Le dernier sauvetage

Chapitre 2 - RETROUVAILLES

Je quitte l'étreinte de ma mère en entendant des coups à la porte de la chambre. Celle-ci s'ouvre sur le médecin.

— Désolé de vous interrompre. Alors Rebecca, lorsque tu te reposais, j'en ai profité pour observer tes constantes. Tout a l'air d'aller, il faut seulement faire quelques scanners et radios pour vérifier que tout va bien.

— Cela veut dire qu'elle est sortie d'affaire ?, demande mon père.

— Je ne veux pas me prononcer trop vite, mais je pense que votre fille est sur la bonne voie. Mais ce n'est pas tout. Étant donné que votre fille est restée un long moment dans le coma, plusieurs examens sont nécessaires.

— C'est-à-dire ?, ajoute ma mère.

— Pour commencer, il va falloir vérifier sa mémoire et faire en sorte qu'elle retrouve l'usage de son corps. Nous allons débuter par éliminer certains médicaments et faire un sevrage de la respiration artificielle. Rebecca doit reprendre une alimentation orale et devra faire de la rééducation.

Est-ce que je suis la seule à être perdu ? Je ne comprends rien. Tout est censé redevenir normal étant donné que je suis réveillée, non ?

Une minute ! Elle a dit que j'étais restée dans le coma un long moment...

— Excusez-moi, mais je suis là depuis combien de temps exactement ?

Mes parents se lancent un regard avant que le docteur Rollins me réponde.

— Environ un an, un peu près.

Un an ? Une année entière ? Mais comment est-ce possible ? Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir « dormi » toute une année ! Devinant mes questionnements, le médecin me retire de mes pensées.

— Après ton accident, ton corps s'est protégé en te mettant dans le coma. Ainsi, tu as perdu connaissance. Le coma peut être différent en fonction des personnes et du choc. C'est ton corps qui décide, si oui ou non, tu peux te réveiller. La durée peut être également différente selon les cas et ton propre corps a eu besoin de ce temps long pour se réparer en quelques sortes.

Eh bien. Je ne sais pas comment suis-je censée réagir. Je viens d'apprendre avoir perdu un an de ma vie, c'est...

— Quel jour sommes-nous au juste ?

— Nous sommes le jeudi 12 octobre 2022.

— Ce qui veut dire que j'ai 16 ans ?

— Effectivement !, s'exclame le Docteur Rollins, comme si je venais de faire une bonne remarque.

Je...tout ça est totalement hallucinant. Dans ma tête, j'ai toujours 15 ans et je ne peux pas être passée comme ça d'une année à une autre. J'ai l'impression d'avoir voyager dans le temps mais pas forcément en bien vous voyez ? J'ai une chance incroyable de m'en être sortie...seulement toutes ces informations font un peu beaucoup d'un coup.

— Est-ce que je peux rester seule un moment ?

— Oui bien sûr, je sais que ça fait beaucoup pour aujourd'hui. Essaye de te reposer. On se voit demain.

— Becca, parle nous.

Ma mère me regarde les larmes aux yeux et je sens l'inquiétude dans sa voix. Ma mère est tellement pleine de vie d'habitude, c'est rare de la voir ainsi. Je sais que mes parents ont eu peur de me perdre et je le comprends. Mais là, je me sens totalement vidée. Il faut que je digère tout ça.

— Je vais bien, je vous assure. J'ai juste besoin d'être un peu seule pour le moment. Ça fait...beaucoup d'informations.

Il est vrai que cette journée a été assez particulière. J'ai appris que j'avais failli mourir et que de ce fait, mon corps m'a plongé dans une bulle pendant un an. Je me suis retrouvée seule en me réveillant (enfin presque) sans me souvenir de cet accident. Tout ça, en une journée ! Et elle vient pourtant à peine de commencer !

— Tu veux que l'un de nous reste cette nuit ?

C'est gentil mais allez vous reposer. Vous aussi vous en avez besoin, dis-je avec un léger sourire.

C'est vrai qu'en les observant, je remarque qu'il y a quelque chose qui cloche. Ils ne se regardent plus de la même façon et ils ne se sont pas collés une seule fois depuis leur arrivée. J'ai dû leur causer beaucoup de mal et de stress mais ils devraient pouvoir être heureux désormais. Commençant à avoir mal à la tête, je décide de passer l'éponge. Ils doivent sûrement être épuisés d'avoir attendu aussi longtemps pour que je m'en sorte.

— On se voit demain alors.

Ma mère me regarde et je comprends que sa phrase veut dire « Reste là, ne pars pas ! ». Elle veut s'assurer que je serais encore là demain et consciente.

— Oui, on se voit demain.

Mon père et ma mère m'embrassent chacun leur tour, puis se mettent à partir.

— On t'aime Becca, me dit mon père.

— Je vous aime aussi.

Plus que tout.