Flèche d'Argent - l'Elfe Errant du Rhûn

Chapitre 19 : L'Ombre Noire

Les Ténèbres les enveloppaient. 

Le bruit des marches grinçantes rythmait leur descente :

-« Faisons de la lumière pour voir où nous marchons, lança Miriel avec conviction. »

Elle saisit la lame de Flèche d'Argent et celle-ci s'illumina. Elle devint une lueur perçant les ombres, un phare :

-« Je passe devant, poursuivit-elle. »

Elle passa très proche de Flèche d'Argent, n'évitant aucun contact physique, avant de le dépasser et d'éclairer les marches avec son épée luisante :

-« Comment..., s'interrogea l'elfe. »

-« Tes armes ont une grande valeur, répondit avec amusement Miriel. Elles sont empruntes d'une lumière intérieure qui ne peut mourir. Essaie avec tes flèches, tu verras. »

L'elfe saisit une de ses flèches. 

Celle-ci était parfaite. La matière était finement forgée, finement taillée, l'arme était une œuvre d'art à elle seule. 

Flèche d'Argent commença à y percevoir un éclat. A peine eut-il le temps de s'en rendre compte qu'il devint lueur. Sa flèche émettait la même lumière que son épée. 

Il pu s'en servir pour suivre Miriel. 

A travers l'obscurité, ils représentaient deux pâles étincelles avançant sur un escalier de bois qui s'enfonçait toujours plus. Celui-ci craquait sous le poids des deux. Il était vieux et usé. 

Soudain, alors que Miriel posait un pied, le marcha céda. Un craquement se fit entendre suivit d'un cri. La fille, trop confiante dans son avancée, bascula en avant et fut projetée. Flèche d'Argent vit sa lueur disparaître en contrebas. 

Il jura avant de presser le pas, esquivant la marche manquante, pour aller voir ce qu'il était advenu de sa compagne. Il mit du temps avant d'apercevoir un promontoire en bois. Il s'agissait d'un court étage de bois faisant la transition entre l'escalier d'où il venait et celui descendant en face de lui. 

Sur ce dernier, Miriel se tenait, les mains derrière le dos, masquant la lumière de l'épée. Elle le regardait avec amusement :

-« J'ai trébuché, lança-t-elle d'un ton innocent. »

-« Fais attention, lâcha l'elfe. C'est pas le moment d'être imprudent... »

-« Imprudente ? Moi ?, s'exclama-t-elle avec amusement. C'est ironique que tu me dises ça. Contrairement à toi, je sais ce que je fais. Sois gentil et ne me prend pas pour une idiote... »

Elle fit alors volte-face tout en lançant un dernier regard provocateur à l'elfe avant de poursuivre la descente. L'elfe ne comprenait pas ce que cherchait à faire Miriel, ni ce qu'elle pensait vraiment. 

Mais son regard mauve l'hypnotisait. 

Il souffla finalement, las de ces attitudes, et reprit également le chemin. Après tout, face au Bunduzn, une créature telle qu'elle pouvait l'aider. 

Le Bunduzn était un maître de la persuasion et de l'intrigue. Miriel semblait en être tout autant. 

Plus prudent, ils finirent en fond de l'escalier sans autre incident et sans rencontrer d'autres promontoires. L'escalier avait pratiquement été fait d'une seule pièce. Un long, étroit et dangereux escalier qui n'en finissait pas de descendre en ligne droite. Le fond était fait de pierres entassées aléatoirement. La zone semblait ne pas être utilisée par les nains. 

A première vue seulement car, en y regardant de plus près, d'immenses colonnes remontaient, soutenant un plafond invisible. La zone était immense et s'étendait plus loin qu'il ne pouvait le distinguer.