Chapitre 24 : L'Ermite des Cormorans

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Point de vue d'Adèle

Allongée sur ma serviette de bain étendue sur un rocher, j'observe le petit groupe éparpillé de part et d'autre du bassin. Thomas est allongé à mes côtés. Amandine a positionné sa serviette en face de nous, tandis que Jess et Hippo ont choisi de s'éloigner un peu afin d'avoir un peu d'intimité. La baignade nous a fait le plus grand bien. Sous cette chaleur tropicale, ce petit rafraîchissement n'était pas désagréable ! Nous sommes désormais secs, et je crois qu'il est temps de pique-niquer, sans compter que mon estomac crie famine.

-Fred : Bien on va s'arrêter ici pour déjeuner. Mesdames, je vous laisse le soin d'étaler les couvertures !

-Moi : Pardon !?

-Fred : Eh bien on ne va pas manger sur l'herbe !

Je me lève d'un bond, révoltée. C'est décidé, je vais le tuer. Cet abruti est misogyne en plus ! Mais il a toutes les qualités, ma parole !

-Moi : Mon cher Fred, vous avez l'air d'être quelqu'un de très agréable et de très gentil alors je me doute que vous allez jouer les gentlemens et le faire vous même ! Vous nous avez prises pour vos domestiques ou quoi ? Je vous rappelle que le droit de vote a été accordé aux femmes en 1944 alors je crois que vous pourriez vous mettre à jour et cesser vos tirades machistes et stupides ! Messieurs, vous seriez donc aimables de nous aider également. Merci !

-Fred : Je ne ....

-Jessica : Non taisez-vous et obéissez ! Elle ne va pas se contenir longtemps c'est moi qui vous le dis ! Et moi non plus d'ailleurs si vous continuez ! Alors si vous ne voulez pas qu'un second Piton de la Fournaise entre en éruption, je vous conseille de coopérer.

Heureusement que Jess me soutient et me calme, et que l'on peut encore compter sur la solidarité féminine dans ces cas-là ! Je ne supporte pas ces hommes. Enfin, mon discours a l'air de faire son effet puisque tous les hommes mettent la main à la patte, tandis que nous, les femmes, n'avons plus rien à faire. Je regarde la scène d'un air satisfait. Tout en s'exécutant, Thomas et Hyppo me regardent d'un air interloqué. Je sais ce qu'ils pensent : que j'ai encore pris la mouche ! Mais ils ont raison ! Parce que c'est fou qu'en 2024 on en soit encore à de telles remarques ! A quoi ont donc servis tous ces combats, toutes ces luttes pour la cause féminine si des crétins de son acabit se sentent encore obligés de se comporter en macho ?! Moi, je suis à fond Simone de Beauvoir et Simone Veil, alors il a intérêt de s'accrocher le Frédo ! Malgré le froid que j'ai lancé, le repas se déroule dans la joie et la convivialité. Mais bon ce n'est pas tout, on a une randonnée à terminer. Une fois que tout est plié, nous reprenons la marche et amorçons une montée vers le second bassin : le Bassin des Malheurs. Situé à 2000 mètres d'altitudes, vous pensez que la température là haut n'est pas du tout la même que celle que nous avions auparavant. Le choc thermique est inévitable. Cependant, la vue est toujours extraordinaire.

-Fred : Alors comme vous pouvez le constater la température ici n'est pas très clémente, mais j'invite tout de même les courageux à plonger si vous le souhaitez.

Et puis quoi encore ?! Me baigner dans un bassin où l'eau est à 26° d'accord mais dans un où elle doit avoisiner les 13°, je dis NON ! Je ris simplement ironiquement à cette blague malsaine. Sur la digestion en plus c'est l'hydrocution assurée ! Mais bon, je ne vais tout de même pas lui faire l'offense de le lui faire remarquer. J'ose imaginer que cet homme a son brevet de secourisme... Personne n'ose se mettre à l'eau, ce que je trouve totalement normal, même s'il est toujours possible de trouver des kamikazes dans un groupe de personnes. Tandis que les plus téméraires -dont je fais partie- osent tout de même tremper un petit doigt afin de se faire une petite frayeur, Fred frappe dans ses mains.

Profilage : peur sur MarseilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant