Chapitre XIX : Synchronisés

355 18 2
                                    


La vibration de mon téléphone sur l'oreiller de droite me réveilla en sursaut. Ma première réaction fut de tenter de l'éteindre, puis je me rendis rapidement compte que Kiana me passait un coup de fil.  

— Allô..., bredouillai-je. 

— Wouah, j'te réveille. Bon, je te rappelle. 

Je me redressai aussitôt. Elle me connaissait par cœur.

— Nan, nan, t'inquiète.  

Je posai les yeux sur mon érection matinale et comme si elle pouvait la voir, l'agrippai pour la cacher.  

— J'ai un rendez-vous au centre-ville. J'peux passer prendre ma voiture après ? 

— Euh... ouais ! Pas de soucis !

— J'en aurais pour une heure environ. Mike me déposera chez toi après...  

— D'accord.  

Un petit déjeuner, une douche, un brossage de dents et j'étais prêt à l'accueillir. Vers 11 heures, elle frappa à ma porte. J'en perdis mes moyens.  

— Salut. Désolée de t'avoir réveillé tout à l'heure.  

Je la laissai entrer, elle frôla mon bras avec le sien, j'en frissonnai de plaisir.

— T'inquiète. Tu veux un truc à boire ? Un café ? 

— Hum... J'veux bien, dit-elle en s'asseyant sur une des chaises du bar.  

Je lui préparai son café en évitant de justesse de m'en renverser sur le sweatshirt.  

— Merci.  

Elle le posa sur le bar juste devant elle et me sourit. Je la rejoignis de l'autre côté, un verre d'eau à la main... Je devais m'humidifier la bouche, elle était devenue pâteuse.  

— C'était un rendez-vous... professionnel ce matin ? 

Tout doucement, avec prudence, je cherchais à savoir si elle était allée voir un mec.

— Pas vraiment. Je suis allée voir mon psy.  

— Ah, d'accord... C'était bien ? 

— On a longuement parlé de choses assez... désagréables. Mais, il fallait le faire. Ça m'a fait du bien... J'en avais besoin !

— S'il t'aide à y voir plus clair, c'est tant mieux !

— Tu as prévu quoi pour aujourd'hui ?, me demanda-t-elle avant de boire sa première gorgée et en changeant de sujet par la même occasion.

— Rien de particulier.

Elle secoua la tête, puis, jeta un bref coup d'œil à mes mains.

— Et toi ? 

— Rien..., répondit-elle en se redressant sur sa chaise.

Elle me fixa, s'humidifiant nerveusement les lèvres. Mon ventre se contracta et diffusa brusquement une décharge électrique vers mon sexe et mon cœur. Je n'avais même pas réalisé que je m'étais complètement tourné vers elle, à la recherche désespérée d'un seul signe d'invitation de sa part. Le silence qui régnait désormais dans l'appartement nous avait permis d'être attentifs au moindre geste de l'autre. Je voulais l'embrasser, mon ventre se nouant sous la pression du désir. Avant de descendre de ma chaise, je remarquai sa poitrine se soulever de plus en plus rapidement.

Avant que je ne puisse faire un seul geste, on sonna à ma porte.

— Tiens, tu as de la visite.

J'avais mes doutes sur l'identité de cette personne. Mais, je voulais me voiler la face et laisser les choses couler tout doucement.

— Tu n'ouvres pas ? demanda-t-elle après qu'on ait sonné une deuxième fois.

Je la laissai et jetai un œil à travers le judas.

— C'est Scarlett, lui dis-je honnêtement.

— Oh.

Son visage se décomposa immédiatement.

— Je... je m'apprêtais à partir de toute façon.

Elle prit son sac et se leva de sa chaise. Je compris que ce qui allait suivre allait déplaire à beaucoup de gens.

— Tu peux rester.

— Je n'avais pas l'intention de rester longtemps de toute façon. J'suis juste venue récupérer ma voiture.

Elle s'approcha de la porte me faisant comprendre qu'elle voulait bel et bien partir. Je l'ouvris prudemment, Scarlett était toujours là. Elles se croisèrent du regard, à la fois surprises et gênées. Moi, je ne savais plus où me positionner.

— Quelle surprise..., lâcha Scarlett, en mettant le feu aux poudres.

— A plus, Alex.

Kiana s'avança sans se retourner, nous évitant tous les deux du regard. Puis, Scarlett s'enflamma :

— Dis-donc, elle n'a pas attendu longtemps avant de rouvrir les cuisses pour toi...

— Arrête tes conneries !, dis-je, agacé.

Ce qui sortit de la bouche de Scarlett n'avait pas échappé aux oreilles de Kia. Elle s'arrêta net et tourna les talons.

— Il me semble que ce que je fais avec ce qui se trouve entre mes cuisses ne te regarde pas, Scarlett !

— Il me semble que quand tu l'offres à un homme déjà pris, tu n'es plus la seule concernée.

Elle ravala sa salive pendant que je craignais qu'elles n'en viennent aux mains.

— Quand tu as couché avec Alex, tu savais pour nous, tu savais que je venais de faire une fausse couche... mais ça ne t'a pas dérangé, hein ? Au contraire, tu l'as toujours eu dans la peau, n'est-ce pas ? En partant, je t'ai juste laissé le champ libre...Tu as pu profiter de la situation et avoir ce que tu désirais tant !

Elle s'était approchée d'elle, assez pour ne pas avoir à hausser le ton.

— Tu sais quoi ? Tu le veux ? Ne te gêne surtout pas, Scarlett ! Il est tout à toi...

Je m'empressai d'essayer de l'arrêter.

— Kia, attends !

Elle se retourna une énième fois, le sac serré sous le bras. Je sentais le regard de Scarlett sur nous.

— Attends... Ne pars pas comme ça, s'te plaît.

— Laisse tomber, Alex... Je n'ai vraiment pas envie qu'on se prenne la tête...

— Moi, non plus... Reste, s'te plaît...

— Je...

Elle hésita, puis :

— Fais attention à toi, d'accord ?

Je baissai les yeux, tiraillé entre l'envie de me mettre à genoux pour la supplier et celle de l'embrasser sans prévenir.

— D'accord ?, insista-t-elle.

— Oui, promis.

Elle s'éloigna de moi et cette fois, un poids intolérable s'empara de mes tripes me laissant presque sans air. Mon cœur affolé donnait l'impression de faire sa dernière performance pendant qu'une boule me nouait fermement la gorge.

— Je te donne ton putain de collier et j'veux plus te voir !

Les mots avaient été durs, incontrôlés. Je souffrais, tellement. A mon retour de la salle de bain, je lui tendis le bijou sans même la regarder dans les yeux.

— T'es vraiment qu'un sale connard !, lâcha t-elle en m'arrachant l'objet doré des mains.

Je claquai la porte, complètement perdu, frustré, en colère. Je m'assis dans le canapé avec une seule envie, face à une seule pseudo-solution... Celle qui était toujours là pour moi, qui était si accessible, si simple à obtenir... Si facile, si légère...

Addicted (suite de Lust)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant