Chapitre 24

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Andy avait passer toute sa journée dans son lit à pleurer. Au matin, il s'habilla plus strictement qu'à l'ordinaire. Il voulait passer au lycée et dire au proviseur que Mika, n'aurait plus jamais besoin de notes ni de polycopiés.

Monsieur Tatcher fut très affecté par la nouvelle.

M. Tatcher- Vous êtes sûr ? Il n'y a plus rien à espérer ?

Andy- Il ne parle même plus, balbutia-t-il, retenant difficilement ses larmes

M. Tatcher- Ses camarades lui avaient préparé tout un classeur pour lui faciliter ses révisions d'histoire. C'était très bien fait, soupira le proviseur

Il avait rarement vu autant de constance dans la solidarité. Il était navré pour Andy, pour Mika, pour tous ces jeunes. Andy releva la tête, traversé par une idée.

Andy- Je voudrais les remercier

Lui qui s'était toujours servi des autres, il avait envie de dire "merci". Le proviseur jeta un regard d'appréhension sur le jeune homme, le connaissant bien, il s'avait que les grands discours en public n'était pas son fort, mais il regretta tout de suite son hésitation.

M. Tatcher- Venez, ils sont en cours de philo

Quand Andy entra dans la classe, son frère ouvra de grands yeux ronds, comprenant immédiatement l'intention de son frère.

Antho- Andy, tu n'es pas obligé de faire ça

Andy- Si, Antho, bien sur que si

Anthony se leva pour prendre son frère dans ses bras. Le prof allait lui demander de rejoindre sa place, mais le proviseur lui fit signe de laisser faire.

Antho- Je suis là, Andy, ne t'inquiète pas

Quelques sourires ironiques se dessinèrent sur les lèvres des garçons. Qui s'effacèrent presque aussitôt, lorsque Andy prit la parole.

Andy- Je suis le copain de Mika, commença-t-il. Je voulais vous remercier en son nom de l'aide que vous lui avez apportée.

Andy n'était pas un habitué des grands discours en public. Aussi conclu-t-il sommairement :

Andy- Mais ça ne va pas... enfin, je veux dire, Mika n'est plus capable de... de travailler. Alors le bac, eh bien...

Sa parole se désagrégeait.

Andy- Je vous souhaite de le réussir. Et voilà... Ce jour-là, vous penserez à lui, hein ?

L'émotion avait figé chacun, chacune.

Le prof- Nous penserons aussi à vous, dit-il à Andy

Le jeune homme quitta le lycée presque en courant et il courut jusqu'à chez lui. Il s'allongea sur son lit et pleura jusqu'à s'endormir. Il ne s'éveilla qu'à 15 heures passées.

D'habitude, à cette heure-là, il était  dans la chambre 118. Mais il ne savait plus pourquoi il irait puisque Mika était ou mort ou mourant. Il se força à prendre un café, à mettre une chemise propre et, traînant les pieds, il se rendit à l'hôpital. Il croisa de pauvres parents naufragés dans les couloirs, les parents du petit Guillaume. Ils s'entre-regardèrent. Inutile de se demander des nouvelles. Andy poussa la porte de la chambre 118.

Mika- Mais pourquoi tu arrives si tard ?

Andy eut un tel choc qu'il faillit hurler de terreur. Mika ressuscité ! Il ne perdit pas plus de temps et alla le prendre des ses bras.

Andy- Je croyais que tu allais mourir....

Mika- Je le croyais aussi. Répondit Mika du tac au tac

Ses yeux brillaient fiévreusement. L'intelligence y avait rallumé la flamme.

Mika- Ils ont diminué la morphine, expliqua-t-il. Et je crois qu'ils arrêtent le traitement.

La veille au soir, peu après le départ de Andreas, Jérôme et Gubler avaient décidé de suspendre la chimiothérapie. Seuls l'alimentation et quelques antalgiques continuaient de passer par la perfusion.

Mika- Tu m'as apporté les derniers cours ?

Andy secoua la tête, totalement désemparé, avant de baisser les yeux.

Andy- Ben non. J'ai cru t'avoir perdu

Il ne parvient même pas à se réjouir. Il lui fallait inverser le cours des choses et le courant l'avait emporté si loin qu'il n'y arrivait plus. La porte s'ouvrit derrière lui. C'était Louise, l'aide-soignante. 

Louise- Qui est-ce qui va nous prendre une bonne infusion ? dit-elle chaleureusement. J'ai mis deux biscuits avec.

C'était du tilleul avec deux boudoirs. Andy regarda le plateau sur les genoux de Mika comme si c'était la chose la plus fabuleuse qu'il ait jamais vue.

Andy- Il va manger tout ça ? S'affola-t-il.

Quand Mika porta le premier biscuit à sa bouche, il s'écria :

Andy- Pas trop vite ! La moitié, seulement...

Mais Mika mangea tout le biscuit, et aussi le deuxième, en souriant avec les yeux. Andy s'était assis, un peu calmé.

A partir de ce moment-là, Andy compta les minutes, puis les quart d'heure. Il s'attendait à ce que Mika geigne, appelle, vomisse en pleurant d'épuisement. Mais non, il dormait. Andy, comme la veille, s'assit sur le lit. Il lui prit la main. Elle était chaude, trop chaude. Mika avait de la fièvre. De nouveau, la porte s'ouvrit. C'était Jérôme.

Andy- Il a de la fièvre, signala-t-il en se relevant.

Jérôme fit une légère grimace et porta la main au front de Mika.

Jérôme- C'était trop beau, fit-il entre haut et bas.

Il sortit de la chambre sans explication. Andy appela Yasmine, il avait un mauvais pré-sentiment. En attendant qu'elle arrive il restait là. Muet, appuyé contre le mur, Andreas assista au va-et-vient de l'infirmière, du médecin, de l'aide-soignante. Prise de température. 39,5°. Prise de sang. Analyse d'urine. Changement des poches de médicaments. Antibiotiques. On oubliait Andy dans la nuit qui descendait de nouveau dans le jardin de l'hôpital. Y croire. Ne plus y croire. Y croire encore. Ne plus y croire. Quel infernal carrousel ! La révolte montait en Andy. Qu'on arrête ! Que tout s'arrête ! De quel droit s'acharnaient-ils sur Mika ?

Katherine- Vous voulez bien sortir ? Lui demanda-t-elle, la voix strictement professionnelle.

Dans le couloir, Andy vit les parents du petit Guillaume qui pleuraient dans les bras l'un de l'autre. La révolte cria en Andy. Mais qu'on jette une bombe sur tout ça ! Qu'on en finisse avec la vie, une bonne fois  ! Yasmine arriva à ce moment.

Yasmine- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu m'envoie un message pour me dire que ça va beaucoup mieux, et moins de deux heures plus tard tu m'appelles, en me demandant de venir en urgence... je comprend plus rien

Andy- Bah au début, il allait bien. Il a mangé ses biscuits, il était plutôt loquace même...

Yasmine- Mais ?

Andy- Mais, il s'est endormi, je me suis approché pour lui prendre la main, et j'ai remarqué qu'il avait de la fièvre... et depuis ils font des tonnes de tests, d'analyses, de prélèvements...

Yasmine- Et on a toujours pas de réponse ou de nouvelles

Andy- Exactement..

Yasmine- Pff... et merde

Our DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant