Cauchemar et ronde nocturne

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Tout n'était que flammes et douleur. Noyée dans ce brasier ardent, une petite fille pleurait toutes les larmes de son corps, la chaleur lui brûlant les entrailles à mesure qu'elle n'arrivait à tirer la silhouette qui gisait à ses pieds.

- Karmelys, hoqueta t-elle entre deux pleurs. Je t'en supplie, lève toi ! Lève toi..., gémit t-elle un peu plus fort dans une plainte brisée.

Et en écho à ses pleurs, la veille dame qui gisait à ses pieds ouvrit faiblement les yeux, une larme silencieuse roulant au coin de l'oeil. Levant faiblement la main, elle effleura de son revers le visage de sa petite fille d'un geste tendre.

- ...va..., souffla la vieille dame dans un faible sourire, poussant doucement sa petite fille. Va Emy...

Et voyant la fillette trembler de tout son corps, d'immenses flammes léchant les hauts murs de la pièce, Karmelys la supplia de partir, lui promettant qu'elle allait la rejoindre. La poussant un peu plus fortement, Emy finit par s'éloignée d'un pas incertain, la terreur déformant ses traits, se protégeant de ses bras quand des débris de la bâtisse venaient à s'écraser au sol.

Et revenant pour embrasser sa grand mère dans un désespéré geste de tendresse, la petite fille s'enfuit à perdre haleine. A peine Emy avait elle passé les restes de la porte qu'une poutre enflammée percuta violemment la vielle dame, laissant les flammes danser dans ses yeux morts.

D'habitude d'une magnifique teinte améthyste, ses iris abordaient maintenant une macabre couleur rouge sang. Malgré le bruit étourdissant de l'immense brasier, une musique mélancolique semblait résonner dans tout le manoir, telle une marche funèbre annonçant la mort.

Emy courait toujours, slalomant entre les décombres du manoir, la peau brûlée par endroit. Et cette musique. Cette horrible musique qui ne cessait résonner dans sa tête. Elle finit enfin par franchir les hautes portes de l'entrée, tombant allongée dans l'herbe humide tandis qu'elle suffoquait douloureusement, l'air froid lui brûlant les entrailles.

Ses cheveux bruns sauvages lui collaient au visage, se mélangeant étrangement avec les brûlures qui jalonnaient sa peau. Et a mesure que ses yeux améthystes s'ouvraient d'effroi, Emy se retourna, ses mains glissant dans la boue que la nuit noire ne parvenait à faire disparaître. Malgré la pluie qui continuait de tomber, elle gardait les yeux grands ouverts, les larmes d'effroi glissant le long de son visage, comme aspirée par cette macabre vision qu'était celle de ce manoir en feu.

Guettant le moment où sa grand-mère allait enfin sortir de cet enfer, le désespoir semblait lui broyer les entrailles à mesure que toute bride de raison la quittait, l'âme au vent. Plus aucune pensée cohérente n'arrivait à se former dans sa tête, la terreur tuant vicieusement cette lumière qu'elle n'arrivait à retrouver. D'immenses flammes s'échappaient des fenêtres, formant un halo de lumière safranée autour de la bâtisse, l'obscurité avoisinante empêchant la fillette de détacher ses yeux du macabre spectacle qui s'offrait à elle.

La vielle dame n'apparaissant toujours pas, Emy sembla alors cracher dans cette terrible douleur toute la souffrance qui l'accablait. Puis tout devint noir.

Se réveillant dans un violent sursaut, Eilya ouvrit grand les yeux, les battements erratiques de son coeur résonnant dans tout son être. Puis, laissant glisser son regard tremblant sur les environs, elle ne trouva qu'obscurité et tranquillité. Plus aucunes flammes. Rien. Poudlard. Elle était à Poudlard.

Roh la vache... Se laissant lourdement retomber sur le matelas, un profond soupir passant ses lèvres, elle ferma les yeux tandis qu'elle se massait le visage. Le froid semblait glisser sur ses cheveux que la sueur avait collé aux tempes. Eurr... Elle devait sentir le phoque maintenant... Super...

Les serpentards ne sont pas tous des abrutis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant