L'Âme de la Magie [T1]

Chapitre 4 - Magiciens

Saya fixait ses mains avec hébétude. Après l'explosion des vitres, toute la classe avait été évacuée dans le couloir en attendant de nouvelles instructions.

Fort heureusement, l'explosion avait été concentrée vers l'extérieur. Plus de peur que de mal, donc.

Seule Linda n'avait pas eu de chance et avait récolté une coupure sur la main. On l'évacua vers l'infirmerie au milieu de ses hurlements stridents qui faillirent lui briser les tympans.

— Je ne comprends toujours pas comment ça a pu se passer, marmonna Saya, tremblante.

— On ne voit ça que dans les films, renchérit Lynn.

Elle eut l'air de vouloir ajouter autre chose, mais un froncement de sourcils de Rose l'en empêcha.

Le sentiment bouillonnant, la tension dans sa tête, la sensation de puissance au bout de ses doigts, tout ça, Saya l'avait ressenti quelques secondes avant l'explosion et depuis, elle allait à merveille. Entre ça, les mèches roses de Lynn et, si on la croyait, Lysiane qui parlait à Moustache... Tout ça devenait trop bizarre. Et elle avait beau se répéter que ça pouvait certainement s'expliquer, ils avaient tous lu trop de livres ou de films pour se rendre compte de ce qu'il se passait.

La théorie de Lynn, aussi farfelue soit-elle, devenait de plus en plus plausible. Ils devaient en parler à Diarmuid avant que les choses n'empirent. Quitte à passer pour des ados complètement barrés dans leur délire, autant le faire en petit comité.

— Bon, tant pis pour les explications ! conclut leur professeure d'anglais. Suivez-moi, on va chercher une autre salle où s'installer !

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Le mercredi, avant le début de leur deuxième cours avec Diarmuid, ils se rassemblèrent devant la porte de la salle, malheureusement fermée ce jour-ci. Une discussion houleuse avait lieu entre Lynn et Rose à propos des derniers événements.

— C'est de la magie, je te jure ! Tu veux que ce soit quoi d'autre ? s'énervait la première.

— Tout sauf tes idées ridicules, rétorqua Rose.

— De toute façon, on le saura très vite, les interrompit Aiden, regardez qui arrive.

Leur professeur tant attendu s'approcha d'eux, faisant naître un silence pesant dans le couloir. Tous l'observaient comme s'il allait soudainement lui pousser trois têtes. Saya ne savait pas quoi penser de son attitude sereine, qui pourtant hurlait qu'il savait.

Alors que Lynn ouvrait la bouche pour exiger des explications, Diarmuid l'interrompit :

— Nous parlerons à l'intérieur, leur promit-il. Installez-vous avant tout.

Et il leur ouvrit la porte. Saya s'arrêta net au bout de deux pas, stupéfaite. Aiden manqua de lui foncer dedans et ne s'arrêta que grâce à un réflexe miraculeux.

La salle de classe s'était métamorphosée en une semaine. De tous les bureaux et chaises présents la dernière fois, il n'en restait plus que trois, collés contre le mur de droite. De larges et épais tapis recouvraient le sol. Ils les invitaient à s'allonger et à faire la sieste par terre. Des coussins, des oreillers et des poufs de toutes les couleurs complétaient le décor surréaliste. Des étagères recouvraient le fond de la classe. Encore vides, elles accueilleraient sûrement des livres. En effet, des cartons attendaient d'être déballés, et l'un d'eux, ouvert, dévoilait son contenu : des livres et des livres ! Seul le bureau de Diarmuid, avec son fauteuil rembourré à roulettes et son ordinateur antique, trônait toujours au coin de la pièce. C'était la salle de classe la plus surprenante et la plus géniale que Saya ait jamais vue.