Une semaine plus tard, le château semblait être revenu à la normale, à l'exception peut-être de Milon qui dormait toujours aussi profondément. Le roi de Satbourg était parti le jour même de la tentative d'assassinat, n'assistant même pas à la réception qu'on lui avait prévu. Honnêtement, Airy préférait cela. Il avait fait preuve de beaucoup de pardons envers son allié, mais une méfiance s'était malgré tout installée.
Même si ça n'effacerait pas la blessure de son frère de cœur, Airy était soulagé de savoir que le coupable avait enfin été trouvé. En énième gage de bonne volonté, le roi de Satbourg lui avait d'ailleurs laissé le droit de décider du sort de ce dernier qui, pour le moment, profitait encore des cachots. Il finirait sûrement pendu.
Il était aux alentours de trois heures du matin et le jeune roi n'arrivait pas à trouver le sommeil. Dernièrement, sa vie n'avait pas été des plus agréables : ses fiançailles avaient été annulés, Gabriella l'avait quitté, et son fidèle bras droit était gravement blessé. C'était à peine s'il arrivait à trouver un brin de positif au milieu de tout cela.
Il entendit une femme courir dans les couloirs. Il ne s'en préoccupa pas outre mesure : le château ne dormait jamais totalement.
Quand cependant il entendit des pas de courses dans l'autre sens, il se demanda ce qu'il pouvait bien se passer. Curieux et de toute façon trop éveillé pour dormir, il se leva de son lit et partit ouvrir sa porte. C'est en regardant sur la gauche qu'il vit les cheveux roux de Gabriella voler dans l'air.
- Qu'est-ce que... ne put-il s'empêcher de dire.
Mais elle était déjà trop loin pour l'entendre. Il décida à son tour de courir dans le couloir pour suivre la jeune femme. Et quelle ne fut pas sa surprise en se voyant arriver devant la chambre de son meilleur ami, éveillé, et de son épouse, affolée.
- Je ne savais pas quoi faire alors je vous ai appelé, dit-elle.
- Vous avez bien fait, répondit Gabriella en prenant tendrement ses mains.
L'ancienne servante du roi se tourna cette fois vers Milon et s'agenouilla près de son visage.
- Bonjour, je suis Gabriella.
- Je me rappelle... murmura faiblement le garde.
La servante sourit puis s'adressa de nouveau à lui :
- Vous avez mal quelque part ?
Le brun secoua la tête.
- Et vous ne sentez pas une sorte de tambourinement au niveau de la plaie.
- Non...
La voix de Milon était cassée, fatiguée, mais il parlait.
- C'est mauvais signe ? s'affola une fois de plus l'épouse.
- Non, lui sourit Gabriella. Bien au contraire, c'est très bon signe. Seigneur Milon, je vais devoir regarder la blessure. Ça ne devrait pas faire trop mal, mais si jamais vous sentez quelque chose, essayez de rester de ne pas trop bouger.
- Est-ce que je dois lui tenir la main ? demanda l'épouse.
- Vous pouvez, rit la jeune femme devant cette inquiétude attendrissante.
Gabriella souleva la robe de chambre du garde et retira tendrement les bandages. Une fois la blessure apparente, elle hocha silencieusement de la tête. Après cela, elle attrapa une petite bouteille non loin de là, en versa un peu de contenu sur une serviette et l'appliqua sur la plaie, faisant grimacer l'homme.
Et Airy était là, à la regarder faire, sans même réellement réalisé que son meilleur ami n'était pas mort. Il n'était pas mort grâce à elle.
- C'est très bien, la plaie ne s'infecte pas.
- Il va s'en sortir ? s'exclama la femme.
- Oui, si nous prenons soin de ses blessures il n'y aura aucun problème. Je pense même qu'il pourra rapidement être sur pied mais il faudra attendre plusieurs mois avant de faire d'importants efforts. Ne comptez pas toucher une épée avant plusieurs mois.
La femme médecin attrapa un bandage non utilisé lui aussi sur la table près du lit et commença à panser de nouveau la plaie.
- Il va falloir changer le pansement matin et soir, en faisant bien attention à désinfecter la blessure. Le fil avec lequel j'ai recousu n'est pas très résistant alors il faudra faire attention à ne pas forcer sur la blessure, et si jamais vous voyez que la plaie s'est rouverte, immobilisez-vous et faite-moi appeler. Je viendrais recoudre.
- Pour désinfecter, il faut utiliser la bouteille ici ? demanda l'épouse.
- C'est cela, mais ne vous en faites ça je pourrais faire ça moi-même.
La jeune femme hocha la tête.
- Oui, oui bien sûr, je vous fais confiance.
- Pour le moment, je vais vous demander de rester coucher en permanence, reprit Gabriella à l'attention du garde. Quand votre blessure aura suffisamment cicatrisée, vous pourrez vous mettre sur pied. Vous aurez besoin d'une canne au début mais avec certains exercices, vous pourrez sûrement retrouver toutes vos capacités d'avant. Vous avez eu beaucoup de chance.
Le blessé hocha la tête mais n'eut pas le temps de prononcer quoique ce fût que son épouse se jetait déjà sur les mains de Gabriella.
- Je vous remercie. Vraiment merci, vous avez sauvez mon époux.
La servante bredouilla quelques mots incompréhensibles, il n'était pas dans ses habitudes d'être traitée ainsi.
- Silice, laisse-la respirer la pauvre, tu la gênes.
La femme lâcha les mains de la doctoresse sous la remarque de son mari, s'excusant.
- Je suis contente que vous vous soyez remis, sourit-elle à l'homme.
- Peut-être devriez-vous avoir une chambre près de la nôtre ? En cas de problème ? Ou pour les pansements ? Je vais demander au roi s'il peut faire cela, proposa l'épouse.
- Oh ce n'est pas nécessaire je...
- Très bonne idée Silice, intervint enfin Airy.
Toute la chambre se retourna vers le roi jusque-là tapis dans l'ombre.
- Je vais te faire préparer une chambre, informa-t-il Gabriella.
- Je peux vraiment rester dans...
- Je ne nie pas que tu te plais dans ta chambre de bonne mais je pense que tu as bien mérité un peu plus de confort. Et puis la femme de Seigneur Milon a raison, tu seras plus près en cas de problème.
La jeune femme s'avoua vaincu et hocha la tête.
- Merci infiniment Gabriella. Je n'aurais pas dû douter de toi, finit-il par lui murmurer à l'oreille.
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La Servante du Roi
Historical FictionL'ancienne servante du roi de Nekavland est partie, et Gabriella doit dorénavant la remplacer. Mais il se pourrait bien que le roi Airy ait besoin de plus qu'une cheminée allumée à son réveil, comme par exemple d'une présence féminine dans son lit. ...