Kal sifflotait un air guilleret. Il marchait à grandes enjambées, sa valise à roulettes semant un boucan d'enfer dans le couloir du lycée. Rien n'aurait pu entacher sa joie ce matin-là, ni les lycéens déjà blasés, ni la rentrée scolaire, pour lui synonyme de retrouvailles avec ses meilleurs amis.
Pour éviter de se perdre plus tard dans le labyrinthe des couloirs, il mémorisa le chemin qui menait à sa future demeure. Une fois à droite, deux fois à gauche, rien de bien sorcier. Les nombreux barreaux que possédait la double-porte bleue lui arrachèrent un sourire sarcastique. « La prison », hein ? Le surnom était bien choisi.
À côté des portes de l'Enfer lycéen, une fille adossée au mur jaune pâle attira son attention. Aussi grande que lui, maigre comme un clou et vêtue de noir de la tête aux pieds, elle ressemblait à un corbeau de mauvais augure. Elle n'avait même pas relevé la tête de son téléphone malgré le bruit infernal de son arrivée. Les lèvres de Kal dessinèrent un large sourire à la vue de son amie. Bien évidemment que Rose était la première arrivée.
— Bah alors, toi aussi t'avais hâte à la rentrée ? s'exclama-t-il d'un ton exagérément joyeux.
Son soupir exaspéré ne lui fit ni chaud ni froid, il avait l'habitude. Rose releva son visage d'une pâleur vampirique et planta ses yeux gris sombre dans les siens, océan. Ses longs cheveux noirs, raides et fins accentuaient ses traits délicats qui lui valaient son surnom de « poupée ». Kal adorait Rose pour une simple raison : elle ne portait jamais de couleurs, souriait peu et pourtant, elle possédait le prénom d'une teinte vive, enjouée, voire horripilante pour certains. Un terreau parfait pour l'asticoter.
— Mes parents m'ont déposée exceptionnellement pour cette fois, répondit-elle d'une voix neutre. Cela m'arrange bien. Tu l'as ?
— Évidemment que je l'ai, se vanta-t-il en tapotant la poche de son jean. En avant-première, comme promis ! Tu veux le voir ?
— Je préfère qu'on attende les autres. Lynn te tuerait si tu osais l'ouvrir sans elle.
— Ce que Lynn ignore...
— Et je ne veux pas entendre Lysiane te hurler ses idioties toute la matinée, alors on attend.
Kal grommela quelque chose qui ressemblait à « Rabat-joie ». Il n'eut cependant pas l'occasion d'insister : un nouveau fracas de roulettes annonça l'arrivée d'un autre élève. Une élève, dans le cas présent.
Quand on parlait du loup ! Lysiane courait avec peine à cause de sa grosse valise, les joues toutes rouges et gonflées, ses cheveux bruns en désordre total. Ses grands yeux marrons aux longs cils, écarquillés, reflétaient tout son désespoir.
— Ouhla chouquette ! l'accueillit Kal quand elle arriva à leur hauteur. T'as croisé une tornade sur le chemin ou tu viens de sortir du lit ?
La « chouquette » s'arrêta en face de lui et lâcha sa valise qui s'écrasa contre celle de Rose. D'une main, elle épousseta son sweat rose sur lequel dormait un panda trop mignon et de l'autre, fit un doigt d'honneur au petit malin. Le contraste n'aurait pas pu être plus grand. Le sourire de Kal non plus.
— Ferme... ta... gueule, haleta-t-elle. Merci.
— Bonjour ! Je vois que la rentrée n'a pas affecté ta politesse, ricana-t-il.
— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? demanda Rose sans paraître surprise.
— J'ai... raté... mon bus, inspira-t-elle chaque mot.
Le premier de l'année. Certains l'auraient pris pour un mauvais présage, mais pas Kal. C'est l'inverse qui aurait eu tendance à l'inquiéter. Quand Lysiane retrouva sa respiration, elle s'empressa de remettre sur pied sa valise. Ils s'engouffrèrent ensuite dans l'internat pour récupérer quelques papiers, leurs draps et surtout, les clés de leurs chambres respectives où ils purent enfin déposer leurs affaires.
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L'Âme de la Magie [T1]
ParanormalAutrefois, les Hommes maniaient la Magie et vénéraient les Dieux. Puis il y eut la Chute : selon la légende, le plus jeune des six Dieux commit une terrible erreur, et cette civilisation antique s'effondra. Les Aleith, leurs Dieux et leur Magie, tou...