Gabriella serra fort son frère dans les bras avant de quitter la chambre qu'on avait attribué à ce dernier. Elle était si heureuse de le retrouver, qui plus est la bonne santé et une couronne sur la tête. Le roi Airy avait tout mis en œuvre pour donner aux invités imprévus toute l'hospitalité qu'ils méritaient. Et la doctoresse lui en était reconnaissante.
Mais désormais, elle devait penser à ce qu'elle allait faire. Rester à Nekavland, ce royaume qui l'avait si chaleureusement accueillie ? Ou repartir à Battupia, comme elle en rêvait toutes les nuits depuis cinq ans ? Elle se sentait si bien dans ce nouveau royaume, d'autant plus qu'elle était désormais doctoresse ! Mais les fleurs bleues de son pays, les chevelures rousses par milliers, le paysage sur la montagne de sa chambre royale... tout cela lui manquait.
Ses pas la guidèrent inconsciemment vers les appartements du roi. Elle n'avait pas vraiment décidé de s'y rendre, cela avait simplement été naturel. Sa main se leva et elle osa taper contre le bois. Elle entendit une vague autorisation quelques secondes plus tard puis traversa l'encadrement de la porte. Elle se retrouva ainsi face au souverain qui ne semblait pas surpris de sa visite. Peut-être même l'attendait-il.
- Tu es heureuse ? demanda-t-il le sourire aux lèvres.
Elle hocha la tête pour le lui confirmer, puis elle s'approcha lentement de lui.
- Je suis désolé que tu aies appris tout cela si brusquement.
Il secoua la tête négativement.
- Je comprends. J'aurais aimé que tu te sentes à l'aise, au fur et à mesure des mois, mais je comprends.
Elle lui sourit.
- C'était encore douloureux pour moi. J'ai dû quitter mon pays sans même avoir le temps de faire le deuil de mes parents et de mon frère. Je laissais mon peuple dans une situation tyrannique et je n'avais plus de titre.
- J'aurais au moins pu te donner un autre travail que servante.
Elle rit.
- En toute honnêteté, j'ai aimé être domestique. Ce n'était pas particulièrement désagréable et moi qui rêvait depuis toute petite d'échapper à mes responsabilités d'héritières, j'étais enfin servie. Et puis je suis doctoresse désormais. Pour la première fois de ma vie, j'ai eu l'impression d'être valorisée pour qui j'étais davantage que pour mon sang, ça n'a pas de prix.
La main d'Airy monta sur la joue de la jeune femme.
- Tu es incroyable, murmura-t-il.
Il remonta ses doigts dans les boucles rousses de la jeune femme, et tira sur l'une pour mesurer sa longueur.
- Tu es vraiment incroyable, répéta-t-il. Si j'avais su, en te voyant nettoyer le haut de mon armoire le premier jour, que je tomberais si irrémédiablement amoureux de toi, je crois que je ne l'aurais pas cru. Je ne savais même pas qu'il était possible d'aimer quelqu'un à ce point.
Gabriella lui sourit et fit un pas en avant. Elle attrapa la main d'Airy dans ses petits doigts et la posa sur sa propre joue.
- Je t'aime, susurra-t-elle à son tour.
C'était la première fois qu'ils exposaient ainsi leur amour. Ils avaient parlé d'attachements, de sentiments. Ils avaient pleuré leur séparation. Mais jamais ils ne s'étaient ainsi confessés. Pas même la nuit passée.
Le souverain se pencha et embrassa les douces lèvres orangées de la princesse.
- Tu es si belle, si intelligente, si bienveillante... chuchota-t-il en se rapprochant encore un peu de son visage. Et maintenant j'apprends que tu es la sœur d'un Roi.
A nouveau il l'embrassa. Gabriella se laissa aller dans cette étreinte, dans ses sentiments. Un an auparavant, elle n'aurait jamais cru ressentir de telles choses pour quelqu'un. Mais Airy était tout ce qu'elle avait toujours recherché sans le savoir, tout ce qu'elle voulait à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie.
- Tu es mon premier choix. Tu l'as toujours été. Je n'arrivais simplement pas à te le montrer.
- J'étais une servante et toi un roi, ce n'était pas possible.
Il hocha la tête.
- Mais tu n'es plus une servante.
- Je sais.
Bien sûr qu'elle y avait pensé. Avec Laban de nouveau au pouvoir, elle reprenait son titre, son sang royal. Et plus aucune des responsabilités d'Airy n'était une entrace à l'amour qu'il lui portait.
- Gabriella, murmura le roi. Acceptes-tu de devenir ma femme ?
Ces mots, elle en avait rêvé. Tant de fois depuis leur rencontre. Mais elle aimait Battupia. Elle aimait son royaume, ses sujets, sa vie d'avant. Elle y était née. Et pourtant, son cœur lui hurlait de rester à Nekavland, cette terre qui l'avait accueillie. Elle lui hurlait de rester avec cet homme qui la chérirait jusqu'à la fin de ses jours. Cet homme qu'elle ne cesserait d'aimer parce qu'il avait honnêtement su voir en elle, de la même façon qu'elle avait su voir en lui.
Lentement, alors que ses doux doigts remontaient le long de la nuque du roi, elle s'entendit à peine prononcer ces quelques-mots qui bouleverseraient sa vie à tout jamais. Ces quelques mots qui feraient d'elle une reine :
- Oui Airy, je le veux.
The End
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La Servante du Roi
Historical FictionL'ancienne servante du roi de Nekavland est partie, et Gabriella doit dorénavant la remplacer. Mais il se pourrait bien que le roi Airy ait besoin de plus qu'une cheminée allumée à son réveil, comme par exemple d'une présence féminine dans son lit. ...