Chapitre XXVIII : Sang-chaud

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J'étais le premier levé. La ville était encore silencieuse, très peu de voitures circulaient. Debout près de la fenêtre, j'avais observé Kiana dormir avant de me mettre à observer l'extérieur. Je devais partir, à contre cœur... Rester irait à l'encontre de sa nouvelle philosophie... Je devais la laisser respirer, prendre son temps. Alors, je lui laissai un mot sur l'oreiller lui expliquant à quel point j'avais passé un bon moment et qu'elle pouvait me rappeler.

Elle laissa passer un jour, puis deux avant de me recontacter. Cette fois, elle voulait que nous allions passer la soirée dans un club, avec Camila et son copain. Je ne pouvais pas refuser... Elle tenait les rênes et moi, je prenais ce qu'on voulait bien me donner.

— Tu conduis ?, me demanda-t-elle en me lançant les clés dans le parking au sous-sol.

Le club où ils avaient décidé d'aller se trouvait à Manhattan.

— Y'a des photographes, remarquai-je.

Ils étaient là pour quelqu'un d'autre visiblement.

— Dépose-moi, tu me rejoins après.

— Ils vont t'embêter.

— Je m'en sortirai.

— S'ils t'embêtent, j-

— Je m'en sortirai, Alex.

Je la déposai devant, veillai à ce qu'elle entre saine et sauve avant de repartir. Quand je la rejoignis, je la trouvai assise dans un box, en compagnie de Camila et Gregory. On leur avait déjà servi des verres. Cette fois, je n'avais pris aucune substance illicite. J'étais brut, clean, moi-même.

Kiana et son amie ont assez rapidement rejoint la minuscule piste de danse me laissant seul avec l'avocat qui, depuis la dernière fois, me jetait des coups d'œil remplis de ce qui s'apparentait à du mépris. Malgré moi, je ne pus m'empêcher de surveiller les alentours, remarquant le moindre mec un peu trop observateur, trop curieux, ou tout simplement... imprudent.

Treize jours plus tôt, j'avais tué une femme d'une balle dans la tête. La personne qui avait découvert son corps gisant dans son sang avait surement été traumatisée, à vie. Elle devait garder l'image d'horreur en tête tout le temps avec elle. Et moi, j'étais là, assis en face d'un avocat propre sur lui, dans un bar huppé pendant que la femme que j'aimais plus que moi-même s'amusait... Elle ne savait pas. Elle ne devait pas savoir malgré les doutes probables qu'elle avait... Personne ne savait, même Gregory. Personne ne se doutait de la dangerosité que je représentais. Pas même les videurs qui avaient croisé mon regard à l'entrée.

— T'es pas un grand bavard toi !

— Non.

Il secoua la tête, embarrassé par mon silence.

— Je vais me commander une autre bière ! Je t'en ramène une ?

— Avec plaisir. Merci.

Je l'observai aller nous chercher à boire, avant de poser les yeux sur les deux amies. Elles dansaient toujours, comme si elles étaient seules.

— Et, voilà !

J'ai repensé à la soirée du mariage de Ruby et Derek, à notre ébat torride et rapide dans les toilettes. Son orgasme avait été si intense...

— Les mecs sont vraiment des porcs !, lâcha Camila en nous rejoignant.

Kia s'installa près de moi, son verre presque vide à la main.

— Qu'est-ce qui se passe ?, demanda Gregory.

— Oh, un con qui lui a mis une main au cul, répondit Kiana.

Mes détecteurs s'alarmèrent immédiatement.

— Pardon ?

Kiana croisa mon regard, indigné.

— Il... il a... essayé de danser avec elle et il l'a un peu trop collé. C'est juste un con, raconta t-elle prudemment. 

— Il est où ? J'vais lui péter la gueule à c'salopard !, cracha l'avocat.

— Arrête, bébé ! Ignore-le.

Elle prenait la chose à la légère.

— Il t'a importuné ?, demandai-je à Kiana.

J'étais prêt à lui démonter la mâchoire.

— Non, non, pas moi.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'être un brin trop protecteur au point d'être possessif. Il était inenvisageable que l'on manque de respect à Kiana de cette manière. A Kiana et à aucune autre femme... Je me suis levé soudainement.

— Tu vas où, Alex ?, me demanda Kiana en me retenant le bras droit.

Aux toilettes.

Sur mon chemin vers et au retour des toilettes, j'analysai et fis le recensement de chaque mec qui se trouvait sur la piste de danse et qui avait le potentiel profil de l'agresseur sexuel.

— Tout va bien ?

Kia attrapa ma main maintenant que j'étais à nouveau assis près d'elle.

— Oui.

— Tu es sûr ?

Je plongeai mes yeux dans les siens, elle me décrypta en un rien de temps. Elle était la seule à savoir le faire d'ailleurs.

— Montre-moi ce mec.

— Pourquoi ?

— On ne manque pas de respect aux gens de cette manière. Tu as envie qu'il importune d'autres femmes ? Comme toi ?

J'avais parlé comme si je savais à qui j'avais à faire, comme si je savais quel pouvoir et impact j'allais avoir sur lui.

— Promets-moi que tu ne lui ferras pas de mal.

Elle savait que j'avais raison.

— Non.

— Alex, ne lui fais pas de mal, s'il te plaît.

— ...OK.

Camila et Gregory qui écoutaient la conversation depuis le début ne disaient rien.

— Chemise rouge à fleurs blancs, déballa-t-elle.

— Merci.

Je balayai le club du regard à la recherche de celui qui avait eu la mauvaise idée de fauter... Quelle chemise hideuse...

Je l'avais repéré, imprimé son faciès. J'allais attendre qu'il oublie un peu, qu'il ait envie de se soulager aux toilettes ou d'aller fumer dehors. La soirée reprit son cours pour les autres, entre les frites de patates douces, les beignets d'oignons, les sauces pimentées et les boissons en tous genres.

Evidemment, après s'être enfilé toutes ces bières, Monsieur Chemise Hideuse, lui, alla droit dans la gueule du loup, dans les toilettes. Je posai un baiser sur l'épaule de Kiana avant de me mettre à le suivre. Il s'approcha d'un urinoir, sortit la petite bête. Son voisin fit mine de ne pas le voir. Un grand brun à la barbe bien fournie sortit de l'une des cabines, ne se lava même pas les mains et quitta les toilettes. Monsieur Chemise à Fleurs se lava les mains, lui. Je m'approchai des lavabos et de lui.

— C'est toi qui touches les femmes sans leur consentement ?

Je lui avais laissé une chance de parler.

— T'es qui toi ?

J'avais hâte de poser la main sur lui ce qui était plutôt inquiétant. J'attendis que son voisin d'urinoir nous quitte avant de passer à l'étape suivante.

— Alors ?

— Elles sont ravies... Elles m'invitent à le faire...

J'avais un niveau de tolérance. Et il venait de l'atteindre. Après avoir fini son lavage de main, il me frôla l'épaule. Je l'attrapai violemment (mais modérément) par la nuque et le balançai dans une des cabines dont je refermai la porte derrière moi.

Addicted (suite de Lust)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant