Chapitre XXIII : Égoïsme

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De retour à Seattle, mon obsession pour elle ne s'arrangea pas. A ce moment-là, bien plus que les autres fois, je me sentais impuissant et vide de tout. Kiana allait m'oublier, continuer de vivre sa vie et moi, j'allais finir par faire une putain d'overdose. Puisque ces derniers temps, j'avais forcé. J'avais réussi à pousser le bouchon loin, jusqu'à ne plus rien ressentir. Il était évident que j'avais besoin d'aide...

La revoir dix jours plus tôt n'avait pas arrangé les choses... Je devais la laisser m'oublier. Pourtant, ce n'était pas ce que je voulais. En vrai, je voulais qu'elle ne m'oublie jamais, qu'elle m'attende éternellement comme j'étais prêt à le faire. C'était l'un de mes désirs les plus égoïstes.

— Allô ?

— Sergent, j'ai une bonne nouvelle.

Je me relevai du lit dans lequel j'avais enfoui la tête.

— Faites-moi plaisir.

— Notre infiltré a su récolter des informations très précieuses qui pourront vous sortir de cette situation. Il a appris que deux personnes avaient été assignées à vos exécutions : un certain Matthieu Val et une certaine Tatiana Delavega.

— Tatiana Delavega...

— Oui, l'une des tueuses à gages les plus réputées dans le milieu... La bonne nouvelle, c'est qu'on l'a repéré hier en Floride, du côté d'Orlando. On ne sait pas pourquoi elle s'y trouve mais elle y est... Un de mes hommes la piste en ce moment-même.

— Avec ce genre de personne, il ne faut pas prendre le risque de la proximité.

— Elle séjourne dans un hôtel apparemment. A confirmer, bien évidemment... Si vous étiez toujours en service, je vous aurais demandé de le faire... Vous étiez l'un de nos meilleurs snipers à l'époque...

— Qu'en est-il de Val ?

— Il a été neutralisé il y a quarante-huit heures. Et, à l'heure où nous parlons, notre infiltré s'apprête à faire ce qu'il faut pour arrêter les commanditaires.

Je n'y croyais plus, pourtant, les choses avançaient bel et bien. Nous nous trouvions à quelques étapes de la fin, j'allais pouvoir avoir le choix de reprendre un semblant de vie normale.

— Je vais le faire.

— Pardon ?

— Donnez-moi la position de Delavega et un MSR et vous n'entendrez plus parler d'elle d'ici soixante-douze heures.

— Alexander...

— La fin justifie les moyens... Gardez un œil sur elle le temps que je débarque en Floride... La femme de chambre trouvera son corps et... elle n'existera plus après ça. Ni vu, ni connu.

Le ton de ma voix avait radicalement changé. Je parlais, pensais, analysais comme un robot désormais. C'était ce que je devais devenir pour pouvoir exécuter une dernière mission.

— Considérez ça comme un service que je rends à ma nation, à mes anciens collègues... et à moi-même.

— Très bien, répondit-il, convaincu.

Dans l'heure, j'étais dans un avion volant en direction de l'est du pays. Cet appareil m'emmenait à New York, là où j'allais régler une affaire qui me tenait encore plus à cœur... J'avais prévu d'y rester une demi-journée pour ensuite reprendre un vol pour Orlando.

Cette fois-ci, après avoir sniffé un peu de MD, je n'ai attendu que quelques minutes avant que Camila ne quitte l'immeuble. Je pénétrai dans l'appartement de Brooklyn alors que Kia y était encore. Je posai les pieds dans le salon, l'eau de la douche coulait. Discrètement, je me faufilai dans la pièce et dessinai un smiley sur le miroir, dans la buée.

Addicted (suite de Lust)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant