Les serpentards ne sont pas tous des abrutis [Terminée]

Le repère des maraudeurs

Toute personne normalement constituée aurait, après la retenue avec Potter, sauté sur l'occasion pour aller rejoindre les maraudeurs le lendemain matin au petit déjeuner. D'autant plus quand le Potter en question, chouchou de Gryffondor, vous faisait signe, persuadé que vous alliez venir lui dire bonjour. Mais non. Eilya n'était certainement pas une personne comme les autres.

Elle ne vint pas les saluer pour la bonne et simple raison qu'elle était terrifiée. Terrifiée par l'inconnu. La jeune femme ne savait pas comment se comporter. Il était tellement plus facile d'ignorer. Certes elle avait autorisé Lupin à l'appeler par son prénom mais elle ne se leurrait pas. Il finirait par la rejeter tout comme Sirius l'avait rejetée auparavant. Cette peur de l'abandon, de dépendre de quelqu'un, de la solitude. Car Eilya était seule. Malgré sa famille, malgré ses soi disant amis et ses connaissances, la jeune femme était atrocement seule. Aussi, face à un Potter tout sourire, elle choisit la voie de la facilité. Elle mit en application son superbe plan de repli et migra hâtivement vers la table des serpentards, s'asseyant entre Rogue et la nympho. Au moins ici, elle était sûre que Lupin et ses compères n'oseraient pas venir l'y déloger. Pour faire bonne mesure, elle lança son fameux regard « Crève ! » et se mit à creuser son petit trou de la table. Ça c'était bien. Conserver ses habitudes. Le trou restait fidèle au poste, attendant patiemment chaque repas que sa maîtresse vienne l'agrandir. Lui ne risquait pas de l'abandonner. Pas de sentiments, pas de douleur.

- Mais qu'est ce qu'elle a ? s'étonna James. Hier on s'entendait pourtant bien.

- Laisse lui du temps James, déclara Remus, en posant la main sur son épaule. C'est trop tôt. Tu t'attendais vraiment à ce qu'elle baisse sa garde dès le lendemain ?

- Moony, mais de quoi tu parles ? Sa garde ?

- Elle se méfie encore de nous. Comprend la James. Elle est seule, entourée de gens tous plus médisants les uns que les autres et nous on arrive comme des fleurs en lui demandant d'être son ami. Avoue qu'il y a de quoi être un minimum perturbé.

- Je suppose...

- Aller viens. Eilya viendra lorsqu'elle se sentira prête.

-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:-:

Cachée derrière la statue d'un immense troll, une panthère noire se dissimulait dans la faible pénombre. Les rayons du soleil traversaient les vieux vitraux, baignant dans la lumière un couloir abandonné du quatrième étage. Une douce chaleur y régnait. On pouvait apercevoir de temps en temps la poussière ou un insecte filtrer doucement les rayons lumineux. Tout était paisible. Parfois, un battement d'aile de quelque oiseau niché dans les combles du château venait perturber cette si douce quiétude.

La panthère était là, tapis dans l'ombre. Son pelage aussi noir que l'ébène, elle guettait, les lieux de ses grands yeux améthystes. Toute personne un tant soi peu observatrice aurait constaté en premier lieu, qu'une panthère noire au beau milieu d'une école était chose peu courante, même si cette école se nommait Poudlard. Ensuite, en approfondissant son observation, cette même personne se serait alors posée des questions sur la curieuse couleur des iris de l'animal et aurait abouti à l'irréfutable conclusion qu'elle était en présence d'un animagus.

Eilya continuait de fixer le couloir toujours vide. Elle avait surpris, plutôt dans la journée, des chuchotements entre Potter et Sirius. Si au début elle s'était persuadée qu'il s'agissait que d'un énième plan foireux, les regards inquiets que jetaient les garçons vers Lupin avaient vite remis en question son jugement quelque peu hâtif. Cela n'aurait pu être qu'un vulgaire affolement de la part d'amis soucieux mais leurs regards les trahissaient. Il y avait plus. Oh oui... Tellement plus... Eilya en était certaine. Durant ses rondes avec Lupin, elle n'avait jamais remit le sujet du surnom sur la table. Moony... Ce surnom suintait à lui seul le mystère.