Les liens d'amour 3 - Laisse-moi

2 - Sloane

Avoir les enfants devant moi, sans plus de prof pour me surveiller et m'évaluer, me fit un bien fou. J'avais enfin une classe pour moi seule ! J'avais les élèves de 3 ans. Tous adorables, il n'y avait pas à dire. Je leur souris et on fit de la peinture. Leurs petites bouilles qui exprimaient le contentement, me remplit de joie. J'aimais leur apprendre de nouvelles choses, les voir grandir et s'épanouir.

Ils me mirent de la peinture sur mon nouveau jean mais je m'en fichais. J'aidai la petite africaine, Sienna, à utiliser l'éponge à couleur. Je préférais éviter les accidents en enlevant les pinceaux. Ils avaient tous droit à toutes les formes d'éponges, en passant par l'étoile, la grenouille et une princesse. Ils avaient largement le choix.

Je passai entre leur banc, les aidai quand il fallait. C'était mon boulot. J'avais toujours voulu faire ce métier mais je n'avais pas eu l'opportunité de faire mes études avant. Mes parents avaient voulu que je reste à la maison et que je ne la quitte plus. J'avais heureusement réussi à les persuader de me laisser partir à New York. Ils avaient été réticents mais ils voulaient mon bonheur. Mes sœurs les avaient encouragés dans leur décision. Elles me comprenaient et je les avais remercié. Mais je crois surtout que ma soeur aînée était ravie que je parte. En quelque sorte, je lui faisais peur.

La cloche sonna et je fis sortir les enfants dehors. Leurs parents les attendaient à la grille, impatients. Certains étaient très pressés de rentrer, d'autres semblaient ennuyés tout simplement. Deux enfants de ma classe restaient cependant à la garderie. Je faisais souvent un tôt et un tard dans la semaine. Ça ne m'embêtait pas car, de toute façon, personne ne m'attendait à la maison.

Quand j'eus finis, je me mis en route vers ma maison un peu en retrait de la ville. Il y avait beaucoup de végétations par là. C'était bien mieux pour ma louve qui se sentait quelque fois enfermée. Je marchai jusqu'à la porte d'entrée et enlevai directement mes chaussures. 

Le silence que j'avais dans cette maison, me rassurait beaucoup. Je fermai la porte à clé et m'assurai que personne ne se trouvait dans le jardin. J'avais quelques voisins mais pas très sympathiques. La troisièmes maisons sur ma droite, était gigantesque et je pouvais apercevoir le jardin qu'il y avait. Il était très grand avec une piscine. Il semblait y avoir du monde, par contre. Un peu curieuse, je m'approchai un peu vers la haie pour jeter un coup d'œil. Je tendis l'oreille et j'aperçus toutes les voix. Ma louve s'agita et voulus sortir mais je la bridai. Ce n'était pas le moment.

Je retournai à l'intérieur et nettoyai mon pantalon pour enlever toute trace de couleur. Ça devrait normalement partir. Je le laissai tremper dans l'eau chaude et m'occupai du souper. J'ouvris le frigo pour constater qu'il n'y avait pas grand chose à part des plats de pâtes et de salades déjà fait. Au hasard, je pris la salade avec sa sauce vinaigrette que j'engloutis, regardant le journal à la télévision.

Puis je zappai les chaines. Quelques films pas trop terribles. Je pris un bain brûlant puis me couchai.

♦

A la sortie d'école, une maman m'interpella. J'étais encore nouvelle alors les parents aimaient me poser des tonnes de questions. Et puis, pour la petite fille, c'était son premier jour aujourd'hui. Je remarquai qu'il y avait beaucoup plus de papas et ils me regardaient en se parlant entre eux. Très étrange. Je fronçai des sourcils en remettant mes cheveux noirs derrière mes oreilles. Le vent les poussait sans cesse devant mes yeux. Je détestais ça.

- Éloïse s'est bien comportée ? me demanda-t-elle.

Je sentis qu'elle était une louve, comme sa fille. L'odeur qu'elles portaient toutes les deux me disaient quelque chose mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Quelle meute ?