Embrase-moi - Tome 1

Chapitre 14 - Elle

— Athé dépêche-toi, on va être en retard !

Je pousse un soupir en entendant la voix de Rose résonner dans l'appartement. Je termine d'attacher rapidement les lanières de mes sandales et attrape mon sac avant de sortir de ma chambre. Je retrouve la blonde, trépignante, dans le salon. Ce soir, pour la première fois depuis longtemps, nous avons toutes les deux notre soirée de libre. Pour fêter ça, elle a décidé que nous irions au cinéma.

Une fois dans la pièce, je vérifie que toutes mes affaires soient dans mon sac, surtout, mon téléphone en cas d'urgence. Je me tourne ensuite vers Carmen, qui observe la blonde, un sourire sur les lèvres. A voir leurs airs à toutes les deux, ravis, mais avec une bonne dose de malice dans le regard, je sais qu'elles ont comploté. Elles me cachent un secret, j'en suis persuadée. Quand Rose m'a proposé cette sortie avant hier, j'ai bien vu qu'il se tramait quelque chose entre ces deux-là. Mais ma nuit avec un nouveau client, particulièrement insatiable, m'avait littéralement épuisée. J'arque un sourcil en croisant les bras sur ma poitrine.

— Vous allez me dire ce qu'il vous arrive à toutes les deux, je sais que vous me cachez quelque chose !

Mes deux colocataires se jette un regard en coin avant de prendre un air offusqué. Carmen, une main posée sur le cœur, un air de soap opéra sur le visage, est la première à prendre la parole.

— Mais comment peux-tu nous dire une chose pareille ? Je veux juste que tu prennes du bon temps après des mois difficiles.

Je hausse un sourcil, les bras toujours croisés. Evidemment, je ne crois pas un mot de ce qu'elle vient de dire. Je sais très bien qu'elle veut mon bonheur, qu'elle est ravie que je prenne du temps pour moi, mais là, je sais qu'il y a anguille sous roche. Après quelques secondes à fixer la plus âgée, je me tourne vers Rose. En voyant mon regard posé sur elle, elle essaie de réafficher l'offense sur son visage. Ce n'est pas une franche réussite, elle cache avec beaucoup de difficultés son sourire. D'un geste du menton, je lui fais comprendre que c'est à elle de prendre la parole. Avec ses cheveux blonds et sa moue peinée collée à la face, je ne peux m'empêcher de penser à des actrices de vieilles séries américaines. Avec le générique « D'amour, gloire et beauté » en tête, j'attends impatiemment qu'elle me fasse son cinéma.

— Je suis vraiment outrée que tu penses une chose pareille. Dire que je te cache quelque chose alors que je veux seulement passer du temps avec toi ! Vraiment, tu me fends le cœur !

Pour parachever son côté mélodramatique, Rose porte une main sur sa poitrine tout en chassant une larme imaginaire au coin de son œil. Je pousse un profond soupir, me demandant pourquoi il a fallu que je construise ma famille autour de ces deux folles ?

— D'accord, disons que je vous crois.

Je vérifie une dernière fois le pourcentage de batterie sur mon portable quand derrière mon dos j'entends mes deux colocataires se claquer la main. Je pivote vivement sur mes talons et hausse un sourcil mon regard passant de Carmen à Rose. Cette dernière lève les mains devant elle, en signe de reddition avant de s'avancer vers moi.

— Ok, ce n'était pas fairplay ça ! Mais on peut y aller là ? On va louper les bandes annonces, tu sais que je les adore.

Elle m'observe, jouant de ses charmes, yeux larmoyants et lèvre tremblante. Elle sait que cette technique a toujours fonctionné sur moi, même si je sais pertinemment que c'est du chiqué. Je ricane avant d'acquiescer. Comme une gamine, Rose sautille de plaisir. Après ce qu'elle a traversé il y a quelques années, j'aime la voir heureuse. Dans sa jolie robe rose pâle avec sa mine épanouie, je sais qu'elle a trouvé un équilibre auprès d'Eliott. J'en suis très heureuse. Malgré moi, l'image souriante de Maximus vient s'imposer dans mon esprit.