Partie I Chapitre 8: Le deuil

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Ginny Weasley avait toujours eu en elle une force de caractère, de plus elle n'avait jamais eu peur de tenir tête à quelqu'un, sûrement l'une des conséquences d'avoir grandi avec six grands frères auprès d'elle. Cependant depuis la mort de celui qu'elle aimait depuis ses onze ans, quelque chose s'était éteint en elle. Cela se remarquait par de petites choses comme ses yeux flamboyant qui avaient perdus leurs étincelles ou encore son teint qui paraissait plus terne. Si auparavant, elle était connue pour être joyeuse et drôle, il ne restait chez elle dorénavant plus rien de malicieux.

Lors de son arrivée, en tant que prisonnière chez Blaise Zabini, la jeune fille s'était plongée dans un profond mutisme et ne cessait de repenser à cette fameuse bataille où elle y avait perdu un frère et l'amour de sa vie. Pourtant beaucoup de prisonniers étaient arrivés le même jours qu'elle, dont Luna Lovegood avec qui elle avait passée de nombreux moments à Poudlard et au sein même de l'Armée de Dumbledore. Luna avait pourtant essayée en vain de la faire parler, de l'inviter lors des réunions que les prisonniers organisaient le soir pour se remonter le moral, mais rien n'y faisait. Ginny Weasley désirait rester seule.

Depuis maintenant un mois, ses journées se déroulaient toujours de la même manière : elle se levait, et travaillait aux cuisines, Blaise Zabini l'avait placé là en espérant pouvoir goûter aux recettes de famille dont seule Molly Weasley avait le secret. Une fois que sa journée de travail était fini  elle se rendait au dortoir des prisonniers, elle ajoutait avec une craie un trait sur le mur qui se situait près de son lit,pour ne pas perdre le fils des jours, et s'endormait l'âme en peine. Pour garder le moral, Ginny s'efforçait de se dire qu'elle était bien tombée dans son malheur, en effet Blaise Zabini n'était pas quelqu'un de mauvais et de foncièrement méchant. Les prisonniers avaient malgré tout de la chance, ils étaient nourris, blanchis et bien traités. De plus, ils ne le voyait que très peu puisque le jeune homme s'enfermait dans sa chambre ou son bureau.

La jeune femme se questionnait beaucoup à son sujet, certes ils avaient été à Poudlard ensemble, mais elle avait un an de moins que lui et surtout elle était à Gryffondor et lui à Serpentard. La seule information qu'elle avait été le fait qu'il soit le meilleur ami de Drago Malefoy. Ce pourquoi Harry, avait tant désirait qu'elle soit prisonnière chez lui. Pendant les deux premières semaines, elle avait essayé d'avoir des informations, de l'espionner mais il était resté caché dans son bureau. Elle avait alors abandonné, et s'était replongée dans ses pensées.

Un soir, alors qu'elle n'arrivait pas à dormir, elle se leva pour s'aérer l'esprit et marcher dans le parc du Manoir. Elle marcha doucement sur l'herbe fraîche avant d'atteindre un petit banc devant une fontaine, pour s'asseoir et regarder les étoiles. Alors qu'elle était en pleine réflexion bercée par le bruit de l'eau, quelqu'un vint s'asseoir auprès d'elle.

« Qu'est-ce que tu fais là seule et en pleine nuit Ginny ? demanda la personne »

La jeune femme osa regarder qui lui parlait, et vit sous ses yeux un homme métisse aux cheveux noir, des yeux marrons en amande. Blaise Zabini, celui qu'elle avait essayé d'espionner se trouvait là assis près d'elle. Ne voulant pas être dérangée elle décida de ne pas répondre.

« J'ai entendu des bruits de couloirs à ton sujet, et du fait que tu ne parlais à personne... reprit-il

Une fois encore Ginny, le regarda dans les yeux, pour lui montrer qu'elle n'avait pas peur de lui mais sans lui répondre. Quelques minutes passèrent lentement avant qu'il n'ajouta :

« Tu sais, ne plus dire un mot ne feras pas revenir Harry Potter...

- Comment ose-tu parler de lui ? Tu ne le connaissais même pas ! lui cria t-elle au visage »

Ses yeux jusque ici, inexpressif prirent une toute autre teinte et devinrent sombres. Blaise surpris par ce changement dit calmement :

« Doucement je ne voulais pas t'énerver, seulement te faire réagir. Ta réputation ne ment pas, tu es vraiment impulsive.. Mais crois moi je comprend mieux que quiconque ta peine..

- Ah oui ?! J'aimerais bien savoir ce que tu as perdu toi pendant la guerre ! cracha t-elle

- Ginny, votre camps a perdu de nombreuses personnes, dont Harry Potter c'est indéniable, mais nous avons aussi perdu du monde. Tu as perdu celui que tu aimais, mais moi aussi j'ai perdu celle dont j'étais  amoureux.

- Oh, j'ai entendu parler de la mort de Daphnée Greengrass, je ne savais pas que c'était sérieux entre vous.. dit-elle gênée alors que ses joues se mirent à rougir

- Aussi sérieux que ça pouvait l'être, cela faisait un an que nous étions ensemble mais du plus loin que je me souvienne, je crois bien que je l'ai toujours aimé. Nous étions peut-être à Serpentard, mais Daphnée était la fille la plus douce que je n'ai jamais connu, mais cela ne l'empêchait pas d'être ambitieuse et d'avoir toujours ce qu'elle voulait.. C'est sûrement son physique de petite fille parfaite qui lui permettait d'arriver à ses fins, je ne sais pas. Quoi qu'il en soit elle était magnifique... Désolé je te parle d'elle mais tu t'en fous sûrement. Je vais te laisser.

- Non, attend !lui dit-elle lorsqu'il s'était levé, reste, il parait que parler à un inconnu c'est plus facile qu'a l'un de ses proches. Et d'après ton regard tu as bien besoin de parler. Je dois t'avouer que moi aussi.

Blaise se rassit près d'elle en attendant qu'elle lui parle de nouveau, mais elle avait l'air dans ses pensées. Blaise la regarda un instant et vit à quelle point la tristesse se lisait sur son visage.

- Je ne sais pas comment faire.. Et je n'ai pas la moindre idée de comment je vais.. commença t-elle, au plus profond de moi j'avais toujours imaginé, que Harry gagnerait et tuerait Voldemort. Que l'on aurait réussi à dépasser tout ça. J'avais déjà tout prévu : à la fin de la guerre il serait devenu Auror et moi je me serais lancée dans une carrière de poursuiveuse au Quidditch... Au bout de quelques années nous nous serions mariés et nous aurions eu des enfants.. Mais voila, il est mort.. Et je me retrouve seule, sans lui à ne pas savoir quoi faire. Je vois encore son visage et j'entends encore le son de sa voix, et la seule chose qui m'effraie, c'est d'un jour les oublier. Il me manque, tous les jours, c'est constant.

- Peut-être que c'est le début d'une toute nouvelle aventure pour toi, tu feras peut-être quelque chose de différents. De mieux encore... dit le jeune homme pour la réconforter

- J'ai bien peur que ce ne soit pas possible.."

Une larme coula, sur la joue de Ginny. Blaise la regarda sans savoir quoi dire, il ne s'imaginait pas, en venant s'asseoir auprès d'elle  que la jeune rousse se confierait ainsi en lui disant ce qu'elle ressentait réellement. Alors sans savoir pourquoi il passa un bras autour de ses épaules et l'attira contre lui. Il sentit alors le corps de Ginny se relâcher et elle explosa en sanglots. Après tant de jours passés sans dire un mots, ni un son, Ginny venait enfin de s'exprimer. La guerre avait brisée bien des choses, y compris son cœur et ses rêves.

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