Embrase-moi - Tome 1

Chapitre 20 - Elle

— Putain, mais c'est pas vrai !

Je grogne en marmonnant toutes sortes d'obscénités alors que je reverse la moitié de la farine à côté du saladier. J'arrache le torchon de son attache et entreprends de nettoyer mes bêtises. Malheureusement, avec mes mains tremblantes de colère, je fais plus de mal que de bien au sol de la cuisine. D'un geste rageur, je balance le bout de tissu dans l'évier avant de m'accouder au plan de travail. Je pose mon front sur mes avants bras en me penchant en avant. Vidée, je laisse s'échapper le profond soupir que je retiens depuis mon réveil.

Mais qu'est ce qui ne va pas chez moi ?

Je n'avais qu'une chose à faire, résister. Ne pas me laisser aller tout en espérant que Maximus passe rapidement à une autre fille, plus ouverte. Ne pas écouter mes hormones qui entrent en ébullition dès qu'il est près de moi. Retenir mes mains de se poser sur son corps, ma bouche sur sa peau.

Mais non, moi je fais tout l'inverse. Je me jette sur lui. Bon techniquement, c'est lui qui s'est jeté sur moi en m'embrassant. Mais je n'ai clairement rien fait pour l'en empêcher, bien au contraire. C'est sa faute aussi, à m'aguicher avec son regard de braise. Déjà en temps normal il est super excitant, mais le voir là, avec ses lèvres gonflées, sa pommette bleuie, ses phalanges abîmées. C'était trop pour moi.

Dire qu'il y a encore quelques semaines, je me moquais d'une héroïne de roman qui trouvait le bad boy de son lycée « tellement plus sexe » avec ses cicatrices et ses blessures. Quelle naïve j'étais en me disant que cette jeune lycéenne était maso.

Je ne sais pas si c'est le contre coup de mon agression, le fait que Maximus ait pris ma défense, voir son visage tuméfié ou un mélange de tout ça, mais oui il était tellement plus ....

Ah, il n'y a pas de mot pour ça. Il dépasse de loin tous les termes qu'on pourrait trouver. Bandant, excitant, sexe. Hier soir, il était la personnification même du péché de luxure. Un Eros en chair et en os. Tout être humain normalement constitué aurait craqué, j'en suis sûre. Ce n'était pas possible de lui résister.

Non, je n'étais pas faible. Non, je n'ai pas laissé mon corps me dicter ma conduite. Je ne pouvais tout simplement pas résister. C'était chimique, mécanique, scientifique et malheureusement pour moi, naturel.

Oui, parce qu'il faut bien se l'avouer, être dans ses bras est ce qui me semblait le plus naturel du monde. Et bon dieu qu'il est doué ! Que ce soit ses mains, sa bouche ou son sexe, c'est un virtuose. En véritable chef d'orchestre, il a su faire jouer à mon corps toute une gamme de gémissements. J'ai passé un moment d'extase incroyable. Il a même complètement éclipsé Gabriel, ce qui n'est pas peu dire.

Sauf que maintenant, je suis vraiment dans la merde. Parce que on ne va pas se mentir, je n'ai envie que d'une chose, recommencer. Mais ça, c'est très loin d'être une bonne idée. Il faut être clair les « non, mais on passe juste du bon temps sans s'attacher » ça ne marche pas. Jamais ! Je ne peux pas m'attacher à lui, ou en tout cas, pas plus que je le suis déjà. Ce serait trop compliqué, trop douloureux de le faire entrer dans ma vie. Il faudrait lui raconter mon passé, lui confier mes secrets. Surtout, prendre le risque qu'il me blesse, qu'il le blesse.

Non, c'est un danger avec lequel je ne peux pas jouer.

Il ne me reste donc plus qu'une chose à faire, m'éloigner. Mais même ça c'est plus facile à dire qu'à faire, le pompier étant constamment sur ma route. Surtout, qu'il le sera encore plus, maintenant qu'il bosse pour Line. Dès le départ, je n'aurai jamais dû entrer dans son jeu. Je le savais que cela allait mal finir, c'était couru d'avance. Mais on ne revient pas sur le passé, la seule chose à faire maintenant, c'est l'assumer et faire avec.