Chapitre 19 : Mise au point

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Point de vue d'Adèle

Je sors de la terrasse du restaurant et monte quatre à quatre les escaliers qui mènent au couloir de ma chambre, furax. Je n'ai pas dit un mot du repas. Jess et Hippo ont très bien compris ce qu'il se passait, et même s'ils m'ont affirmé que ce n'était que pour l'enquête et que je n'avais pas à m'en faire, je n'arrive pas à les croire. J'ai donné ma confiance à Thomas, et il m'a trahie. Il sait à quel point la mienne est dure à obtenir et pourtant, il se laisse sauter dessus à la moindre occasion ! Les hommes sont bien tous les mêmes. Lâchez Apollon dans l'arène, et il prendra un malin plaisir à faire chavirer le coeur de toutes les donzelles. Faut dire que vu le corps de Thomas et sa gueule d'ange, c'est plutôt difficile de résister. J'espérais juste que lui saurait mettre le olà. Mais je constate une nouvelle fois que je me suis royalement plantée. Amandine est sur mes talons. Elle non plus n'a pas prononcé un mot du déjeuner, se contentant simplement d'observer la scène, mais quelque chose me dit qu'elle a compris.

-Amandine : Adèle ? Thomas et toi, vous êtes plus que des collègues, non ? Je me trompe ?

-Moi : Non. Non, tu ne te trompes pas.

-Amandine : Tu sais, je comprends que ce que tu as vu tout à l'heure t'aie blessée. Mais je suis sûre que si Thomas a fait ça, c'est parce que c'est important pour l'enquête. Il t'aime, c'est certain ! Y a qu'à voir comme il te regarde !

-Moi : Merci, Amandine. Mais tu sais, entre nous, ça a toujours été très compliqué.

Nous arrivons face à la porte 217. D'un geste brusque, j'enfonce ma clé dans la serrure et donne un tour de poignet pour la déverrouiller ; mais celle-ci tourne dans le vide et la porte s'ouvre sans crier gare. Je me retrouve face à Thomas, assis sur le lit. Mon visage se crispe de rage. Je suis surprise de voir qu'il est déjà rentré, et aurait aimé qu'il soit encore à sa partie de jambes en l'air afin d'avoir un peu plus de temps pour digérer la nouvelle. Je crois que si je lui parle là maintenant, je fais un massacre. Alors que je m'apprête à ressortir immédiatement, Amandine croit bon d'ajouter.

-Amandine : Bon... je vais vous laisser. Je vais rejoindre Jess et Hippo.

-Moi : NON, attends ! Ne me laisse pas avec...

-Thomas : Si. Au contraire. Je crois que ce serait bien qu'on parle. Merci, Amandine.

Elle s'exécute et referme doucement la porte. C'est un complot, par pitié dites-moi que c'est un complot ! Je décide de rester muette et croise les bras sur ma poitrine tout en relevant la tête pour le regarder avec un air de défiance.

-Thomas : Adèle, quoi que tu aies pu voir sache que...

Mais c'est plus fort que moi. Je suis obligée de l'interrompre.

-Moi : Que quoi ? Que j'ai mal vu ? Que c'était une erreur ?

-Thomas : Non. Que c'était strictement professionnel.

-Moi : Ah ça je veux bien te croire, puisque j'imagine que c'est une pute ! Donc oui, effectivement, pour le coup, son boulot, elle l'a bien fait !

-Thomas : Arrête s'il te plaît. On est allés dans sa chambre, c'est vrai, mais on n'a rien fait.

-Moi : Mais bien sûr ! Tu avais pourtant l'air d'être bien pressé de partir tout à l'heure au restaurant !

-Thomas : Je te rappelle que tu es censée être ma femme, Adèle ! Donc oui, quand je t'ai vue arriver, j'ai été obligé de déguerpir sur le champ pour ne pas qu'elle trouve suspect que ça ne me pose pas de problèmes que je m'affiche devant toi avec une autre femme ! Oui, au début elle m'a pris pour un client mais une fois dans la chambre je lui ai tout expliqué et elle a arrêté. Elle ne sait pas que je suis flic ni que je suis ici sous une fausse identité, mais elle a compris que je savais ce qui se passait au casino. Donc je lui ai promis de l'aider, si en échange elle me filait des infos. Donnant, donnant.

Profilage : peur sur MarseilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant