𝓢𝓮𝓬𝓻𝓮𝓽

88 13 2
                                    


Elena regarda son majordome avec inquiétude.

-" Êtes-vous tombez malade mon pauvre ?" Demanda-t-elle en se levant.

Après sa question un silence s'ensuivit on pouvait juste entendre le crépitement du bois dans la cheminée. La jeune femme remit à la hâte une mèche de ses cheveux bruns derrières son oreille et marcha d'un pas énervé vers la porte.

-" N'oubliez pas Elena, son anniversaire est dans 7 jours seulement!" Cria William depuis le siège où il n'avait pas bougé.

Elena se mit à courir dans le château sans vraiment savoir où aller. Ses pas l'amenèrent inconsciemment vers le bureau de son père, une porte où sa chère mère avait faite bannir lorsque six mois après sa disparition les autorités l'avaient déclaré mort. L'infime espoir que la famille entretenait s'était brisé à cet instant. Elena était petite mais se souvenait de tout. Faire le deuil d'une relation inexistante ou presque était très difficile. Dans chaque épreuve, chaque échec où chaque réussite personne n'était là mis à part son frère. Cependant l'aînée était Élena et elle se devait d'être là pour son cadet . Comment aurait réagi son père à l'annonce de cette « malédiction »? Était-il au courant? Que lui cachait-on d'autre ? Elena se saisit de l'épée d'une armure entreposée là et sectionna la chaîne,qui grâce à son ancienneté céda facilement . Celle-ci tomba au sol et la porte s'ouvrît dans un grincement aigüe, presque comme par enchantement. À l'intérieur, tout était intact. Chaque objet était à sa place initiale et rien n'avait bougé. Le grand bureau en chêne était toujours fièrement exposé au milieu de la pièce, le grand fauteuil lui aussi fait de bois et aux coussins en velours noirs était intact. Ce que la jeune femme trouvait étrange était le manque de poussière et d'odeur de renfermé, comme ci pendant ces quinze dernières années quelqu'un était venus ici tous les jours aérer et faire le ménage. Elle alla s'assoir sur le fauteuil en observant la pièce dans son entièreté: un cadre gigantesque était exposé au-dessus de la porte, juste en face du fauteuil. Cette peinture magnifiquement réalisée, représentait la famille Hattaway il y a quinze ans. Non pas la famille entière composée de tellement de personnes qu'il y était impossible de faire le compte exact. Il y avait juste les personnes qu'Élena avait toujours considérées comme sa véritable famille. Juste son père, sa mère, son frère et elle. Elle glissa son regard sur le reste de la pièce. Il y avait une vieille bibliothèque dans le coin et quelques tiroirs pour le rangement. Elena aux files des années s'était rendu compte qu'elle était seule, désespérément seule. Elle était entourée de domestiques, avait un château et l'argent qu'elle voulait mais personne ou du moins personne de réellement sincère n'était là pour elle. Tout n'était qu'intérêt ou pouvoir. Elle avait l'impression d'être née dans la mauvaise famille et pourtant combien de personnes rêveraient d'être à sa place. Mais il fallait toujours être apprêtée, sourire et avoir l'air heureuse. Elena ne pensait pas avoir une vie horrible mais juste une vie pleine de solitude bercée par quelques drames. Elle repensa aux paroles de William qui venait de lui annoncer ou plutôt de lui narrer l'histoire d'une malédiction. Apparemment, il y a 400 ans, son aïeule aurait créé ce blason pour faire croire qu'elle faisait partie de la famille royale, celle-ci était avide de pouvoir et perfide. Elle réussit à accéder au rôle de duchesse mais elle avait dû faire un contre partit avec un sorcier de la ville. Il lui donnerait ce qu'elle voulait en échange que chaque garçon de la famille se transformerait en ours le jour de leur dix-huitième anniversaire. Croyant que le sorcier était un charlatan la femme accepta en condamnant ainsi les hommes de la famille. Elena n'y croyait pas. Cela était impossible personne ne pouvait se transformer en ours ! Cela ne devait être que des contes pour les enfants... Ce que ne savait pas Elena, était qu'en réalité en plus d'exister cette malédiction cachait bien des secrets quant à la motivation de son aïeule pour accepter un tel sacrifice. Elena ne savait pas quoi faire... pourquoi lui racontait-on ça et maintenant ? Son frère allait mal et elle ne supporterait plus l'entendre gémir de douleur. Elle se massa les tempes et se redressa sur le siège en entendant du bruit à l'extérieur du bureau. Son corps se figea, son cœur accéléra et des perles de sueurs froides perlaient sur son front. La porte s'ouvrit sur la duchesse elle-même, lorsqu'elle aperçut sa fille son regard passa de sévère à inquiet. La duchesse n'était pas quelqu'un de méchant ou d'aigries. C'était seulement une femme qui voyait son salut arriver et qui avait vécu tout au long de sa vie des épreuves plus difficiles les unes que les autres. Elle s'avança en silence après avoir fermé la porte.

La malédiction des HattawayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant