de fois d'avoir aidé sa femme.

— Normal, tu as mis au monde sa fille. Tu as aussi soulagé la femme qu'il aime dans un moment difficile.

— Non, ce sont les pompiers qui ont mise au monde sa fille. Je n'ai fait qu'observer.

Je hausse les épaules alors que Rose fronce les sourcils. C'est vrai que j'ai aidé Elisa quand elle en a eu besoin, mais je suis sûre que bon nombre de personnes aurait fait la même chose. Cela n'a rien d'héroïque à mes yeux. Je lui adresse un sourire avant de venir déposer un baiser sur sa joue, tout en lui indiquant que je n'en ai pas pour longtemps. Je m'apprête à ouvrir la porte d'entrée quand la voix de mon amie résonne dans l'appartement.

— Tu sais tu devrais profiter du beau temps pour flâner un peu. Avec Carmen, on gère ici.

Je fronce les sourcils quand je vois le sourire qu'elle m'envoie. Je la connais sur le bout des doigts. Je sais que quand elle fait cette tête, elle a quelque chose à cacher. Je m'apprête à lui demander ce qu'elle manigance quand son téléphone sonne. Visiblement ravie, elle se dépêche de répondre, un sourire étirant ses lèvres. Elle me fait signe de la main de partir avant que je ne sois en retard. Dans un soupir frustré, je m'exécute.

Devant l'entrée de l'immeuble, je me fige quelques secondes, laissant le soleil réchauffer tranquillement ma peau, mon visage tendu vers le ciel. Je profite de ces instants avant de me mettre en route.

En quelques minutes de bus, j'arrive devant l'hôpital qui accueille Elisa pour quelques jours. Un sourire étire mes lèvres en pensant que je vais revoir le petit bout que j'ai en quelque sorte, aidé à mettre au monde. Quand j'ai eu le papa au téléphone hier, je ne sais d'ailleurs toujours pas comment il a eu mon numéro, il m'a assuré que les deux femmes de sa vie, se portaient comme un charme. Il a cependant, refusé de me donner le prénom de sa fille, précisant que ce privilège reviendrait à son épouse. Lors de ce court échange, j'ai pu sentir à quel point cet homme était amoureux d'Elisa. C'est cette petite émotion dans la voix qui me l'a fait comprendre. C'est probablement quelque chose dont il n'a même pas conscience, mais pour moi cela s'entend. Cela se ressent. Une infinie douceur et une fierté immense, irradient lorsqu'il parle d'elle.

Au fond de moi, je suis quelque peu jalouse. Je sais bien que l'amour n'a pas sa place dans ma vie, en tout cas pas le sentiment amoureux. Mais je ne peux m'empêcher d'en ressentir un certain pincement, un manque.

Quand je lève les yeux vers le grand bâtiment, je me fige. Arrêtée au milieu du trottoir, je ne peux détacher mon regard de la silhouette adossée contre le mur près de l'entrée. Mes yeux passent bien malgré moi, sur ses jambes musclées et moulées dans un jean brut. Son torse n'est pas en reste, cintré dans un tee shirt blanc, simple, mais qui laisse clairement entrevoir sa musculature. Une barbe de quelques jours lui mange une partie du visage, lui donnant un petit air de bad boy. Je sens mon corps chauffer quand ses yeux noisette croisent les miens. Un sourire étire ses lèvres avant qu'il ne se décolle du mur pour s'avancer vers moi.