Chapitre 1 - RÉVEIL

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Une année. C'est un temps qui peut sembler long pour certains. Et pourtant, je peux vous assurer que c'est en réalité un instant très très court, surtout si vous venez de sortir du coma.

Environ 365 jours, c'est la durée pendant laquelle je suis restée endormie dans un lit d'hôpital. Je ne voyais rien et ne sentais rien. C'est assez perturbant, même si cela reste indescriptible. Finalement, je ne m'en rendais même pas compte.

Si vous allez voir sur internet, on vous dira que le coma est « une perte de connaissance non réversible par les stimulations, qui témoigne d'un dysfonctionnement cérébral sévère » blablabla... En bref, afin de se protéger, mon corps s'est enfermé dans une bulle. On peut se dire que tout ceci est affreux, voir triste. Cependant, une fois réveillée, personne ne s'imagine le cauchemar du après ça.

Je m'appelle Rebecca Moreau, mais tout le monde m'appelle Becca. Je vis aux États-Unis dans l'Indiana, et plus précisément à Indianapolis. J'ai 15 ans, enfin non désolé, 16 ans désormais et je suis une adolescente plutôt ordinaire. Par ordinaire, j'entends que je suis du genre à passer inaperçue dans les couloirs du lycée, je n'ai jamais été déléguée de classe, ni collée. Je suis plutôt studieuse sans pour autant être la première de la classe. Je n'ai jamais été la reine de la promo, je suis plutôt de taille moyenne et mes cheveux châtains ainsi que mes yeux bruns me rendent commune à pas mal de filles. Je ne ferai donc jamais partie du clan dans Gossip Girl ou encore des élèves de Poudlard. Enfin tout ça, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que j'apprenne avoir passé un an de ma vie dans un lit d'hôpital.

Lorsque je me suis « réveillée », je me suis sentie toute bizarre. J'ai commencé à ouvrir les yeux et mon regard est tombé sur un simple plafond blanc. Je n'étais pas dans ma chambre. J'ai ensuite regardé autour de moi et j'ai aperçu plusieurs machines. Les murs qui m'entouraient étaient vides avec simplement de la peinture blanche, et l'espace était seulement éclairé par une légère lumière blanche du jour. J'ai senti quelques odeurs de produits forts, comme les odeurs en pharmacie. Vous savez l'odeur qui vient nous piquer le nez. Je n'avais aucune idée d'où je me trouvais et mes souvenirs étaient flous. J'étais incapable de me rappeler ce que j'avais fait hier ou la semaine dernière. C'était comme si on m'avait pris une partie de moi et qu'on me l'avait retiré. Lorsque j'avais ensuite tourné la tête, j'avais aperçu un garçon. Il avait les cheveux bruns rasés très courts et était allongé sur un lit en train de lire. Ayant sûrement senti mon regard sur lui, il s'était rapproché de moi et avait crié :

— Élodie, va chercher le Docteur Rollins ! Rebecca s'est réveillée !

Je me suis alors demandé qui il était et surtout comment il connaissait mon nom. Je ne l'avais jamais vu.

— Rebecca, tout va bien. Le docteur arrive, ne t'inquiète pas.

Boum boum. boum boum. boum boum...

Cette phrase n'avait pas du tout eu l'effet voulu sur moi. Comment voulait-il que je ne m'inquiète pas ? Je ne savais pas où j'étais, mes parents n'étaient pas là et ce garçon qui m'était inconnu me parlait. Les bip, bip des machines incessants me stressaient encore plus.

— Est-ce qu'elle a parlé ?, avait demandé une femme en blouse blanche au garçon.

— Non, je pense qu'elle a peur.

En se présentant à moi, elle m'avait dit qu'elle était le docteur Rollins et que c'était elle qui s'occupait de moi depuis mon arrivée à l'hôpital. Je ne devais pas à avoir peur, selon elle. Elle m'avait ensuite posée quelques questions du style comment je me sentais et si j'arrivais à parler.

— Je me sens bizarre, lui avais-je répondu. Où est-ce que je suis et où sont mes parents ?

— Tu es à l'hôpital. Tu as eu un grave accident de voiture. Est-ce que tu t'en souviens ?

— Pas vraiment.

Un accident ? J'avais cherché dans mes souvenirs mais la dernière chose dont je me souvenais était d'avoir chanté avec ma mère dans la voiture. Ma mère ! Le visage de ma mère s'était présenté soudainement dans ma tête comme un coup de vent au visage.

— Ma mère va bien ? Est-ce qu'il lui est arrivé quelque chose ?

— Ta mère s'en est sortie, ne t'inquiètes pas. Qu'elle est la dernière chose dont tu te souviennes ?, m'avait-elle demandé tout en jetant un œil aux machines et à mes tubes collés un peu partout sur mon corps.

Je lui ai dit pas sûre de moi, que je me rappelais seulement le fait d'être dans la voiture avec ma mère. On devait probablement revenir de l'entrainement. Me répondant que tout cela était déjà un bon début, elle m'avait prévenu que me parents allaient bientôt arriver. J'étais très soulagée. Enfin, souhaitant que je me repose, le Docteur Rollins était ensuite partie et la fatigue m'avait emporté peu de temps après. 

****

Je viens de me réveiller (après avoir dormi normalement cette fois). Les lumières sont allumées et il commence à faire sombre dehors. Je suppose que j'ai dû dormir plusieurs heures. Quelle ironie !

— Becca !

Je tourne ma tête instinctivement en entendant cette voix. Ma mère. Elle s'approche de moi, les larmes aux yeux. Je ne m'étais même pas rendue compte que mes parents étaient là. Quel soulagement de les voir !

— Tu nous a tellement manqué !, me dit mon père. On a eu très peur, tu sais.

— Je suis contente de vous voir. Tout ça, ça m'effrayait un peu.

— Tu n'as plus à avoir peur, tout va bien maintenant que tu es réveillée, me dit maman.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ?

— Ta mère et toi, vous avez eu un accident en rentrant à la maison, dit mon père les larmes aux yeux. Une voiturée est arrivée droit sur vous. Ta mère a voulu esquiver la voiture mais...vous vous êtes retournées. Tu...as été projeté en dehors de la voiture ma chérie.

Oh alors ça c'est...je n'ai pas les mots.

— Et maman ?, demandé-je à mon père en regardant ma mère.

— Elle n'a rien eu de grave, seulement quelques côtes cassées et la tête légèrement ouverte.

Ma mère reste silencieuse en nous regardant à tour de rôle, avant de me serrer la main.

— Je suis tellement désolée, ma chérie. Cela n'aurait pas dû arriver, surtout à toi.

— Maman, ce n'est pas ta faute. Tu aurais pu mourir aussi, je te rappelle. Nous sommes vivantes toutes les deux et c'est tout ce qui compte.

Elle me prend dans ses bras et m'embrasse le front. 

Le dernier sauvetageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant