Profilage : peur sur Marseille

Chapitre 21 : Les Démons de Minuit

/!\ Attention : scènes pouvant heurter la sensibilité du jeune public /!\

Point de vue d'Adèle :

Je regarde l'hôtesse d'accueil d'un air interloqué. Cette question posée par cette femme me semble tellement déplacée que je n'arrive pas à répondre. Mais franchement pour qui se prennent-ils ? J'ai l'impression d'être dans un restaurant dans lequel je viendrais manger un plat et partirais aussitôt ma dégustation terminée ! On parle de viols ici. Mais il est évident que pour eux, ce ne sont que des jeux. Nous venons à peine d'arriver et je fulmine déjà intérieurement. Heureusement, une caresse discrète de Thomas dans mon dos vient tempérer mon irruption volcanique. Dino, qui était resté silencieux jusque-là, nous salue avant de s'éclipser.

-Dino : Bien. Je vois que vous êtes en charmante compagnie. Je vous laisse en toute confiance entre les mains d'Hélène. Mesdames, messieurs.

L'homme se retire et la visite si je puis dire commence. Cette jeune femme, qui a l'air avenant, nous conduit tout d'abord vers une porte. Il n'y a rien d'inscrit dessus mais je sens que je ne vais pas apprécier ce qui nous attend à l'intérieur. Je n'ai pas le temps de débattre davantage que cette planche de bois qui préservait encore un tant soit peu mon semblant de naïveté s'ouvre. Le spectacle qui s'offre à nos yeux est rebutant. Je ne veux et peux pas croire ce que je vois. C'est encore pire que les scènes décrites dans les romans Maupassant ou de Dickens ! Ce n'est ni plus ni moins qu'une salle d'exposition. Là sont entassées une dizaine de jeunes filles âgées d'environ treize à dix-neuf ans. Elles portent des tenues plus que transparentes et les bandes de tissus posés sur leur corps cachent seulement leur intimité.

-Hélène : Bien, alors voici la salle réservée à nos filles. Elles peuvent accomplir tout ce que vous désirez, que vous soyez hommes ou femmes.

La dénommée Hélène ne nous laisse même pas le temps de réagir qu'elle nous pousse déjà vers la sortie. Elle me semble bien pressée !

-Hélène : Maintenant, continuons notre visite vers la salle réservée à nos garçons.

Nous retournons dans le couloir principal, où Hélène ouvre la seconde porte. C'en est trop ! Je ne peux plus la supporter, et cet endroit me donne des frissons. Je ne peux pas concevoir qu'on se retrouve dans une maison close sur le territoire Français. Je pensais que cette barbarie de l'esclavage était terminée, mais il semble que non. Visiblement, l'île Bourbon a encore des restes bien ancrés du temps de Madame Desbassyns (* : plus grande esclavagiste de l'île de La Réunion). Et je dois vraiment avouer que cette situation me rend mal-à-l'aise mais que faire ? Je ne peux pas me rétracter, ne serait ce que pour retrouver Prune. Et oui, Prune. Tout le monde l'avait oublié, n'est-ce pas ? Car en venant ici, nous avons avant tout fait une promesse à Amandine : retrouver sa petite soeur. Mais à la vitesse à laquelle nous avons visité la salle 1 et surtout la profusion de demoiselles, pas facile de la repérer. D'autant plus que j'ai l'impression que mes camarades l'ont un peu oubliée. Mais je me dois de le leur rappeler. Et puis, je ne pourrais pas supporter de vivre avec à l'esprit le souvenir de cette soirée et la conclusion que je n'ai rien fait. A présent, l'hôtesse nous présente la seconde salle, réservée aux - employons le terme exact - "escortes-boys". Fidèles à la charte de la maison, les jeunes hommes sont de la même tranche d'âge que les jeunes filles, et aussi peu vêtus qu'elles. En effet, ces messieurs sont torses nus et en jeans extrêmement moulants. Certains sont accoudés au comptoir et commencent à me lancer des regards aguicheurs. Je détourne le regard, exacerbée. Ils jouent une comédie qu'on leur impose, ça saute aux yeux ! Ca me rend dingue. Ils sont si jeunes... Une fois le tour du propriétaire terminé, nous arrivons au bout du couloir. Là deux portes massives se dressent devant nous. C'est intriguant comme situation. Qu'est-ce qui nous y attend ? Une salle des tortures ?!