V. Aᴄᴄᴀʟᴍɪᴇ

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Assise à son bureau, Calypso attendait patiemment l'arrivée affluente de ses élèves dans sa classe. La jeune femme lisait un roman Moldus avec une passion débordante et une concentration imperturbable. Elle avait fini par se réadapter à la vie à Poudlard et avait lié une amitié avec des collègues qui étaient autrefois ses propres professeurs. Particulièrement avec monsieur Flitwick qui lui remérorait souvent ses exploits dans sa classe de sortilège. Même le professeur McGonagall était venue la consulter afin de l'aider à faire une démonstration sur les Animagi. Calypso n'avait plus besoin de cacher sa condition légale d'animagus et elle se transformait à chaque fois sous les yeux ébahis des élèves. D'ailleurs, la rumeur avait vite fait le tour de l'école et tous étaient un peu plus fasciné par Calypso Falco, la nouvelle professeur de lettres. Le soir, Lupin et elle s'amusaient de cette réputation soudaine et puérile lisant avec amusement les lettres qui s'accumulaient sur le pas de sa porte. Les vacances d'automnes étaient programmées pour deux semaines environs mais les élèves en accordaient peu d'importance : la plupart restait pour le banquet d'Halloween.



- Madame, vous faisiez quoi avant d'être professeur, avait demandé un jour l'un de ses élèves la sortant de sa torpeur.



Calypso était étonnée de ce soudain intérêt et cette curiosité mal placée. La jeune femme parcouru l'assemblée des yeux et trouva enfin son interlocuteur. Le garçon avait parlé sans lever la main, sans demander la parole. C'était un garçon de chez Serdaigle qui la toisait fixement attendant sa réponse. Calypso souffla lentement et sourit de gêne.



- C'est un peu indiscret mon garçon.


La professeur constata que le jeune homme n'était pas le seul à avoir une curiosité mal placée en voyant les yeux avides de réponses de ses élèves rivés sur elle. Calypso se pris appuis négligemment sur son bureau et scruta les enfants un à un. Elle baissa la tête vaincu.



- Je vois donc vous êtes tous une bande de petits curieux, c'est ça ? Enfin, vous êtes digne de votre maison.



La jeune femme s'avança d'un pas et sortit sa baguette de sa poche.



- Je peux juste vous dire que je ne voulais pas être professeur mais zoologiste comme Norbert Dragonneau.

- Pourquoi vous ne l'avez pas fait ?

- Quand je suis sortie de Poudlard, la guerre faisait rage dehors. Je ne pouvais pas rester stoïque et attendre la fin du monde. Vous-Savez-Qui étendait sa puissance et terrifiait la communauté magique. Alors, je suis partie au combat. Mais parfois, le destin décide de vous mettre des bâtons dans les roues.



Les jeunes gens la regardaient, des étoiles dans les yeux. Calypso Falco était une plus grande femme qu'il ne l'avait soupçonné. L'auditoire attendait patiemment, accroché à ses lèvres rosées, la suite de son histoire.



- Vous étiez dans quel maison ?

- Gryffondor mais le Choixpeau ne savait pas où me placer. Finis de bavarder, on travaille maintenant. Qui peut me parler des kappas dans la mythologie japonaise ?



Calypso se félicita elle-même. Elle venait de détourner la curiosité de ses élèves sur son cour qu'ils avaient oublié les autres questions qu'ils avaient à poser.



A la fin du cour, Calypso partit se prélasser dans la salle des professeurs où un calme salvateur régnait d'une main de fer. Elle se prépara un thé et un des sandwichs puis s'installa à la table, un livre à la main. La porte s'ouvrit et un soupir d'exaspération s'échappa de l'autre personne. Le fauteuil en face du sien grinça tandis que des yeux la fusillaient sur place.


- Tu te gaves encore ?

- Merci Remus mais j'ai une faim terrible. S'occuper d'enfants creuse l'appétit.

- Je vois.


Un ange passa. Puis deux. Calypso cornait les pages de son livre ne sachant que dire.


- On a des informations en ce qui concerne Sirius, demanda-t-elle soudainement.

- Non. Mais j'espère qu'ils vont le trouver.

- J'arrive pas à y croire, s'exclama Calypso. J'arrive pas à croire que tu es fini par te convaincre qu'il est coupable du meurtre de son meilleur ami. Je pense juste qu'il s'est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

- Toutes les preuves portent à croire que c'est lui qui a tué Peter et qui a aussi tué tout ces Moldus dans cette ruelle.

- J'ai l'impression qu'on verra jamais le bout de cette histoire.


Calypso se rongea nerveusement les ongles en repensant aux événements qui se sont produits douze ans auparavant. Elle ne voulait pas admettre que Sirius serait responsable de la mort de son meilleur ami et de sa femme. Un dénie ? De la folie ? Elle ne le savait pas mais elle s'en fichait. Elle était catégorique : Sirius était innocent malgré les preuves qui convergeaient vers l'opposition. Les deux amis se fixèrent, perdus dans une bulle de nostalgie.

Calypso se perdait dans le lac émeraude qui s'étendait dans les yeux de Remus. On y voyait du soucis et de la mélancolie. Une énorme bile noire obscurcissaient les prunelles du jeune homme. Il était à bout physiquement et psychologiquement mais il continuait de se battre contre sa lycanthropie. Malgré sa trentaine d'année entamait, il avait des cheveux qui commençaient à blanchir et des petites rides aux coins des yeux et sur son front. Il était épuisé et perdu dans sa solitude. Calypso attrapa sa main et la leva à hauteur des yeux. Elle voulait le rassurer mais elle ne pouvait pas promettre. Les promesses étaient devenues inutiles et vouées à être brisées.


- Tu n'es plus seul Remus. Je suis là maintenant.

- Je sais mais pour combien de temps ?


Calypso ne répondit pas à la dernière question et baissa la tête, honteuse. Sa mission était simple : protéger les élèves de Poudlard des détraqueurs et protéger Remus de lui-même. Au départ, elle savait qu'elle était ici en assistance du nouveau professeur des défenses pour la protection du château. Malgré son sourire réconfortant, la jeune femme cachait sa douleur dans les tréfonds de son cœur.

Calypso se leva d'un mouvement abrupte et se tourna vers son ami de toujours brisant au passage le silence pesant qui s'était installé en douce.


- C'est l'heure du dîner. On ne va pas louper le repas tout de même ?

- Non bien-sûr.


Les deux professeurs partirent, côte à côte, vers la Grande Salle où se déployait déjà sur les deux longues tables des mets délicieux aux odeurs alléchantes. L'allégresse des rires et des conversations résonnaient entre les murs dans une douce chanson ensorcelante.

𝐿𝑜𝑠𝑡 𝐵𝑒𝑡𝑤𝑒𝑒𝑛 𝑃𝑎𝑠𝑡 𝐴𝑛𝑑 𝑃𝑟𝑒𝑠𝑒𝑛𝑡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant