Chapitre 24 : Annulation

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Les jours qui suivirent l'incident furent chargés. Si Gabriella se remettait doucement de sa chute, Airy avait quant à lui eu beaucoup à faire. Et pour commencer, il avait dû confronter sa fiancée.

Étonnement, l'Altesse n'avait même pas essayé de nier. Était-il normal dans son royaume de traiter les sujets ainsi ? Elle avait justifié son geste en affirmant qu'elle avait entendu des choses sur la relation que lui et la servante entretenaient alors qu'elle était au château et, en tant que future reine, elle n'avait pu tolérer un tel manque de respect. Airy avait fait de son mieux pour garder son calme, et heureusement Milon avait été à ses côtés pour l'y aider.

Il lui avait finalement simplement répondu que puisque la situation ne lui convenait pas, les fiançailles étaient annulées et elle ne serait donc jamais Reine de Nekavland. D'après l'expression qui avait habité son visage, la noble ne s'était sûrement pas attendue à une mesure aussi drastique de la part du roi, mais ce dernier n'était pas du genre à laisser impuni un tel comportement, même s'il venait d'une princesse. La princesse Ondine avait bien essayé de justifier de nouveau son comportement par un excès de colère qu'elle regrettait – ce qui n'était qu'un tissu de mensonge – ou même en faisant des avances au souverain, mais rien n'aurait pu changer sa décision. Surtout pas une attitude aussi sournoise et manipulatrice.

Honnêtement, le souverain aurait aimé faire plus que simplement la renvoyer dans son pays. Il aurait aimé qu'elle s'excuse auprès de la domestique – ce qui était une honte pour une Altesse comme elle – voire même l'enfermer aux cachots. Mais elle était la fille de l'un de ses alliés, et annuler le mariage était déjà beaucoup pour la paix. D'autant plus qu'il ne devait pas se laisser influencer par le fait que la victime était Gabriella.

Après l'avoir raccompagnée avec une hypocrisie à peine dissimulée à sa calèche, le souverain avait fait partir un courrier et quelques présents au roi de Satbourg par un messager et trois gardes. Dans sa lettre, le souverain proposait à son égal une alliance de parole pour compenser l'annulation du mariage : si l'un ou l'autre se retrouvait en guerre, l'autre royaume promettait d'apporter son aide. Il avait bon espoir que sa Majesté de Satbourg comprît sa décision, même s'il ne lui avait volontairement pas détaillé tout l'incident de sa fille. Ce n'était pas comme si Nekavland avait absolument besoin d'un allié mais il était toujours préférable d'en avoir que de se faire un nouvel ennemi.

En plus de cette affaire politique, Airy avait imposé un sérieux repos à Gabriella. La convaincre avait d'ailleurs été une lourde tâche à part entière. Il eut beaucoup de mal à se dégager du temps pour venir la voir même après le départ de la princesse. Elle logeait toujours dans ses appartements et les rumeurs qui avaient déjà commencé sur leur relation privilégiée ne firent qu'augmenter. Mais le dirigeant n'y portait qu'une faible attention : au moins le message était clair, personne ne devait toucher à Gabriella, ou un autre de ses sujets.

Peu à peu les activités du royaume reprirent leur cours. Tout le royaume parla du mariage annulé mais seul le château savait ce qu'il s'était réellement passé. Les demandes de fiançailles refirent leur apparition seulement quelques jours après le départ de la princesse, et Airy désespérait à l'idée de devoir s'y replonger. Désormais, puisqu'il n'était ni possible d'établir une alliance avec Battupia, ni un mariage avec Satbourg, il devait songer à étudier les royaumes voisins et il avouait être pris de court. Il y avait certes d'autres états avec qui ils pourraient faire des alliances, mais comme ces derniers étaient en guerre entre eux, il devait bien réfléchir à qui prendre pour allié et par conséquent qui prendre pour ennemi.

Airy s'accorda néanmoins un délai supplémentaire : il avait beau avoir besoin de trouver une épouse, les soucis qu'avait apporté son Altesse Odile avec elle l'avait épuisé pour plusieurs mois. Pour le moment, il préférait rattraper le retard qu'il avait accumulé dans son travail.

Le peu de fois où il arrivait à voir Gabriella – la nuit notamment – il la passait à prendre soin d'elle, lui faire l'amour quand elle se sentait en forme, et veiller à ce qu'elle recouvre entièrement. Il avait eu très peur en la voyant pendue à cette tour, et la simple idée qu'il eût pu lui arriver quoique ce soit lui glaçait le sang. De plus, puisqu'il n'avait plus de fiancé dont s'occuper, il n'avait plus besoin de vérifier ses arrières avant de l'embrasser. Pour le moment il était libre et il voulait en profiter.

La Servante du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant