Chapitre 7 : Proximité

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Deux mois s'étaient déroulés depuis qu'Airy avait prêté l'œuvre médicinale à Gabriella. Cette dernière l'avait fini en un temps record et s'était bien pressée de le remettre comme convenu à sa place originale. Cependant, elle ne s'attendait pas à ce que le roi lui proposât de prendre un nouveau livre dans sa bibliothèque. Tout naturellement, elle avait d'abord décliné l'offre, ne pouvant accepter une telle proposition. Mais finalement, sa passion pour les livres avaient pris le dessus et désormais, chaque fois qu'elle finissait un ouvrage et le ramenait dans les appartements de son souverain, elle en empruntait un autre. Cela faisait bien des années qu'elle n'avait pas autant lu, et il n'y avait pas plus beau cadeau pour elle.

Ce jour-là, elle redéposait d'ailleurs un énième ouvrage à sa place quand on toqua à la porte du dirigeant du royaume. C'était de son ressort d'ouvrir quand le roi était occupé, comme présentement alors qu'il se lavait. Ce fut ainsi qu'elle se dirigea vers l'entrée et se permit d'abaisser la poignée. En ouvrant la porte, elle découvrit le visage du bras droit d'Airy : Milon, chef de la garde royale.

- Est-ce que sa Majesté est ici ?

Le garde parlait de façon très soutenue dès qu'il s'adressait à Gabriella, mais pour avoir déjà été présente lors d'une discussion entre les deux amis, elle savait qu'il ne se comportait pas aussi solennellement quand il n'y avait que le souverain avec lui.

- Sa Majesté se lave. Voulez-vous que je la prévienne de votre venue ?

Honnêtement, la rousse pensait que le grand brun lui dirait que ça n'en valait pas la peine, mais la réponse fut toute autre :

- S'il vous plaît. Dite lui de me rejoindre au plus vite dans la salle du trône.

La servante hocha la tête et partit dès le bras droit du roi parti en direction de la salle de bain. Elle toqua à la porte lentement et entendit une vague réponse de roi Airy.

- Le chef de la garde royale Milon vous demande urgemment, Sire.

Elle entendit l'homme au bain pester, puis à nouveau s'adresser à elle :

- Apporte-moi une tenue Gabriella.

La servante s'activa vers la luxueuse garde-robe du dirigeant et en sorti une tenue habillée qui pourrait convenir à toute occasion.

- Voulez-vous que je la laisse devant l'entrée, Sire ?

- Non, apporte-la-moi.

Si c'était un ordre, elle imaginait avoir le droit de rentrer dans la salle de bain alors que le souverain se trouvât à l'intérieur, même si cette interdiction faisait partie des premières règles que ce dernier avait énoncées. Ainsi, elle ouvrit timidement le cadrant, l'habit à la main, et entra dans la salle de lavage embrumée de vapeur d'eau.

En la voyant, le roi sortit de son bain, entièrement dévêtu. Il attrapa une serviette qui traînait à côté et s'essuya rapidement. Les joues de Gabriella s'enflammèrent. C'était la première fois qu'elle voyait un homme nu. Elle savait que beaucoup de servante avait pour rôle de vêtir leur maître, mais le roi Airy le lui avait jusqu'alors interdit. Le dirigeant de Nekavland rit d'ailleurs discrètement de son embarras mais se contenta d'attraper la tenue que la servante tenait sans faire de commentaire.

- Videz le bain.

- Bien sûr... Sire, répondit-elle timidement tandis que cette dernière quittait ses appartements, à peine vêtu.

Il fallut bien quelques minutes à Gabriella pour reprendre ses esprits et oublier le corps sans artifice de son dirigeant. La magnificence du souverain était vantée dans de nombreux royaumes voisins. Plutôt grand, blond aux yeux verts, taillé par les combats à l'épée, il remplissait bon nombre de critères de beauté contemporains. Au-delà d'avoir le privilège d'épouser le roi de Nekavland, les propositions de fiançailles fusaient également pour cette qualité. Un bel époux, c'était aussi le rêve de beaucoup de femmes. Après tout, la beauté, œuvre de l'univers, était l'assurance d'une descendance forte dans l'esprit de chacun.

Gabriella n'avait étonnement jamais songé à son mariage. A vrai dire, elle avait tardé à regarder les hommes d'un œil charnel. Avec les années, la chose était venue, naturellement. Mais par rapport à bon nombres des femmes de son âge, elle ne s'était jamais imaginée des fiançailles luxurieuses avec le plus bel homme de sa région. Malgré tout, elle ne pouvait le nier : pour elle aussi, le roi Airy était beau. Très beau, d'ailleurs. C'était un homme intelligent et bon certes, mais aussi indéniablement séduisant. Et il ne faisait aucun doute qu'il pouvait faire rougir n'importe quelle dame.

...

Quand le roi revint enfin dans ses appartements, la servante était toujours présente. Elle l'accueillit par une révérence, comme toujours. Malheureusement pour elle, l'image soudaine du corps nu du roi lui revint en tête. Aussitôt, ses joues rougirent et elle dût détourner le regard pour ne pas le montrer. Peine perdue, Airy avait déjà tout vu.

- Tu ne devrais pas être si gênée, cela fait partie de tes fonctions.

- Je ne le suis pas... Sire.

Il rit.

- Si tu le dis. Tu m'aides à retirer ma tenue ?

Gabriella hocha lentement la tête. Cela non plus, il ne le lui demandait jamais.

- C'est simplement que j'ai été surprise de pouvoir rentrer dans la salle d'eau, se sentit-elle obligée de dire pour combler le silence.

Le dirigeant haussa un sourcil, peu convaincu.

- Je pense que si tu étais rentrée dans la salle et que j'avais été vêtu, tu aurais été moins étonnée.

Ne trouvant cette fois rien à répondre, la jeune femme se contenta de défaire les soudures du veston. Une fois fait, elle le lui ôta et le posa sur une chaise voisine. Elle revint vers son souverain et commença à délasser les manches de la chemise blanche. C'était une tâche fastidieuse car les habits de Nekavland présentaient toujours beaucoup de lacets, bien plus que nécessaire.

Airy attrapa sans violence le poignet de Gabriella et l'arrêta dans son geste. Sans lui laisser le temps de bredouiller quoique ce soit, il avança jusqu'à la plaquer contre l'une des grandes armoires de la pièce, le bras au-dessus de sa tête.

- Sire, qu'est-ce que vous...

Elle laissa sa phrase en suspens, et profitant de l'occasion, le roi se pencha et déposa ses commissures narquoises sur les lèvres de sa sujette.

Ce soir-là, Gabriella découvrit une tout autre facette de son roi.

La Servante du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant