Quand tout se barre en sucette

4.7K 350 198
                                    


La bibliothèque, bien que désertée par un nombre assez important d'élèves, restait l'endroit clé de Poudlard. Tout le monde savait pertinemment que cet endroit n'était pas qu'un simple lieu relativement silencieux, remplit de vieux livres poussiéreux et gouverné d'une poigne de fer par la vieille morue de Pince. Oh non... La grande bibliothèque de Poudlard était plus... Tellement plus... C'était le centre originel de toutes les rumeurs qui régissaient la vie de l'école. Le moindre petit potin, la moindre petite information s'enflammait, slalomant entre les rayons, sautant de table en table puis passait les portes pour se répandre dans tout Poudlard telle une traînée de poudre. Vous vous êtes lamentablement ramassé au dernier examen de métamorphose ? Et pouf ! Tout le monde le savait ! Vous avez un mauvais transit intestinal ? Et paf ! Plus aucun secret ! Niet ! Toute personne un tant soit peu intelligente savait pertinemment que venir à la bibliothèque avec un petit secret revenait à se condamner soi même aux commérages.

Aussi, lorsqu'un Remus, complètement captivé par une Eilya en plein travail, bavait limite d'extase, c'était loin de passer inaperçu. Son pauvre devoir d'astronomie restait sur la table, seul et totalement abandonné par son auteur. Fallait dire que sa nouvelle option scolaire « Etude et observation intensive d'Eilya Connors » était devenue une occupation à plein temps. Et c'était sans s'en rendre compte qu'il continuait de la fixer. Il fallait bien avouer qu'elle offrait un tableau des plus charmants. Ses boucles folles, retenues dans un chignon lâche, laissaient échapper quelques mèches indomptables qu'elle s'amusait à entortiller avec son index. Elle mâchouillait doucement le bout de sa plume, les yeux rivés sur son parchemin. Parfois, elle grimaçait lorsqu'elle avalait malencontreusement un morceau de plume, faisant apparaître un petit sourire sur les lèvres de Remus. De temps en temps, elle poussait un grognement de frustration quand quelque chose la contrariait. Et puis, lorsqu'elle était soudainement frappée par une illumination divine, elle se mettait à gratter frénétiquement son parchemin en tirant légèrement la langue de manière enfantine. Alors, après un sourire satisfait vers sa copie, elle relevait la tête, regardant d'un air victorieux les autres élèves en galère. Merlin qu'elle aimait ces moments de toute puissance !

Remus ne s'était même pas aperçu que la moitié de la bibliothèque le fixait ouvertement, murmurant des informations, des détails croustillants. Aussi l'heure était aux paris, car assurément Connors et Lupin étaient loin d'être de simples amis. Il n'y avait qu'à voir les regards meurtriers de la jeune femme dès qu'une donzelle téméraire approchait. C'était on ne peut plus clair : « Ose t'approcher d'un millimètre de plus et je t'atomise dans la nanoseconde qui suit ! ». Autant vous dire que les donzelles faisaient vite demi-tour.

Bref, Remus continuait de mater allègrement tandis que les trois autres abrutis qui lui servaient d'amis se fendaient littéralement la poire à côté de lui. Eux ? A la bibliothèque ? Et oui, aussi étrange que cela puissait paraître, Eilya et Remus avaient fait le forcing pour que les garçons finissent leurs devoirs de la semaine précédente. Devoirs qui continuaient d'attendre au profit d'une occupation nettement plus poilante. Ils avaient réussi à choper un magazine de beauté qui procurait des sortilèges de maquillages "absolument divins" selon l'article.

- Oh celui-ci ! Chuchota James en pointant du doigt un sortilège.

Sirius gloussa discrètement et murmura l'incantation vers leur cobaye. Remus était tellement amorphe qu'il n'avait même pas remarqué qu'il arbora un fard à paupière bleu absolument immonde avec un anneau dans le nez. Les trois abrutis partirent dans un violent fou rire silencieux, les faisant limite suffoquer.

- Merlin qu'il est chou notre Moony ! murmura Sirius entre deux rires. Oh James celui-ci !

Nouveau petit coup de baguette. Remus arbora un bon centimètre de fond de teint, agrémenté d'un rouge à lèvre rouge paillettes et d'une bonne dose mascara. Mais le top, le petit plus qui rendait une chose unique était ses deux minuscules couettes qui s'agitait dans tous les sens dès qu'il bougeait la tête. Les trois décérébrés repartirent de plus belle, jetant violemment le tête en arrière, riant à gorge déployée avec une bonne partie des élèves. Pince, dont ce soudain vacarme venait de foutre en rogne, se précipita sur Remus tel un dragon près à becter sa proie.

Les serpentards ne sont pas tous des abrutis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant