Chapitre 36: Aveux, amour et retour

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Je ne pus m'empêcher de penser que Rivaille avait accoté sa tête sur mon épaule, lui aussi, somnolant. Je souris intérieurement, et retombai dans un paisible sommeil.

La première chose que je vis en me réveillant, ce fut le visage du caporal-chef, endormi, utilisant mon épaule en guise d'oreiller. Les yeux encore collés par le sommeil, je ne pus m'empêcher de l'observer un moment, un léger sourire aux lèvres. Ses cheveux noirs retombaient légèrement devant ses yeux clos, sa bouche s'étirait en un imperceptible sourire paisible... tout son être semblait plus détendu qu'il ne l'avait jamais été. Je ne pus m'empêcher de penser qu'il était magnifique. La dernière fois que je l'avais vu ainsi... c'était lors de son délire. Ce souvenir me plongea dans une douce nostalgie. Il avait tellement changé, depuis la première fois qu'on s'était rencontrés. Et contrairement à tout ce que j'essayais de me faire croire depuis quelques jours, je savais, dans les tréfonds de mon esprit, ce qui le mettait dans cet état.

[T/P] (en donnant un coup de coude au caporal-chef): Caporal... réveillez-vous.
Caporal-chef (endormi): ...
[T/P] (en donnant un coup plus fort): Rivaille...
Caporal-chef (endormi): ...
[T/P] (en criant): BON MATIN, RIVAILLE !
Caporal-chef (endormi): Hmn.
[T/P] (consternée): J'abandonne. Il rêve à quoi, coup donc, pour dormir aussi profondément ? Oh... Je sais. (puis, en criant, espérant le réveiller) Rivaille, je vais aller faire le ménage du QG !
Caporal-chef (endormi): ...
[T/P] (désespérée): ...Avec un aspirateur ?
Caporal-chef (se réveillant d'un coup): Hein ?
[T/P] (pouffant, moqueuse): Pff... Bien dormi, caporal ? Hahaha !
Caporal-chef (perdu): [T/P]... ? (puis, se rappelant la situation) Merde, il est quelle heure ?
[T/P] (en regardant sa montre): Euh... Dans ce monde ? 17h30...
Caporal-chef (lançant un regard accusateur à [T/P]): On était supposé aller voir Erwin à 16h pile avant d'interroger Rovoff...
[T/P] (croisant les bras): C'est toi qui as insisté pour que je dorme avant qu'on retourne au QG ! Je n'avais pas besoin de faire une sieste, moi !
Caporal-chef (croisant les bras à son tour): Mais pas aussi longtemps ! Et tu t'es endormie en moins de deux secondes, je te signale, espèce de merdeuse !
[T/P] (fulminant): Et bien toi aussi ! Et c'est de ta faute si on a perdu du temps: j'ai dû parler de ménage et d'aspirateurs pour réussir à te réveiller !
Caporal-chef (furibond): Tu veux que je te dise ?! T'es juste une grosse merdeuse !
[T/P] (serrant les poings): Et toi, un caporal-chef à la noix !

Le caporal me jeta alors un regard indéchiffrable. Mes yeux rencontrèrent les siens, et toute trace de haine disparut de mon visage en un instant. La forêt, la réunion d'Erwin, les titans, plus rien n'avait d'importance. Il n'y avait plus que cet arbre, Rivaille, moi, et cette forte tension entre nos deux êtres. Nous passâmes une longue minute à nous dévisager ainsi, dans un puissant silence. Sauf qu'au moment où je commençai à avancer imperceptiblement mon visage vers celui du caporal, comme attirée par un aimant, celui-ci prit la parole d'une voix hésitante. Il brisa alors l'aura de magie qui aurait bien pu me faire commettre une grosse bêtise. Un frisson d'effroi parcourut mon corps.

Caporal-chef (baissant finalement les yeux): [T/P]...
[T/P] (en se levant, chamboulée, mais faisant comme si rien ne s'était passé): Bon, il faudrait peut-être commencer à entreprendre notre route vers le QG !
Caporal-chef (en attrapant la main de [T/P], l'obligeant à se rasseoir): [T/P], écoute-moi, s'il-te-plaît... Je sais que je te l'ai déjà dit, mais—
[T/P] (continuant son manège): Woah, tu as vu l'écureuil dans l'arbre ? Oh, laisse tomber, ce n'était qu'une feuille, haha !
Caporal-chef (inspirant profondément): [T/P]. Je suis sérieux.
[T/P] (en regardant à contre-coeur le caporal-chef): Bon, je t'écoute. Quoi ?
Caporal-chef (commençant à rougir): Je sais que je ne suis pas toujours facile. Que je peux parfois te blesser sans m'en rendre compte. Mais... tch. Tu, tu comptes vraiment pour moi, tu comprends ? Je, je n'ai jamais ressenti autant de choses que quand je suis avec toi. J'ai l'impression que... tch... que je suis... tch... amoureux.
[T/P] (en faisant semblant de ne pas comprendre): Et... ?
Caporal-chef (en regardant [T/P] intensément): Et... je t'aime, [T/P].
[T/P] (son visage se fermant alors totalement, d'une voix à peine perceptible): Je sais.
Caporal-chef (comprenant enfin, baissant son regard): Sauf que je ne pense pas que... ce soit réciproque.
[T/P] (baissant les yeux): ...
Caporal-chef (reprenant un air froid et détaché, son visage se refermant): Désolé. Ce n'était pas mon intention de... tch. Oublie ça. Je n'ai rien dit.
[T/P] (en prenant la main du caporal-chef, se levant): Viens... Rentrons au QG. Je risque d'être en retard à l'école, sinon.

Le caporal regarda ma main dans la sienne sans comprendre. Pourtant, il renonça à saisir le sens de mon geste, et se leva à son tour. Ensemble, nous entreprîmes la route vers le bataillon d'exploration, Rivaille avec un air froid qui trahissait une certaine mélancolie que je ne lui connaissais pas, et moi en faisant un effort incommensurable pour ne pas laisser les larmes couler sur mes joues.

La vérité, c'était que moi aussi, je l'aimais. Oui, de tout mon coeur. Depuis... très longtemps. Mais je ne voulais, ne pouvais me l'avouer. J'avais peur de ce que deviendrait notre relation. De ce que signifiait le mot « aimer ». J'avais peur de toutes les conséquences qu'impliqueraient cet amour. De me faire briser le coeur. Je refusais pour me protéger. Oui, car j'avais encore de la difficulté à croire que quelqu'un qui me surnommait « merdeuse », ne souriait presque jamais, et était parfois des plus violents, pouvait éprouver des sentiments pour moi.

Je savais que le caporal n'avait jamais blagué: ce n'était pas son genre. Mais je préférais cette hypothèse à celle qu'il m'aimait réellement. Je savais que nous venions de briser tous les deux notre amitié. Que les choses ne redeviendraient jamais comme avant. Qu'il allait falloir que j'essaie de l'oublier. Mais je pense avoir fait la bonne chose. Notre relation n'aurait pas marché, de toute manière: nous étions beaucoup trop semblables, et beaucoup trop orgueilleux. Sauf que n'empêche... ça faisait tellement mal. Surtout sachant que je n'étais pas celle qui souffrait le plus de cette décision.

Le caporal marchait en pressant ma main contre la sienne de toutes ses forces, comme s'il essayait de profiter le plus possible de ce moment éphémère. Son visage qui arborait un air encore plus froid que d'habitude me faisait sentir tellement mal, car je savais que je venais de rajouter une blessure en lui, au-dessus de toutes les autres déjà présentes. Si seulement je l'avais vu pleurer, peut-être serais-je revenue sur ma décision. Mais même si je savais qu'il retenait tout ce qu'il ressentait à l'intérieur, sans ne laisser rien transparaître, je ne pouvais m'empêcher de me convaincre que son air glacial et impassible était la preuve que j'avais bien fait.

Puis, après un moment qui m'avait semblé durer une éternité, mais qui était pourtant beaucoup trop court à mon goût, nous atteignîmes la lisière de la forêt. Nous nous lâchâmes la main en même temps, sans un regard pour l'autre. Puis, le caporal partit à gauche, alors que je pris la droite. Je marchai d'un pas décidé, sans un mot, jusqu'à ma chambre du QG, actionnai le symbole et me jetai dans mon lit. Ce n'est qu'alors que j'autorisai des larmes amères à rouler sur mes joues rougies. Je restai ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que le soleil se lève. Il allait falloir que j'aille à l'école.

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Ro lo lo, cette petite [T/P] qui rejette tout en bloc, et ce deux fois de suite, et ce petit caporal qui accumule les mauvais moments pour faire ses déclarations... Ils vont bien ensemble, vous trouvez pas ? 🤡 Notre petit couple pourra-t-il un jour être heureux ? Ou leur relation est-elle sans espoir ? La suite, mercredi ! ♡︎ Luv youuu

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant