Chapitre 1

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Ça fait quatre ans que Julien est mort. Rose a donc quatre ans. Je souris devant ma fille qui ne se souvient de rien car elle était trop jeune. Elle est à la maternelle et je suis très fière d'elle. On vit dans un petit appartement sur Paris. Les voisins m'ont tout de suite jugé quand ils ont vu que j'étais le seul parent d'une aussi jeune fille. Mais aujourd'hui je ne fais plus attention à ça. Je continue mon boulot d'enseignant mais je fais aussi un autre travail pour payer les fins de mois. Je suis serveur dans un strip tease le vendredi et samedi soir. Le regard de tout ces pervers me dégoûte mais je n'ai que ça comme solution pour que Rose grandisse dans de bonnes conditions. Je fais en sorte de lui donner tout l'amour que je peux donner à une seule personne. De toute façon je ne compte pas aimer un autre homme, Mathieu m'a brisé le cœur. C'est horrible ce qu'il a fait. J'ai découvert que si son entreprise était en faillite c'est parce qu'il jouait pas mal d'argent au casino et qu'en plus de cela il se tapait une femme marié elle aussi. Mes doutes ont été confirmés. C'est vraiment le pire des connards. J'espère ne jamais le revoir. Malheureusement avec mon déménagement je vois moins mes parents qui ont pourtant étaient d'une grande aide après ma rupture et la mort de Julien. J'ai rencontré un ami qui s'appelle George à mon second travail. Il est serveur et il me sauve de pas mal de situation. Certains croient qu'ils ont le droit de nous violer si on est dans un strip tease. Il est baraqué et complètement hétéro. Au moins je suis sûr qu'il ne voudra jamais rien de plus avec moi. C'est déjà ça dans ma vie.

Je me réveille ce matin de bonne humeur, ce qui est devenu rare chez moi. Je pars préparer le petit-déjeuner pour ma fille et moi. Je vais ensuite dans sa chambre. Je commence par lui faire de petits bisous sur ses joues. Elle grogne légèrement mais ne se réveille pas. Je fais alors des bisous sur son petit ventre. À cette sensation, elle gigote puis finit par se réveiller avec un sourire sur ses lèvres. Au moment où Rose ouvre les yeux elle tend ses bras vers moi. Elle ressemble de plus en plus à son petit frère. Je la prend dans mes bras et lui dis :
- Bien dormi ma puce ?
- Oui papa. Je dois vraiment aller à l'école ?
Elle avance ses lèvres en essayant de faire une moue boudeuse. Je rigole face à son manque de courage pour aller à l'école. Pourtant à la rentrée elle était tellement excité qu'elle courait pour y aller. Après un mois ma fille s'est lassée, pourtant elle a pas finit d'en baver. Je lui réponds donc :
- Oui tu es obligé d'y aller !
- Mais ça dure longtemps !
- Je sais.
Elle commence enfin son déjeuner après cette petite négociation qui est déjà habituelle. Elle se fait une moustache de lait et rigole quand elle se voit dans le miroir. Je l'habille d'une salopette rouge et je lui fais une queue de cheval. Elle est beaucoup trop mignonne pour mon bien. Elle enfile son cartable et on part pour l'école. En arrivant je vois un père avec un enfant dans les bras. Le petit sanglote et s'accroche à son père. Son père le rassure comme il peut. Cette image me fait penser à Julien et moi au début de notre rencontre. Un sourire nostalgique prend place sur mon visage. Rose tire sur ma manche. Je reviens à la réalité et lui fais un bisou sur la joue. Elle part donc en rigolant. Je pars donc à mon job d'enseignant.

Ma classe est plutôt calme, j'ai maintenant des CM2. Je travaille jusqu'à la sonnerie de midi. Je mange seul dans ma classe. J'ai pas envi de rencontrer de nouvelles personnes alors je m'isole. Mes collègues doivent me prendre pour un taré. Une fois avoir terminé je pars vers l'école de Rose. J'arrive un peu après la sonnerie mais sa classe n'est pas encore sortie. Je la vois tenir la main du petit garçon de ce matin. Elle court vers moi et elle me dit :
- Papa j'ai un nouvel ami, il est trop chouette. En plus il s'appelle Tim et c'est trop trop joli !
- Je suis content pour toi ma puce !
Le fameux Tim rougit derrière nous. J'entends un rire derrière moi. Je me retourne et vois le père de Tim. Le petit garçon sourit en le voyant et se précipite vers lui. Ma fille suit son mouvement et bientôt une masse s'accroche à mes épaules. Le père se tourne vers nous et dit :
- Bonjour, je suis content que Tim ait une amie car ce matin il était paniqué à l'idée de ne pas avoir d'amis.
- Moi aussi je suis content car peut-être que Rose arrêtera de chouiner pour partir à l'école.
- Hé ! Arrête de dévoiler tout mes secrets papa.
- Tim a un rendez-vous chez le médecin alors on vous laisse.
Après de brefs au revoir nous partons chacun de notre côté. Rose me raconte toute sa journée le long du chemin. Je souris quelques fois pour lui montrer que j'écoute. En arrivant, elle fait ses devoirs et je corrige mes copies ou j'avance sur mes cours. Nous sommes bien occupés jusqu'au moment de la douche. Après avoir pris chacun notre tour notre douche on décide de jouer aux poupées enfin c'est plutôt Rose qui a décidé. Je rigole beaucoup alors qu'elle prend ça très au sérieux. On mange ensuite des petits pois avec du poisson. Et mon moment préféré arrive : câlin devant la télé. Pendant une demi-heure tout n'est que calme et douceur. Je pars ensuite la coucher et je débarrasse notre table. J'ai beaucoup pensé à Julien aujourd'hui alors je m'autorise à pleurer seul. Pendant une heure j'ai la tête entre les mains et je lâche tout. Je me sens seul mais j'ai peur de me faire trahir à nouveau. Je m'en remettrai pas je crois. Après ce moment de relâchement je pars me coucher.

Le lendemain, le rituel suit son cours. La journée se passe bien et je pars chercher Rose à son école. L'homme d'hier attend lui aussi son enfant. Il vient me voir et je panique légèrement car s'il vient me parler ce ne sera pas de Rose et donc de moi. Il est hors de question qu'il sache la moindre information sur moi. Il arrive et dit :
- Bonjour, je n'ai pas eu le temps de me présenter hier mais je m'appelle Antoine.
- Bonjour, je m'appelle Louis.
Ça va, ce n'est que mon prénom, il aurait fini par le savoir un moment ou un autre. Soit fort Louis et ne lâche rien. Merde, il continue à me parler :
- Et tu fais quoi comme travail ? Moi, je suis photographe.
- Je suis instit.
- Tu parle pas beaucoup !
Il rigole mais heureusement la sonnerie me sauve de cette rencontre non-consentante. Je vois ma fille courir vers moi. Et un de mes rares sourires prend place sur mon visage. Elle est vraiment tout pour moi cette gosse de quatre ans. Je fais de rapides salutations et on se dirige dans notre petit appartement qui est malgré tout chaleureux. On mange notre goûté et pour changer je décide d'aller au parc car il fait plutôt chaud pour fin septembre. Rose court directement vers le bac à sable. Et une mauvaise surprise m'attend. Je vois aussi Tim dans le bac à sable et qui dit Tim dit Antoine. Je vais tout faire pour me cacher mais il faut que je prenne d'abord ma fille avec moi. Ce mec est beaucoup trop intrusif pour moi. Je sais qu'il m'en faut peu mais je ne VEUX PAS qu'il se mêle d'autre chose que de lui. Malheureusement, la mission échoue et il s'approche de moi. Je suis dans la grosse merde. Il sourit et dit :
- Je pensais pas te trouver là. En même temps ça fait deux jours que j'ai emménagé à Paris.
- Super.
- T'es vachement ouvert comme mec ! Je te préviens, je vais pas te lâcher si ta fille devient la meilleure amie de Tim. Tu voudrais pas qu'ils soient malheureux à cause de ton manque de sociabilité.
Quel enflure ! Il est en train de me manipuler. Je suis choqué et il est photographe ce mec ! C'est un danger ! En voyant ma tête il se tape un fou rire.
- Je rigolais tu sais ! C'est trop drôle ta tête de choqué !
Il est en train de se payer ma tête. C'est un véritable connard. Je le déteste vraiment. Je lui tourne le dos et appelle Rose. Quand il voit que je vais rentrer, il me dit :
- Non mais je recommencerai plus si c'est ça. Reste, profite avec ta fille je te dérangerai plus.
Finalement, il est pas si horrible que ça. Non il faut pas que je dise ça sinon je vais commencer à m'attacher à lui et c'est mort. Je recommence pas sinon je vais me faire trahir. Je reste donc et il ne me parle plus. Tant mieux sinon j'aurais craqué et je serais sûrement devenu ami avec lui. C'est mieux comme ça.

Après une heure à avoir joué Rose montre des signes de fatigue. Je décide de la rappeler car il lui reste des devoirs à faire. Au moment de partir Antoine me glisse un faible salut. Je crois que je l'ai blessé mais c'est vraiment mieux comme ça. Je lui rends même un service. On arrive chez nous et la routine du soir commence : devoirs, douche, dîner et câlin. Mais le moment calme est brisé par une question de Rose :
- Je sais que le garçon sur la photo dans l'entrée c'est mon grand frère mais il est où ?
- Il est mort d'une maladie mais il t'aimait beaucoup.
- Comment tu le sais, il te l'a dit ?
- Avant votre arrivée chez nous vous étiez avec une méchante dame qui était votre mère. Et quand je l'ai vu rentrer dans ma classe j'ai compris que quelque chose n'allait pas. Alors je lui est parlé à la récrée et il m'a avoué que sa maman lui faisait beaucoup de mal. Alors on euh j'ai décidé de le prendre avec moi. Et j'ai appris que tu étais là toi aussi, alors je pouvais pas vous laisser avec cette méchante personne. Et à chaque fois que tu pleurais il courrait pour venir s'occuper de toi. Ça c'est une preuve qu'il t'aimait beaucoup.
- Et du coup elle est où maman ? Elle va revenir pour me faire du mal à moi aussi ?
- Non, jamais je ne laisserai faire ça. Elle a déjà fait trop de mal à Julien.
- Merci papa de nous avoir sauvé, je t'aime.
Après ces confessions elle s'endort, je la porte dans son lit. Des larmes coulent sur mes joues. C'était tellement dur de parler de Julien à Rose. Cela devait arriver un jour. Mais ça me brise le cœur à chaque fois que je parle de lui à voix haute. Je m'endors sur cette triste pensée. Un cauchemar me réveille dans les alentours de 4h00 du matin. Je ne vais pas me rendormir. Je nettoie tout l'appartement jusqu'à 7h00 du matin où je pars réveiller Rose. Aujourd'hui on est vendredi alors ce soir je fais mon second job. La journée se passe normalement et j'arrive à la sonnerie de l'après-midi pour la récupérer. Heureusement Antoine ne vient pas me parler, mais en voyant son abandon je ne peux pas m'empêcher d'être légèrement déçu. Je ne sais pas si je dois aller lui parler pour m'excuser. Ça serait bizarre après ce que je lui ai dis ? Je me prend la tête avec quelqu'un que je ne connais même pas. Qu'est-ce que je peux être bête. J'irai lui parler lundi. J'ai pas la force d'y aller aujourd'hui. Rose arrive enfin et me sauve de mon dilemme intérieur. Je pars directement de peur de tomber sur son regard inquisiteur. Je vais déjà assez mal, pas besoin d'en rajouter.

Adoption tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant