chapitre 15: PÈRE ET FILLE

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CHAPITRE 15
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                    TONY AVAIT PRIS sa décision. Deux semaines s'eurent écoulées depuis que l'ingénieur et Steve expérimentaient, de jour en jour, le bonheur de se retrouver, même si ce ne fut que le temps d'un rapide baiser dans l'entrée et d'un au revoir toujours plus long sur le pas de sa porte. Tony n'arrivait toujours pas à pleinement se faire à cette joie journalière si intense, qu'il n'avait pas ressenti sous cette forme depuis bien des années, mais qu'il ne céderait à présent pour rien au monde — il s'y accrochait lors des moments où la fatigue et le doute regagnaient leur emprise serrée sur son esprit. Même si Tony avait fait d'énormes progrès depuis son arrêt de travail, il lui arrivait encore d'expérimenter des rechutes, bien qu'heureusement moins étourdissantes et plus espacées.

Cependant, le brun n'avait toujours pas fait part de la relation qu'il entretenait avec son professeur de dessin à Morgan, une mince part de lui, la parcelle où s'était recroquevillée la peur, attendant toujours que par un sombre miracle tant d'espoir fraîchement rebâti s'effondrât soudainement, laissant l'ingénieur en ruines après les risques qu'il s'eut aventuré à prendre. Pourtant, Tony avait pris une décision. Peut-être pour, justement, faire taire ces petites voix mesquines et agonisantes. Il était temps, avait-il décidé, de concrétiser la place qu'occupait maintenant Steve dans sa vie. De plus, son petit ami et sa fille s'entendaient si bien, alors il espérait que cela ne ferait que renforcer les liens qu'ils avaient jusque-là noués.

Se doutant qu'il ne trouverait jamais une heure parfaitement adéquate pour aborder le sujet, le fondateur de Stark Industries se résolut à se lancer ce jour-là, alors que sa fille et lui étaient confortablement installés sur le sofa en lisant une histoire du soir. Alors qu'il entreprit de conter la dernière page du livre, Tony sentait l'heure tant redoutée approcher, masquant sa nervosité naissance en essayant de se plonger dans les lignes qui touchaient à leur fin. Malgré tous les scénarios qu'il eut envisagés, toutes les manières d'entamer la conversation qu'il eut imaginées, l'ingénieur appréhendait la réaction de sa fille — et si elle croyait que son père cherchait à « remplacer » sa maman ? Si elle se sentait trahie d'une façon ou d'une autre ?

— Et voilà, c'est la fin.

L'homme brun parvint au bout de l'histoire, refermant le livre tandis que la petite fille, toujours captivée, dut émerger de l'univers dans lequel le récit l'eut emporté.

— C'était une super histoire, commenta Morgan, regardant son père avec gaîté ; elle reflétait toute l'innocence, l'amour pur et inconditionnel qu'il voulait conserver, protéger en elle pour toujours. Pour une seconde vacillante, la détermination de Tony flancha, mais il devait la vérité à sa fille.

— Maguna, je dois te parler, dit-il, le sérieux de son ton transparaissant à travers toute la douceur qu'il voulut lui donner.

— Oui ? Morgan pencha légèrement la tête, essayant de comprendre l'expression de son père.

— Tu sais que j'aime maman, comme toi, plus que tout au monde, commença-t-il sincèrement, le coeur froissé par tous les souvenirs que cette simple évocation ravivait.

— Oui, bien sûr, répondit la petite fille, serrant la couverture dont elle était recouverte dans ses bras comme pour se réconforter, comme sentant que ce que Tony avait à dire était important.

— Rien ne pourra jamais remplacer tout ce qu'on a partagé tous les trois, poursuivit l'ingénieur, caressant doucement la joue de sa fille pour la rassurer. Chaque jour, j'aimerais qu'elle soit toujours avec nous. Mais..., il baissa brièvement les yeux, cherchant les mots les plus justes. Je crois qu'en ce moment je commence à ressentir de nouveau des choses semblables à celles que je ressentais avec elle, avoua-t-il, reposant le regard sur sa fille, qui l'écoutait attentivement. Bien sûr, comme je l'ai dit, ça ne changera jamais au fait qu'elle était le premier amour de ma vie, ta maman, et la femme la plus extraordinaire que j'aie jamais connue. Mais j'ai compris qu'on pouvait aimer plusieurs fois dans sa vie.

BREATHE OUT | stevetony [✓]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant