Addicted (suite de Lust)

Chapitre XIII : Scarlett

Viktor déposa la boîte à pizza et la bière sur la table basse. Nous avons mangé, bu avant qu'il ne se décide à partir. 

— Tu as l'air épuisé, tu devrais faire une pause, mec...  

Je n'avais dormi que très peu ces derniers jours. C'était aléatoire. J'alternais les bonnes et les mauvaises périodes de sommeil, prenant quelques rails de coke, par-ci, par-là, fumant quelques joints au passage. J'étais (re)devenu un robot. L'idée de quitter mon poste pour rejoindre à nouveau l'armée m'était passé par l'esprit mais le peu de raison qu'il me restait m'avait fait prendre conscience de la stupidité de la chose.  

Viktor me laissa. Enfin seul, je ne pus m'empêcher de penser à Kiana. Elle était la première personne à qui je pensais en me levant et la dernière à qui je pensais en me couchant. L'alcool et la drogue que j'avais dans le sang me menèrent directement au lit.

Au lever du jour, je pris un léger petit déjeuner avant de rejoindre mon partenaire sur les lieux d'un homejacking du côté de Los Feliz. Madame Cortez, la propriétaire de la maison qui tremblait encore de peur, avait été prise en charge par les médecins avant d'être interrogée par nous. Elle nous fit une description plus que satisfaisante de l'homme en question qui allait permettre à nos collègues de dresser un portrait-robot dans les heures qui allaient suivre.  

— Ouais, Ruby, je peux te rappeler ? 

— Je vais être brève ! On mange ensemble ce midi ? 

— Ouais, s'tu veux. 

— Super, rappelle-moi. Bises.  

Le midi, je l'ai rejointe dans un fastfood à Hollywood où nous avons discuté une bonne heure et demi. Son mariage allait bientôt se faire. Derek et elle étaient fiancés depuis un moment déjà et elle pensait qu'il était temps que les choses passent à la vitesse supérieure. Alors, ils avaient fixé une date. Pourtant, en plus des soucis d'organisation que ça impliquait, elle s'inquiétait pour moi, comme tous ceux qui me voyaient...  

— Tu devrais la rappeler.  

— Hors de question. 

J'ouvrai la portière de la voiture. 

— Alex, tu as vu l'état dans lequel tu es ? 

— Écoute, Ruby, je veux bien me passer de tes serments ! 

J'avais été cruel. Elle ne voulait que m'aider. 

— Désolée, je... j'suis sur les nerfs... J'peux pas la rappeler. Elle ne l'a pas fait elle non plus. En douze jours... Douze putain de jours.   

— Je sais... Ça me brise le cœur de te voir comme ça. Viens à la maison quand tu veux, OK ? 

— Ouais, merci.

Fâcheusement, rien ni personne ne pouvait remplir le vide que j'avais en moi. Je rentrai donc chez moi résistant à l'envie de faire un détour par Beverly Hills. Je pouvais la rappeler... techniquement. Mais, les choses étaient déjà assez compliquées comme ça, comme elle disait si bien... 

Puis, vers vingt-et-une heures, on vint frapper à la porte de mon appartement pour me tirer de ma tranquillité. Alors que je souhaitais que ce soit Kiana, j'eus la surprise de voir la fine silhouette de Scarlett à travers le judas. Que voulait-elle ? J'ouvris, curieux de savoir ce qui allait me tomber à nouveau sur la tête.

— Scarlett... qu'est-ce que tu fais là ?

— Tu me laisses entrer ?

— Euh...

Elle sentait l'alcool à plein nez. Elle avait conduit jusque chez moi, dans cet état...

— Ouais, entre.

Elle manqua de me tomber dessus, je la rattrapai aussitôt.

— Excuse-moi, Alex... J'ai... j'suis un peu pompette, marmonna-t-elle.

— Un peu ? Tu déconnes ? Tu tiens à peine sur tes deux jambes !

Je l'aidai à s'assoir dans le canapé et à dégager ses cheveux de son visage.

— Alex... Oh, Aleeeex, tu es teeeellement beau, huh... tu le sais ça ? R-r-regarde-moi cette p'tite barbe tooouute bien taillée... Oh, je craque, ouais...

Elle tendit la main vers mon visage, je repoussai sa main.

— Arrête, s'te plaît...

Assis près d'elle, je pris le temps de l'observer de plus près : ses pupilles étaient anormalement dilatées. Elle avait probablement pris autre chose que de l'alcool. Je ne pouvais pas la laisser reprendre la voiture dans cet état.

— Je vais te ramener chez toi, OK ?

— Nan, nan, naaaa, je veux rester ici, avec toi... Avec toi, Alex, m'avoua-t-elle en approchant sa bouche de la mienne.

Je restai de marbre malgré mon embarras.

— Je pense encore à toi, tu sais... On pourrait... huuum... se laisser tenter par... tu sais quoi.

Elle posa sa main sur ma bite, à travers mon jogging. Je la retirai aussitôt. Il était inenvisageable pour moi de faire ça, par manque pur d'attention. J'étais brisé, oui, mais pas au point de faire cette connerie...

Pourtant, elle était super attirante...

Elle était douée aussi...