Rock'n'roll et débriefing

4.9K 389 129
                                    

Au centre d'une salle de bal magnifiquement décorée, une petite fille et sa grand mère se tenaient devant de grandes fenêtres ouvertes. Celles ci laissaient voir un jardin verdoyant où une fine brise d'été venait doucement agiter les feuilles de quelque arbre avoisinant. Emy et Karmelys se postaient là, l'une en face de l'autre, en plein contre jour, ne laissant distinguer que leurs sombres silhouettes. Dans un coin de la grande salle, un orchestre ensorcelé jouait quelques valses célèbres.

- La valse est une danse rapide en couple, déclara la vieille dame dans un petit sourire. Es tu certaine de vouloir l'apprendre ?

La petite fille hocha vigoureusement de la tête. Emy voulait apprendre à danser comme les magnifiques dames qu'elle avait vu lors de la réception, le mois dernier. Elle s'était cachée derrière sa grand-mère, intimidée par tous ces gens si impressionnants, et c'était à ce moment précis qu'une valse avait débutée. Les couples s'étaient alors mis à bouger sur la piste, laissant voir de gracieuses femmes pourvu de splendides robes, danser avec élégance. Alors oui, elle voulait absolument savoir valser.

- Je ferais le garçon, continua calmement Karmelys. Pose ta main gauche sur mon bras et donne moi ton autre main. Voilà. Comme ça... Maintenant mets tes pieds sur les miens et laisse toi aller, ajouta-elle en lui faisant un clin d'œil.

La masse sombre des deux corps enlacés se mit alors à bouger doucement, comme enveloppée par cette si douce mélodie dont l'écho semblait résonner dans les hauts murs de la salle. Voyant qu'elle suivait parfaitement, la vieille dame accéléra la cadence faisant rire joyeusement sa petite fille. Après quelques minutes de ce traitement, Emy se mit à bouger les pieds, d'elle même, suivant comme elle pouvait les pas de sa grand-mère.

- N'aie crainte Emy, tu n'as pas à savoir valser parfaitement dès ta première leçon. Je serrais toujours là...

Je serrais toujours là...

Et tandis que ces derniers mots résonnaient encore dans la pièce, le songe se troubla soudainement, faisant apparaître de grandes teintes safranées. La musique se transforma peu à peu pour laisser place à une triste mélodie. C'était cette mélodie. Celle qui résonnait dans tout le manoir. La masse sombre d'Emy et Karmelys se mouva alors, formant deux silhouettes distinctes, une parterre et l'autre agenouillée à ses côtés tandis que d'immenses flammes léchaient les murs.

Et le terrible cauchemar reprit. Eilya revoyait tout. La mort de Karmelys, le manoir en feu, l'agonie de la petite fille et c'est la respiration haletante qu'elle se réveilla. Tremblante, gisant parmi les draps entremêlés, elle poussa un profond soupir, fermant douloureusement les yeux. Elle n'en pouvait plus. Dès qu'elle le pourrait, elle irait à l'infirmerie demander des potions de sommeil sans rêve. Ses cernes semblaient étrangement rappeler la couleur de ses yeux, lui donnant une tête de zombie plus qu'autre chose.

Et se jetant pour la énième fois un sort de glamour, elle alla se cacher sous les draps, la respiration plus calme. Cette fois le songe avait été différent. Le début avait été plus doux... Plus paisible... Comme lorsque l'on regarde une scène touchante avec un sourire bienveillant posé sur les lèvres. Eilya ressentait parfois ce bien-être éphémère lorsqu'elle observait un vieux couple s'embrasser ou se câliner. Cela lui apportait une petite part de bonheur, sachant qu'aimer ainsi était possible. Aussi, voir une grand-mère et sa petite fille danser était un rêve très agréable. Eilya aimait aussi valser. Elle ne se souvenait plus exactement comment elle l'avait appris mais cela faisait parti des choses simples de la vie qu'elle appréciait. Lors des grandes réceptions que donnaient ses parents, la jeune femme avait quelques fois partagé une danse avec un homme.

Sauf que généralement, soit il était aussi raide qu'un piquet, soit il avait les mains baladeuses. Alors la jeune femme s'était résignée. Préférant éviter le plus possible la gente masculine lors de ces soirées mondaines d'un ennui abyssal. Seul Sirius arrivait à les rendre supportables lorsqu'ils étaient jeunes. Ils se mettaient alors à courir à toute vitesse dès que leurs parents baissaient la garde et s'enfermaient dans une chambre pour parler de leur future rentrée à Poudlard.

Les serpentards ne sont pas tous des abrutis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant