Feärilm se réveilla en sursaut.
Il faillit chuter du rocher sur lequel il s'était assoupi, près de sa tente. L'aube commençait à peine d'arriver, transperçant les ténèbres de la nuit :
-« Par les joyaux de Formenos !, jura-t-il. »
Il se leva d'un bon.
Il eut ensuite la sensation de son corps, s'examina :
-« Par les chants des Ainurs !, jura-t-il à nouveau plus intensément en voyant son état. »
Comment en était-il arrivé là ?
Comment était-il arrivé ici ?
Progressivement, il se souvint. Une force l'en empêchait jusque là, une force le privait de sa mémoire, de ses souvenirs, de son identité. D'une manière ou d'une autre, elle avait été défaite.
Il se souvint.
Il était Feärilm.
Il se souvint du beau pays d'Aman, de la présence bienveillante des Valar. Il se souvint de la colère de son peuple envers Morgoth et du départ de celui-ci vers les terres du Beleriand. Il se souvint de la guerre, il se souvint des créatures du Seigneur des Ténèbres, des massacres qu'il causa, des morts qu'il infligea, des rois qu'il supprima. Il se souvint de la Guerre de la Grande Colère. Il se souvint des batailles infernales, de la violence du conflit, de la tentative de Morgoth de briser le siège de sa forteresse. Il se souvint de sa défaite. Il se souvint de la défaite de ses lieutenants.
Il se souvint de sa mission.
Il écarquilla les yeux, il eut comme une révélation, une réminiscence d'un souvenir d'une extrême importance perdue depuis bien trop longtemps dans les limbes de son esprit.
Il se précipita dans sa tente.
Il commença alors à retirer son armure. Il jurait encore et toujours. Elle était dans un tel état, elle n'avait pas été retirée depuis tellement de temps qu'elle commençait à coller à ses vêtements. L'odeur lui était insupportable :
-« Où est donc passé la grâce qui m'a jadis été accordée ?, jura-t-il. »
Il réussit à retirer son plastron. Il se souvint de sa couleur d'origine : un or profond et intense. Il n'était là que pâle, fade et souillé.
Il l'examina.
Avec de l'effort et du travail il devait pouvoir réussir à la remettre en état. Il constata ensuite que son carquois était toujours plein. Ses douze flèches en argent étaient toujours là :
-« Au moins, je me suis rappelé de les garder..., tenta-t-il de relativiser. »
Son arc était également là.
Il ensuite tira son épée. Les reflets argentés de la lame se montrèrent, dévoilant la beauté de l'arme :
-« Evidemment..., fit Feärilm sans grande surprise. »
Il revint enfin à son plastron.
Il examina sa partie interne, il y retrouva un interstice, comme une poche fermée cachée à l'intérieur de la pièce d'armure. Cette poche se trouvait pile en face de son cœur. Il se souvint qu'il avait trouvé l'idée pertinente et poétique sur le coup.
Il l'ouvrit, se rappelant comment faire. Elle y était après tout par sa conception. Elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps, il en tira un objet qu'il brandit.
Il s'agissait d'une petite gemme bleuté presque violette pas plus grosse que l'ongle d'un pouce. Il y émanait une lueur qui était bien trop forte pour être le reflet de l'aube, la lumière émanait de la pierre. Celle-ci était finement polie, d'une forme sphérique aussi parfaite qu'un orbe.
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Flèche d'Argent - l'Elfe Errant du Rhûn
Fanfic/!\ Disclaimer : ceci est la suite directe du "Gardien de Denescor". /!\ #### #### #### L'épée ne suffit pas toujours à défaire un ennemi. Les évènements qui secouèrent l'Angmar il y a 20 ans interrogent toujours les peuples de tous horizons. Les...