Chapitre 19: Panique, cape et douleur

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Mon ventre heurta violemment une branche d'arbre, où je m'aplatis de tout mon long. Je sentis alors la conscience... me quitter... tranquillement. La dernière chose... dont je me souviens, ce ne fut que cette... immense douleur... à la poitrine... cette immense... douleur.

...

Mes yeux s'entrouvrirent un court moment. Où étions-nous ? Quelle heure était-il ? Pourquoi mon ventre subissait une aussi grande douleur ? Toutes ces questions n'eurent même pas le temps d'effleurer mon esprit. Tout ce que je pus apercevoir avant de refermer les paupières, ce fut cette silhouette. Cette immense, immense silhouette. Tellement immense, qu'elle faisait trembler le sol. Allait-elle donc me faire tomber ? Je n'eus pas le temps de me poser la question. La conscience m'abandonna une nouvelle fois. Et me laissa dans ces abysses effrayants qu'étaient la noirceur.

...

Caporal-chef: Oe, merdeuse. Réveille-toi. Plus de 4h que tu es inconsciente, tch.
[T/P] (ouvrant un oeil): Hmm... ? Ouch.

J'étais encore sur le même arbre où un titan m'avait lamentablement envoyée valser un peu plus tôt. La seule différence était peut-être qu'il faisait jour. Ou que j'étais à présent assise, le dos appuyé sur le tronc. Mais je ressentais toujours cette même sensation d'élancement au niveau de la poitrine. J'essayai de bouger, mais la douleur s'amplifia. Ma tête tournait et j'avais envie de pleurer.

[T/P] (fermant les yeux et respirant difficilement): J'ai mal...
Caporal-chef: Tch. T'avais qu'à ne pas te foutre dans la merde. Maintenant, on est pogné ici pour un bon bout.
[T/P] (sur le bord de céder à une crise de panique): Je suis sérieuse, Rivaille...

Il me regarda, et un éclat de surprise furtif passa au travers de ses pupilles. Il devait se demander pourquoi je ne l'avais pas appelé « caporal-chef », comme j'ai l'habitude de faire. Ce n'était pas ma faute: la douleur était si grande qu'elle m'empêchait de réfléchir. J'avais de plus en plus de mal à respirer, comme si un poids énorme s'était écrasé sur ma poitrine. Est-ce que j'avais des côtes cassées ? Pourrions-nous regagner la formation du bataillon ? Qu'est-ce que ma mère penserait de moi si elle me voyait dans cet état ? Où étaient les titans ? Est-ce que j'allais pouvoir me relever ? Combien de temps s'était écoulé ? Avions-nous assez de gaz ? Il y avait trop de questions. J'allais exploser.

Caporal-chef (inquiet): Oe, calme-toi. Respire. Respire, merde !
[T/P] (pleurant et paniquant): C'est... plus... afu... facile... à dire... afu... qu'à faire... afu...
Caporal-chef (s'agenouillant et prenant [T/P] par les épaules): Tout va bien. Ok ? Tout va bien. On va s'en sortir. Tu vas guérir. On va regagner la formation. Tout va bien. Il n'y a pas de danger.
[T/P]: Afu... Tu... Ne... Peux... Afu... Rien... Faire... Afu... C'est... Afu... Panique... Crise... Afu... Panique... Sac... Papier... Afu...
Caporal-chef (commençant à paniquer à son tour): [T/P], merde ! Respire !
[T/P]: Afu... Sac... De... Afu... Papier...
Caporal-chef (fouillant dans son uniforme): Tch. J'en ai pas, merde. [T/P]. Inspire. Expire. Inspire ! Expire !
[T/P] (continuant à avoir du mal à respirer): Afu... A... Fu... Ta... Afu... Gueule...
Caporal-chef (enlevant sa cape du bataillon et la mettant sur [T/P]): Tch. J'essaie de t'aider, merde ! Calme-toi. J'ai pas de sac de papier. Mais j'ai ça. (il sort un mouchoir de sa poche) Je sais pas si ça marche.
[T/P] (commençant à se calmer après que Rivaille ait mit la cape sur elle et prenant le mouchoir): Mer... Afu... ci...

Je ne sais pas combien de temps je suis restée sous la cape du caporal-chef. Je faisais des crises de panique depuis l'année dernière, à cause de l'école et de l'anxiété, mais elles avaient arrêté de me prendre par surprise depuis quelques temps... Je croyais qu'elles avaient finalement disparu. Il fallait croire que je m'étais trompée... Toujours est-il qu'après un moment, quand je pus enfin retrouver une respiration normale, je n'enlevai pas tout de suite la cape. J'avais si honte... Le caporal m'avait vu perdre le contrôle. Il devait penser que je ne pourrai jamais être une véritable soldat digne de ce nom avec cet handicap. C'est soudain que je sentis une présence à mes côtés. Rivaille était-il assis là depuis le début ?

Caporal-chef: Oe, sors de là. C'est fini.
[T/P] (en serrant la cape contre elle): Non.
Caporal-chef (essayant de reprendre la cape): Ok, ça suffit, merdeuse. Sors.
[T/P]: NON ! J'ai honte, laisse-moi.
Caporal-chef: On n'a pas le temps de niaiser, merde ! Il faut retourner à la formation, car s'ils partent sans nous, on ne pourra jamais revenir seuls avec le gaz qu'il nous reste. En plus, avec ta blessure, impossible de faire une longue distance en équipement 3D. Tant pis pour Eren, Erwin ne va quand même pas laisser mourir tous les soldats dans cette expédition... Quoi que—

Il se tut après un moment, voyant que je ne l'écoutais pas. Il soupira de frustration, et donna un coup de poing sur le tronc de l'arbre.

Caporal-chef: Je refuse qu'on reste coincés dans ce trou à titans, merde.
[T/P] (toujours sous la cape): Et pourtant, on l'est.
Caporal-chef (frustré): Tch. Tu as retrouvé ta langue, merdeuse ?
[T/P]: Dis, pourquoi tu m'as laissé gagné le combat, à l'école ?
Caporal-chef (les yeux ronds): De quoi tu parles, encore ?
[T/P]: J'ai bien vu que tu avais fait exprès.

Même si je ne pouvais pas distinguer sa silhouette et son expression à cause de cette cape, je savais que le caporal était déconcerté par ma question. Moi-même, je n'avais aucune idée pourquoi je la posais maintenant, dans cette situation critique. Mais j'avais besoin de savoir. Car, là, toute ma confiance en moi venait de s'écrouler en un instant. Et cette histoire n'aidait en rien.

Caporal-chef: Ça ne regarde que moi, merdeuse.
[T/P] (fâchée): ...
Caporal-chef (après quelques minutes de silence): Tch. Je m'étais dit que... je te devais bien une victoire. Je veux dire... j'espérais que ça te donne confiance en tes capacités...
[T/P] (bouillonnant de colère): C'est vrai ? Tu es sérieux ?
Caporal-chef (regardant ailleurs): ...Non.
[T/P] (croisant les bras): Rivaille...
Caporal-chef (fâché aussi): Ok, merde. Tu veux vraiment savoir ? C'est à cause de cette putain de cheville. Elle me fait encore mal. Et notre combat au QG n'a rien arrangé. T'es contente ?
[T/P] (consternée): Ok, wow... Donc tu as vraiment « perdu » le combat. Et tu n'as rien dit pour ta cheville. Évidemment. C'est donc si dur que ça de passer au-dessus de ton orgueil ? De ta fierté ?
Caporal-chef: Tch. T'es pas mieux, tu te caches sous une cape depuis tantôt, merdeuse.
[T/P] (en enlevant la cape): C'est vrai, tu n'as pas tort... On peut dire que nous sommes tous les deux très orgueilleux, haha. Ouch, mes côtes !

Et c'est à ce moment qu'il se passa quelque chose d'incroyable. En regardant le visage du caporal, je crus discerner un faible sourire. Un infime retroussement des lèvres. Ça ne dura pas longtemps. Mais juste assez pour que je le remarque. Sauf qu'au moment où j'allais faire une remarque, un puissant grondement secoua le sol entier, et manqua de me faire tomber de l'arbre. En tournant la tête, j'aperçus une immense silhouette. La même que lorsque j'avais entrouvert mes yeux lors de mon malaise. Un titan. Je ne pouvais pas me tromper. Et il tenait un homme, un soldat entre ses nombreuses dents. Eren.

Nos deux mondes... [𝐑𝐢𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐗 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant