Chapitre IX : Jacob

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Dans le couloir, sur mon passage, un homme me bouscula sans s'excuser, ni s'arrêter. Enfin, je n'avais peut-être pas regardé non plus... Et... le désarroi dans lequel je me trouvais me poussa à provoquer ce mec.  

— Hé ! Tu pourrais dire pardon ! 

— C'est bon, excuse-moi, frère ! Tu pourrais regarder où tu poses les pieds toi aussi...

Il fronça les sourcils face à mon agressivité. Je ne me contrôlais plus pourtant je savais que j'étais totalement déraisonnable. J'aurais pu accepter ses excuses et passer mon chemin. Mais à la place, je réduisis l'espace entre lui et moi, sûr de moi. 

— C'est bon, mec... T'emballes pas comme ça !

— T'es sérieux ? Toi, regarde où tu poses les pieds la prochaine fois, tête de con.

— Laisse tomber, va chier...

Le ton qu'il employa avait été le bon prétexte. Je l'empoignai par le col de sa chemise à fleurs ridicule et lui assénai un coup de tête en plein dans le nez. Je me rendis compte de la force avec laquelle j'avais agi lorsque je vis le sang couler à flot.    

— Oh, putain ! Le salopard !, cria-t-il en se tenant le visage entre les mains.  

Je lui avais surement éclaté l'os nez.  

— Oh mon dieu, qu'est ce qui se passe ?!, cria une femme en arrivant sur les lieux. Chéri, ton nez ! Tu saignes ! Oh mon dieu ! Tu saignes !

— Ce connard vient de me frapper ! 

La dame tenta d'examiner son nez mais il se tortillait de douleur.  

— Je vais te démonter, mec ! 

Il s'avança vers moi : à ce moment-là, je savais que je devais tout arrêter et prendre la fuite. Les choses étaient déjà allées bien trop loin, par ma faute. Mais quelque chose m'en empêcha, comme si elle voulait absolument que je me retrouve dans une merde pas possible. Alors, au lieu d'en finir, je laissai mon instinct de soldat s'occuper de lui pendant que les cris de notre témoin retentissaient dans tout le couloir. Le mec se retrouva rapidement au sol, sans que je ne puisse expliquer comment, grimaçant de douleur. La seconde d'après, je levai la tête et croisai le regard de trois autres personnes qui étaient visiblement sortis de leur chambre à cause du bruit. Kiana ne tarda pas, elle non plus.  

— Alex ?, demanda-t-elle en observant mes doigts droits tâchés de sang.  

Il était temps de fuir. Je retournai donc à la chambre.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Alexander ? Tu es blessé ? 

Je me mis à me savonner les mains, l'adrénaline ayant pris possession de mon corps entier.  

— Alex ? Je te parle, bordel ! 

—  Je me suis battu et je vais bien ! 

***

Le patron de l'hôtel avait pris contact avec moi, je m'étais excusé, puis je l'avais envoyé chier. Il avait donné mon nom aux autorités sur place et je n'avais plus eu de nouvelles... Ils avaient probablement vu que j'étais un ancien des Forces Spéciales, qu'une année entière de mes activités n'avait laissée aucune trace, que j'étais dans la Police de Los Angeles. Dans ce monde, certaines personnes pouvaient s'en sortir, même avec les pires conneries...

Je n'étais pas fier de ce que j'avais fait. Au contraire, je m'en voulais d'avoir perdu le contrôle sur ce pauvre mec qui s'était trouvé là au mauvais moment... et d'avoir perdu le contrôle tout court.  J'aurais voulu le perdre sur un vrai connard de première, comme ce Niran... 

— Laisse-moi faire. 

Je soulevai la valise de Kia et la plaçai dans le coffre du taxi. Elle n'eut même pas un regard pour moi. Elle m'en voulait... Ce qui était totalement compréhensible.

Le retour à Los Angeles se fit dans la même atmosphère glaciale que je ne pouvais plus supporter. 

— Il faut qu'on parle.  

Je m'assis en face d'elle alors qu'elle s'était réfugiée dans un livre dans le salon.  

— Jacob est un mec bien, j'dois l'avouer. Mais, il reste ton ex. Tu as partagé des choses avec lui... Pour moi, il est... ce qui s'est interposé entre toi et moi. Quand je le vois, je me dis que tu as fui dans ses bras. Ouais, c'est ça... Tu as fui et tu as trouvé du réconfort dans ses bras. J'me dis que... si... ça s'est déjà passé comme ça, ça pourrait se reproduire. Et ça me fait peur... J'ai peur de te perdre ! Je n'aurais pas dû me défouler comme ça sur le mec de l'hôtel... Mais, quand il s'agit de toi, Kia, je... je perds la tête...

J'avais été honnête. Avec elle. Avec moi-même.

— Je t'aime et je ne veux pas te perdre, Kiana.

Elle posa un baiser sur mes lèvres pour me rassurer. Malheureusement, cela n'avait pas suffi. Ma jalousie témoignait d'un problème que j'avais avec moi-même... Et, je n'étais peut-être pas fait pour cette femme merveilleuse, ni qui que ce soit d'autre.

Addicted (suite de Lust)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant